Nous avons un problème majeur avec les cyberattaques: leurs conséquences sont souvent insaisissables. Elles se déroulent dans des univers virtuels faits de pixels, les données aboutissent sur un darknet opaque, nul ne sait qui les récupère…

Alors, très vite, on passe à autre chose. En se disant (ou en espérant) que ces vols de données et leur divulgation n’étaient pas si graves que cela. Et que de toute façon, une cyberattaque chasse l’autre en permanence.

Ce sont sans doute les ingrédients de ce mauvais cocktail qui aboutissent à l’apathie actuelle autour du piratage de données de la Confédération. On oublie vite ce qui s’est passé, alors rappelons-le ici: en juin 2023, ce sont des informations ultrasensibles, liées à Fedpol, à l’armée, à des polices cantonales ou encore aux douanes qui ont été dérobées au prestataire informatique bernois Xplain, puis mises en ligne. On parle donc de la sécurité et de la défense de la Suisse.

Huit mois plus tard, à quoi assiste-t-on? A un dédouanement complet de tous les acteurs. Xplain ne reconnaît aucune faute grave. La Confédération estime que les audits réalisés blanchissent son prestataire. Et Berne, soupçonné d’avoir confié de manière extraordinairement légère des données opérationnelles à Xplain, ne dit mot à ce sujet. La suite? Xplain pourra sans doute tranquillement continuer à travailler avec toutes ces entités de la Confédération.

L’idée n’est pas de s’acharner sur Xplain, mais de s’interroger sur les leçons apprises de cette débâcle. La Confédération surveille-t-elle vraiment mieux ses innombrables prestataires informatiques? Vu le récent piratage de Concevis, autre société informatique travaillant pour l’Etat, le doute est permis. La Confédération a-t-elle cessé de confier à ses fournisseurs externes des données opérationnelles si sensibles? Nous n’avons pas la réponse à ces questions. Et il ne faut guère compter sur les parlementaires fédéraux pour s’y intéresser.

Tout cela semble lointain et virtuel, nous l’avons dit. Mais toutes ces données ultrasensibles qui nous concernent et sont détenues par des hackers ou leurs clients sont une véritable bombe à retardement pour la Suisse. Il est temps d’agir sérieusement.

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La Suisse n'a rien appris des cyberattaques

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06.02.2024

Nous avons un problème majeur avec les cyberattaques: leurs conséquences sont souvent insaisissables. Elles se déroulent dans des univers virtuels faits de pixels, les données aboutissent sur un darknet opaque, nul ne sait qui les récupère…

Alors, très vite, on passe à autre chose. En se disant (ou en espérant) que ces vols de données et leur divulgation n’étaient pas si graves que cela. Et que de toute façon, une cyberattaque chasse l’autre en permanence.

Ce sont sans doute les ingrédients de ce mauvais cocktail qui aboutissent à l’apathie actuelle autour du........

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