Actions ou obligations? Etats-Unis ou Europe? L'année 2024 devrait être marquée par la normalisation des politiques monétaires occidentales. Quelles seront les perspectives d'investissement? Elements de réponse dans le dossier spécial que Le Temps et ses contributeurs invités consacrent à la thématique.

L’année dernière, à la même époque, l’inflation était la principale préoccupation des investisseurs. Un an plus tard, nous avons assisté au cycle d’augmentation de taux le plus rapide et le plus important de l’histoire moderne de la part des banques centrales américaine et européenne, afin de maîtriser la hausse des prix. L’inflation a récemment ralenti, mais elle reste une inquiétude pour les investisseurs à l’orée de 2024.

Les forces sous-jacentes de la «nouvelle normalité», avec l’augmentation des investissements dans la sécurité, la transition énergétique et la résilience de la chaîne d’approvisionnement, restent fermement en place. Avec la montée des tensions géopolitiques, l’accent a été remis sur les dépenses de défense, et la délocalisation de la fabrication est devenue une préoccupation encore plus importante. Avec le lancement de ChatGPT l’année dernière, l’intelligence artificielle (IA) est devenue un sujet brûlant. Nous pensons que l’IA pourrait devenir un puissant moteur économique, mais aussi déclencher des interventions réglementaires ainsi que des bouleversements majeurs dans de nombreux secteurs.

A l’horizon 2024, les incertitudes géopolitiques, macroéconomiques et monétaires sont toujours aussi vives. Nous nous attendons donc à ce que la volatilité des actions, qui reste étonnamment faible, augmente durant les prochains mois. Cette dernière offre également des opportunités, car une valorisation inadéquate des actions conduit à des prix d’entrée attractifs. Dans un environnement incertain, les entreprises de qualité présentant des bilans solides avec des taux d’endettement faibles, des perspectives de croissance et de flux de trésorerie attrayants, ainsi que les entreprises exposées à des secteurs qui bénéficieront d’un soutien fiscal et réglementaire, ont toutes les cartes en main pour continuer à créer de la valeur. En conséquence, cela pourrait se traduire par une plus grande dispersion de la valorisation des actions et ainsi mener à une rotation sectorielle.

Les multiples de valorisation du marché suisse ont baissé par rapport à l’année dernière et sont maintenant largement en ligne avec les moyennes des vingt dernières années. Bien que la prime de risque des actions suisses ait diminué en raison de la forte hausse des rendements obligataires, elle est également conforme aux moyennes historiques. Toutefois, compte tenu de l’incertitude croissante ainsi que de la faiblesse des perspectives économiques mondiales à court terme, les estimations des bénéfices du marché pourraient s’avérer trop optimistes, et ainsi biaiser une valorisation en apparence bon marché.

Compte tenu des nombreuses incertitudes d’ici au début de l’année, nous maintenons notre préférence pour les grandes capitalisations dans notre sélection 2024. Nous pensons que les sociétés les plus fortes se renforceront et que les plus faibles continueront de s’affaiblir. Les entreprises solides, à forte génération de liquidités, bien implantées sur les marchés mondiaux ou dans des niches et disposant d’un fort pouvoir de fixation des prix continueront à créer de la valeur pour les actionnaires. Il est important de préciser également que tous nos modèles de valorisation des sociétés incluent notre évaluation ESG (environnement, société et gouvernance).

La perspective d’une faible croissance économique, au moins au premier semestre 2024, nous incite ainsi à la prudence. De ce fait, nous pensons que des sociétés telles que Novartis, ABB, Holcim, Givaudan, Siegfried, PSP Swiss Property ou Flughafen Zurich ont un profil adéquat pour un tel scénario.

Cependant, nous voyons aussi une lueur d’espoir en deuxième partie d’année avec certains indicateurs tournant au vert et des carnets de commandes partant à nouveau à la hausse. C’est pourquoi nous avons également inclus quelques valeurs cycliques telles que Kühne Nagel ou Richemont ainsi que des valeurs financières telles que UBS ou Swiss Re dans notre sélection, car nous pensons qu’un tel renversement de tendance pourrait s’avérer un moteur de performance en 2024. Toutes ces sociétés, bien que plus cycliques, remplissent nos critères de qualité.

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Sur le marché suisse, miser sur les valeurs sûres

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18.12.2023

Actions ou obligations? Etats-Unis ou Europe? L'année 2024 devrait être marquée par la normalisation des politiques monétaires occidentales. Quelles seront les perspectives d'investissement? Elements de réponse dans le dossier spécial que Le Temps et ses contributeurs invités consacrent à la thématique.

L’année dernière, à la même époque, l’inflation était la principale préoccupation des investisseurs. Un an plus tard, nous avons assisté au cycle d’augmentation de taux le plus rapide et le plus important de l’histoire moderne de la part des banques centrales américaine et européenne, afin de maîtriser la hausse des prix. L’inflation a récemment ralenti, mais elle reste une inquiétude pour les investisseurs à l’orée de 2024.

Les forces sous-jacentes de la «nouvelle normalité», avec l’augmentation des investissements dans la sécurité, la transition énergétique et la résilience de la chaîne d’approvisionnement, restent fermement en place. Avec la montée des tensions géopolitiques, l’accent a été remis sur les dépenses de défense, et la délocalisation de la fabrication........

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