Dans la gestion de fortune, les thématiques sont-elles éternelles?

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L’infrastructure regroupe des actifs publics et services essentiels au bon fonctionnement de la société et au bien-être de la population, tels que les transports, les équipements qui faciliteront la transition énergétique, les télécommunications ou encore les infrastructures sociales. Or, depuis la crise du Covid-19, les freins à l’endettement public sont nombreux, alors même que les collectivités ont toujours le devoir de financer de nouveaux équipements et de rénover l’existant.

Au cours des 20 dernières années, l’infrastructure a généré un taux de rentabilité interne (TRI) annuel moyen élevé de 9,6%; et à fin 2023, ces actifs sous gestion représentaient près de 1300 milliards de dollars, soit presque 10% des investissements totaux en actifs privés, laissant apparaître cette classe d’actifs comme mature. A l’échelle mondiale, les besoins en investissement devraient atteindre 94 000 milliards de dollars d’ici à 2040 et 3500 milliards supplémentaires seront nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies. La demande en investissement dans les infrastructures est donc colossale, notamment au regard des défis posés par les transitions énergétique et numérique.

Dans un contexte où les acteurs institutionnels et privés se positionnent de plus en plus sur le long terme, l’infrastructure, historiquement réservée aux institutionnels, s’ouvre graduellement à la clientèle privée grâce à des tickets d’entrée réduits. Rien d’étonnant donc à ce que ces investisseurs s’intéressent à cette classe d’actifs puisqu’elle est soutenue par des plans de relance américain et européen et présente de nombreux atouts: visibilité à très long terme des flux financiers grâce aux revenus contractuels signés avec l’exploitant de l’infrastructure, protection contre l’inflation grâce aux revenus contractuels indexés au taux annuel d’inflation et volatilité réduite par rapport aux actifs cotés. L’infrastructure permet en outre de financer l’économie réelle et la transition écologique via des actifs tangibles, uniques et très diversifiés, ce que recherchent de plus en plus d’investisseurs.

En Suisse, les caisses de pension octroient une place croissante à l’infrastructure dans leurs allocations. En effet, avec l’entrée en vigueur en octobre 2020 de la modification de l’ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (OPP 2), le Conseil fédéral a créé une nouvelle catégorie de placements: les «placements dans des infrastructures». Depuis, les institutions de prévoyance peuvent inclure jusqu’à 10% de ces investissements dans leur portefeuille et, selon une étude de Swisscanto, 1,4% de leurs avoirs étaient placés en infrastructures en 2022.

Si la Confédération ou les cantons détiennent encore la plupart des équipements de transport, d’autres équipements ont besoin du financement privé pour se développer. En effet, le pays a pris des engagements internationaux en faveur de la transition énergétique, dont la neutralité carbone à horizon 2050. Selon l’Office fédéral de l’énergie, des investissements à hauteur de 1400 milliards de francs seront réalisés jusqu’en 2050 pour la rénovation, la modernisation et le remplacement des infrastructures énergétiques existantes, des bâtiments, des installations, des appareils ou des véhicules; et l’objectif de zéro émission nette à 2050 fait augmenter ce besoin d’investissement de 8%.

Investir en infrastructure a ainsi un impact direct sur l’économie et contribue à développer et moderniser des équipements essentiels à l’amélioration de la qualité de vie. Toutefois, si cette classe d’actifs présente de nombreux avantages pour les investisseurs, les entreprises concernées et les économies en général, elle expose aux risques traditionnels du capital-investissement: perte en capital, horizon d’investissement à long terme et illiquidité. Une sélection rigoureuse des gérants et des fonds est donc nécessaire pour investir de manière avertie dans les infrastructures.

QOSHE - Infrastructures: Investir au futur - Aurélie Maillard
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Infrastructures: Investir au futur

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24.03.2024

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Au cours des 20 dernières années, l’infrastructure a généré un taux de rentabilité interne (TRI) annuel moyen élevé de 9,6%; et à fin 2023, ces actifs sous gestion représentaient près de 1300 milliards de dollars, soit presque 10% des investissements totaux en actifs privés, laissant apparaître cette classe........

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