«Le Temps» publie à intervalles irréguliers sur son édition papier et en ligne une sélection des courriers que vous nous écrivez.

Et vous, qu'est-ce qui vous a récemment fait réagir?

Hyperlien@letemps.ch

Nous avons reçu une grande quantité de messages concernant une 13e rente pour les bénéficiaires de l’AVS et la hausse de l’âge de la retraite, indexé sur l’espérance de vie, deux objets soumis à votation le 3 mars. Petite sélection

Jean Schaer, Vevey (VD)

Les personnes à la retraite méritent bien une 13e rente AVS. Au-delà du fait que beaucoup d’entre elles ont de réelles difficultés financières et que les réserves de l’AVS peuvent très clairement assumer ce coût, c’est aussi une question d’équité. Toute sa vie professionnelle, un travailleur ou une travailleuse, dans l’immense majorité des cas, reçoit un 13e salaire (voire un 14e). Lorsqu’on s’intéresse à l’origine de l’apparition du 13e salaire, on constate qu’il a été introduit comme une gratification, une reconnaissance de la part de l’employeur pour le travail accompli durant l’année écoulée.

Pourtant, dès 65 ans cette gratification disparaît, malgré l’immense travail accompli gratuitement par les personnes à la retraite: garde d’enfants, proche aidant·e, engagement associatif, bénévolat de toutes sortes, etc. Au contraire de ce que l’on pourrait croire, une personne à la retraite rapporte beaucoup plus à la société qu’elle ne coûte. L’introduction de la 13e rente AVS serait donc une reconnaissance, une gratification pour leur engagement en faveur de la société civile. Voter «oui» le 3 mars prochain, serait une juste mesure d’équité.

Olivier Marmy, conseiller communal PLR, Lausanne (VD)

47 milliards de francs! C’est la fortune de l’AVS, il n’y a qu’à taper là-dedans, nous disent les initiants. En réalité ce montant impressionnant de prime abord ne couvre même pas – et c’est pourtant l’exigence légale – une année de rente. Pour être clair: fin 2022 l’AVS présentait déjà un découvert de 752 millions de francs. En d’autres termes il est abusif de parler d’une réserve, qui pourrait financer des prestations supplémentaires. En réalité le «trésor» de l’AVS est un fonds de roulement, ni plus ni moins.

Une 13e rente devrait donc être financée autrement, par les cotisations salariales, par la TVA et/ou par l’impôt. Donc de toute façon aux frais des actifs, des salariés, des jeunes, des familles. Renforcer les prestations complémentaires et faciliter les démarches pour les obtenir est sans aucun doute judicieux, plomber le pouvoir d’achat des jeunes générations est une absurdité choquante. Il faut dire NON à ce projet démagogique, mal pensé, et qui ne daigne même pas expliquer son financement.

Philippe Saegesser, Saint-Légier (VD)

Alors que l’inflation réduit toujours plus les rentes non indexées des retraités et que les charges pèsent de plus en plus lourd sur leurs comptes, le pouvoir en place persévère à les précariser un peu plus en dissuadant la population de voter oui à la treizième rente AVS. A chaque fois la méthode est la même: 1 faire peur, en menaçant qu’une telle décision pourrait menacer l’équilibre du 1er pilier et 2 créer la confusion, en introduisant dans la même votation deux initiatives sur le même thème de l’AVS.

Après les scandales des centaines de millions dilapidés pour des vaccins covid jetés à la poubelle, les augmentations indécentes des primes, et plus loin de nous, les vingt milliards disparus des radars du deuxième pilier entre 1985 à 2000, les consignes sont le signe d’un même constat: nos autorités n’ont plus droit au chapitre depuis qu’elles ont confié à des assurances privées la plus grande partie de la gestion de la santé et des retraites.

