C’est une petite musique de fond qui a rythmé l’année, de la grande tablée familiale à la machine à café. «On ne peut plus rien dire», «On n’arrive même plus à se parler», «Laisse tomber, c’est une wokiste», «Rien à lui dire, c’est un boomer», «Quel facho!», «Quelle islamo-gauchiasse!» En général, l’histoire se termine par: «Le degré d’agressivité était tel que je suis rentré.» Et c’est ainsi que chacun reprend son chemin si solidement pavé de certitudes.

Il est vrai qu’on est quand même bien chez soi. Dans notre zone de confort ouatée, nous parcourons nos lieux communs préférés. De la joie d’être soi à celle de l’entre-soi, il n’y a qu’un pas. Parfois, ce repos de l’esprit est nécessaire. Le risque est qu’il se transforme en paresse intellectuelle.

Pour ce dernier numéro de l’année, on a eu envie d’ouvrir la porte en grand et de se laisser ébouriffer par celles et ceux qui d’une part prônent le dialogue, d’autre part œuvrent concrètement pour le vivre-ensemble. Oui, le terme est galvaudé, mais il n’en existe pas de meilleur pour décrire ce dont ce monde si bruyant pourrait bénéficier: la cohabitation harmonieuse entre individus et communautés.

Ils et elles nous rappellent qu’à force de vouloir «dire» à tout prix sa vérité, on en aurait presque oublié que pour convaincre qui que ce soit, il nous faut commencer par écouter. Cela ne signifie certainement pas renoncer à ses idéaux. Non. Il s'agit plutôt de tenter d’établir des ponts pour nous encourager à voir ce que nous partageons plutôt que ce qui nous aliène. A confronter des points de vue, toujours situés, sans braquer ni se sentir insulté.

Pour cette année qui vient, on vous souhaite des oreilles sincères, des dialogues apaisés, des valeurs cardinales, de la nuance, et l’envie sans cesse renouvelée non pas de faire sécession, mais de faire société.

QOSHE - Il faut qu’on parle (mais surtout qu’on s’écoute) - Célia Héron
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Il faut qu’on parle (mais surtout qu’on s’écoute)

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31.12.2023

C’est une petite musique de fond qui a rythmé l’année, de la grande tablée familiale à la machine à café. «On ne peut plus rien dire», «On n’arrive même plus à se parler», «Laisse tomber, c’est une wokiste», «Rien à lui dire, c’est un boomer», «Quel facho!», «Quelle islamo-gauchiasse!» En général, l’histoire se termine par: «Le degré d’agressivité était tel que je suis rentré.» Et c’est ainsi que chacun reprend son chemin si solidement pavé........

© Le Temps


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