Des dirigeants qui passent d’une société à l’autre en quelques minutes, des administrateurs qui s’écharpent, des centaines d’employés menaçant de démissionner… A première vue, le conflit majeur qui a éclaté au sein d’OpenAI semble bien loin de nous. C’est une impression trompeuse.

Soyons clairs: c’est une partie de notre avenir qui se joue actuellement à San Francisco, au travers d’une lutte intense entre deux camps.

D’un côté, il y a les partisans d’un développement toujours plus rapide de l’intelligence artificielle (IA), pour en tirer parti financièrement dans l’immédiat, évidemment, mais aussi pour le supposé bien de tous. Marc Andreessen, l’un des investisseurs les plus en vue dans la Silicon Valley, résumait récemment ainsi cette position. Selon lui, il n’existe aucun problème matériel qui ne puisse être résolu par la technologie. L’homme, fervent défenseur de Sam Altman, le directeur d’OpenAI licencié, est allé plus loin: «Tout ralentissement de l’IA coûtera des vies. Les décès qui auraient pu être évités par l’IA que l’on a empêché d’exister sont une forme de meurtre.»

En face, de plus en plus de voix s’élèvent pour freiner une technologie qui semble déjà hors de contrôle. La perspective d’une IA générale, capable de tout gérer par elle-même, semble se rapprocher rapidement. Et c’est sans doute pour accroître la sécurité des produits et freiner la course à la commercialisation des services que le conseil d’administration d’OpenAI a congédié Sam Altman.

Une poignée d’individus, scientifiques de renom, as du marketing, investisseurs exaltés, décident ainsi de l’avenir de l’IA. Et de notre futur. Les tentatives de régulation de cette technologie – lancées en Europe, aux Etats-Unis et au niveau mondial – semblent non seulement être aujourd’hui en retard, mais elles paraissent également n’avoir aucun impact sur les quelques dizaines de personnes qui façonnent l’IA de demain dans la Silicon Valley.

C’est ainsi dans un minuscule écosystème californien privé, au-dessus de lois de toute façon embryonnaires, loin de tout débat public, que le futur se joue. C’est vertigineux. Et cela doit nous rappeler à quel point l’Etat, les citoyens, nous tous devons nous impliquer dans l’avenir de ces technologies si puissantes.

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Intelligence artificielle: leurs décisions, c’est notre avenir

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20.11.2023

Des dirigeants qui passent d’une société à l’autre en quelques minutes, des administrateurs qui s’écharpent, des centaines d’employés menaçant de démissionner… A première vue, le conflit majeur qui a éclaté au sein d’OpenAI semble bien loin de nous. C’est une impression trompeuse.

Soyons clairs: c’est une partie de notre avenir qui se joue actuellement à San Francisco, au travers d’une lutte intense entre deux camps.

D’un côté, il y a les partisans d’un développement toujours plus rapide de l’intelligence artificielle (IA), pour en tirer parti financièrement dans........

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