Il est temps de comprendre que le concept pudiquement appelé «partenariat public-privé» est un jeu de dupe et qu’il correspond, au final, dans ces deux domaines, à privatiser les bénéfices et à étatiser les déficits. Prétextant que les profits des entreprises privées participent à la prospérité suisse, l’alibi du partenariat entraîne dans les faits un gigantesque transfert de richesse et de pouvoir dont la population fait les frais. Aussi douloureuse que soit cette prise de conscience, nos autorités politiques, qui ont pourtant le mandat de défendre les intérêts du peuple, et la majorité des partis, sous l’influence de puissants lobbies, suivent maintenant les «consignes» de ceux qui tirent les ficelles et qui engrangent des profits indécents.

Voter oui à la treizième rente AVS ne résoudra sans doute pas tous les problèmes mais donnera un signal à nos politiques et contribuera à stabiliser (provisoirement) le revenu de nos aînés.

Une affiche du comité en faveur du Oui. — © Jean-Christophe Bott/KEYSTONE

David Droz, Genève

L’anecdote suivante fait et refait le tour du web. Un étudiant aurait demandé à la célèbre anthropologue américaine Margaret Mead, ce qu’elle pensait être le début de la civilisation humaine. Au lieu de poteries ou peintures, elle aurait fait allusion à un fémur de 15 000 ans dont on distingue des traces cicatrisées de fracture. Cela prend du temps pour qu’une fracture se referme, pendant lequel on ne peut plus chasser ou s’enfuir. Ainsi, tant pour la proie que pour le prédateur, la survie devient impossible. Mais cet humain antique a bel et bien survécu, signifiant qu’il y avait quelqu’un d’autre pour le protéger et le nourrir. La Dr. Mead proposait ainsi de définir le début de l’humanité comme le moment où une société aidait les plus faibles.

Bon, selon le Dr. Lasco (Sapiens.org, 16.06.22, lu le 30.01.24), il n’y a aucune preuve que la Dr. Mead ait dit ça ni que ce trait soit uniquement humain. Dommage. Nous pouvons néanmoins en tirer une observation intéressante: cette histoire a fait le tour du monde, partagée sur tous les réseaux. Est-ce par un besoin de belles histoires? Je pense que si celle-ci résonne autant en nous, c’est parce que nous reconnaissons l’entraide comme une vertu fondamentale de notre identité collective. C’est une capacité presque paradoxale à vouloir faire passer l’autre avant soi-même, sans gain direct ou apparent, qui semble avoir été présente à toutes ères et dans toutes cultures.

Il s’agit en réalité d’un pacte social. Les forts prendront soin des faibles, afin que tous soient libres et prospèrent ensemble. Si le faible devient fort, il prendra soin du fort devenu faible. Ceci nous vient des Lumières – et vous n’aurez pas manqué que le titre de cette chronique fait écho au magnum opus d’un célèbre philosophe né d’ailleurs à Genève. Ce penseur s’intéressait plutôt à politique, mais son propos est facilement universel lorsqu’il propose un contrat social d’une seule clause: «L’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté. » (J.J. Rousseau, Du Contrat Social, ch. VI). Il explique qu’un abandon total de soi envers tous, du moment qu’on reçoit aussi l’abandon de tous, garantit à chacun ses droits naturels, et sa liberté. Ces idées avaient fait l’effet d’une bombe sur une Europe qui allait ensuite abandonner les monarchies (la loi du plus fort) en faveur de la démocratie.

Pourquoi faire ressortir, aujourd’hui, Monsieur Rousseau et Madame Mead? Redescendons un peu sur terre: l’actualité politique de ces derniers jours est centrée sur deux initiatives AVS sur lesquelles nous nous apprêtons à voter. Dans un cas, on propose aux retraités, aux faibles, de consentir à moins d’aide. Dans l’autre cas, on propose aux contribuables actifs, aux forts, de consentir à plus d’efforts en faveur des faibles. Sans pouvoir ni vouloir dire si ces textes sont de bonnes ou mauvaises solutions, il faut reconnaître qu’ils soulèvent la question fondamentale du pacte social, celui qui voulait depuis des temps immémoriaux que les jeunes prennent soin de leurs aînés, car ceux-ci avaient auparavant pris soin d’eux dans leur enfance. Souhaitons-nous renégocier ce contrat, et si oui, dans quel sens? Au peuple souverain, et à ses délégués siégeant à Berne, d’en décider

