Dans un climat international devenu toxique, c’est une offensive de charme majeure. Et elle passe par la Suisse. En l’espace de 72 heures, Volodymyr Zelensky et plusieurs de ses ministres se rendent simultanément à Berne, Davos et Genève pour plaider leur cause. Il était temps pour Kiev de reprendre l’initiative face à une Russie qui a enregistré plusieurs succès diplomatiques ces derniers mois. Il était urgent surtout d’à nouveau faire entendre sa voix, étouffée par les conflits du Proche-Orient, alors que l’agression russe reprend de plus belle.

A l’heure où les alliés de Kiev s’interrogent sur la capacité de l’Ukraine de mener une contre-offensive et la nécessité de délier davantage leur bourse, c’est un peu la dernière chance pour reprendre la main. Cela passe par la communication, domaine que Volodymyr Zelensky a longtemps dominé. Ce n’est plus le cas. Cette séquence a débuté à Davos avec un plan de paix ukrainien, qui a d’abord laissé sceptiques jusqu’aux plus proches alliés de Kiev mais qui parvient désormais à rallier plus largement. Le fait que la Suisse en ait été coorganisatrice n’est pas anodin. Sa réputation d’acteur de paix légitime la démarche. Dimanche, Kiev a réitéré que des concessions territoriales restaient exclues, mais aussi démontré que l’initiative d’un dialogue était pour l’heure de son fait et non de celui de la Russie. Cela compte, y compris pour les pays du Sud.

Berne a ensuite offert à Volodymyr Zelensky un accueil hors norme avec la rencontre de représentants de tous les pouvoirs, gouvernement, parlement et partis. Un geste fort de la part d’un pays neutre qui démontre ainsi qu’il n’est pas indifférent. Dans le même temps, à Genève, plusieurs organisations internationales accueillaient la vice-première ministre Iryna Verechtchouk pour débattre de l’aide humanitaire, avec un passage par le CICR. Retour par Davos enfin, où le Forum économique mondial permettra au président ukrainien de multiplier les contacts. Avec l’espoir ténu mais réel d’un échange avec le premier ministre chinois aussi présent dans la station grisonne.

Certains, ici, ne manquent pas de déplorer cet activisme. A tort. La Suisse est dans son rôle traditionnel en favorisant les rencontres, le dialogue et la paix – y compris en passant par Davos. Si la Russie en est exclue pour l’heure, c’est uniquement parce que Moscou s’est mis en marge de la légalité internationale et qu’elle menace la sécurité de l’Europe, donc de la Suisse. Quand Vladimir Poutine reviendra à de meilleures intentions, Berne pourra à son tour lui faire bon accueil.

QOSHE - La Suisse relance la cause ukrainienne - Frédéric Koller
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La Suisse relance la cause ukrainienne

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15.01.2024

Dans un climat international devenu toxique, c’est une offensive de charme majeure. Et elle passe par la Suisse. En l’espace de 72 heures, Volodymyr Zelensky et plusieurs de ses ministres se rendent simultanément à Berne, Davos et Genève pour plaider leur cause. Il était temps pour Kiev de reprendre l’initiative face à une Russie qui a enregistré plusieurs succès diplomatiques ces derniers mois. Il était urgent surtout d’à nouveau faire entendre sa voix, étouffée par les conflits du Proche-Orient, alors que l’agression russe reprend de plus belle.

A l’heure où les alliés de Kiev s’interrogent sur la capacité de l’Ukraine de mener une........

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