Un an après le lancement phénoménal de ChatGPT, nous consacrons une série d'articles aux conséquences majeures de l’arrivée de l’intelligence artificielle générative dans plusieurs secteurs.

Il y a d’abord eu l’incrédulité, voire l’émerveillement. Nous avions face à nous une machine d’apparence omnisciente, capable de répondre à tout, dans notre langage. L’arrivée de ChatGPT, le 30 novembre 2022, a été un choc mondial. Mais ce ne fut que le début d’une chaîne de bouleversements que nous commençons à peine, treize mois plus tard, à appréhender. Très vite, après la fascination devant l’outil, un sentiment d’angoisse est apparu.

Angoisse face à l’accélération sidérante de l’histoire, d’abord. Qui peut sérieusement se targuer d’être à jour dans les développements fulgurants de l’intelligence artificielle générative? Sans doute personne. Clonages hyperréalistes de voix, création de vidéos à partir de quelques phrases, apparitions de doubles numériques… Chaque jour, chaque heure, des innovations délirantes sont mises sur le marché, brutalement et sans filtre.

Angoisse aussi face aux conséquences immédiates de ce déploiement massif d’outils si puissants. A notre petite échelle, d’abord: comment me les approprier? Que faire face à ces collègues qui semblent si bien maîtriser ces technologies et pourraient me rendre obsolète? A une échelle plus large, les menaces sont plus vertigineuses encore: risques énormes de désinformation, menaces pour la démocratie, concentration toujours plus importante de pouvoir entre les mains des empires de la technologie, questionnement légitime sur la place de l’humain face au numérique… Sans oublier la menace brandie par certains de l’avènement d’une domination du monde par les machines.

La tentation est forte, face à cette «techno-anxiété», de baisser les bras et de subir passivement la déferlante. Nous vous proposons, dans le cadre de cette opération spéciale – mais aussi durant toute l’année –, de faire l’inverse. De prendre le temps de comprendre les révolutions induites par l’intelligence artificielle, de déceler son potentiel immense – que ce soit dans la vie de tous les jours ou pour la médecine, par exemple –, et de vous armer d’outils pour saisir ce monde en plein bouleversement.

Nous pouvons – et devons – tous devenir des acteurs de l’intelligence artificielle. Nul besoin de savoir écrire des lignes de code pour cela. Il suffit de rester en alerte face à ces nouveautés, de les tester, de questionner leur utilité, leur sens et leurs implications sociétales. Il y a bien sûr des courants massifs qui portent ces nouvelles technologies. Mais il n’y a rien d’inéluctable. Nous pouvons tous interroger ces outils, nous les approprier mais aussi les remettre en question.

Bouleversés, comme tant d’autres secteurs, par la vague de l’intelligence artificielle, les médias ont un rôle majeur à jouer pour analyser ce phénomène. Le dossier que nous vous proposons ici poursuit ce but. Comptez sur nous, ces prochains mois, pour nous impliquer totalement dans ce dossier majeur et apporter, autant que possible, des réponses à vos questions.