Le Temps a très largement ouvert ses colonnes à des contributeurs extérieurs aux avis différents et bien tranchés. Lisez par exemple

Une affiche en faveur du Non. — © VALENTIN FLAURAUD / keystone-sda.ch

Autre sujet qui nous a valu un abondant courrier: la grève des enseignants genevois, chroniquée par la rédactrice en chef adjointe du Temps Laure Lugon. Sélection

La chronique en question: Les enseignants genevois à l’école des fainéants (05.02.2024)

Pierre Michel, Genève

Merci de dire tout haut ce que les gens normaux pensent malheureusement tout bas.
Surtout ne changez rien!

Grève des enseignants du cycle d'orientation (CO). Genève, 5 février 2024. — © SALVATORE DI NOLFI / keystone-sda.ch

Philippe Kern

Je tiens à féliciter Mme Laure Lugon pour ses prises de position courageuses. Il est en effet navrant de constater trop souvent un musellement dans les débats d’idées de toutes celles qui ne correspondent pas au goût du jour. Il est rassurant de voir que l’on peut encore de temps en temps appeler un chat, un chat.

Sophie Cornu, Genève (extraits d’une longue lettre)

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours su que je voulais devenir enseignante. Et c’est chose faite, depuis 17 ans. Pourquoi ce choix? Parce que c’est un métier magnifique, d’une richesse inouïe. Pouvoir s’approprier une, voire plusieurs, matières qui nous passionnent, pouvoir ensuite les transmettre à de nouvelles générations de façon à développer leur savoir, éveiller leur curiosité, favoriser leur progression, être témoin de leurs connaissances qui s’affinent. Voilà le gage d’un bon enseignant. Et il y en a, ici au C.O. de Genève. Beaucoup. Malgré tout ce que vous essayez de nous faire croire, nous enseignants ne sommes pas tous de sombres incompétents laxistes et minimalistes, qui attendons simplement notre paie à la fin du mois, et nos vacances toutes les six semaines pour nous tourner les pouces. De quel droit nous mettez-vous tous dans le même panier? Certes, il existe sans doute des enseignants qui gagneraient à être plus investis et plus professionnels. Mais n’est-ce pas le cas dans tous les corps de métier, dans le journalisme notamment?

Vous dites qu’avec HarmoS, il nous suffit d’utiliser les moyens d’enseignement (MER) qui nous ont été gracieusement alloués et que nul autre travail n’est désormais requis. Les avez-vous seulement ouverts, ces manuels? Avez-vous conscience que tous nos élèves ne sont pas en R3? […] Vous rendez-vous compte des enjeux d’intégrer tous les élèves allophones qui peuplent nos classes, et qui n’ont pas les mêmes bagages que les familles francophones plus privilégiées?

[…] Nous sommes face à une population d’élèves qui va mal et un système qui a atteint ses limites. Nous sommes massivement confrontés à des difficultés scolaires accrues, une capacité d’attention et de concentration en baisse, un absentéisme chronique chez les élèves, avec anxiété et stress qui explosent, des classes de plus en plus difficiles à gérer, un nombre d’élèves à besoins spécifiques en hausse (dyslexies, TDAH, etc.), des contextes familiaux complexes et de plus en plus déstructurés, un manque de perspectives professionnelles, et des téléphones portables partout.

Il est vrai que face à tout cela, nous n’avons qu’à ouvrir notre MER de géographie et tout ira bien. Il suffit de regarder les données démographiques et socio-économiques du canton. Genève n’est pas Montagny-la-Ville (FR) ou Perroy (VD). Les cahiers des charges diffèrent aussi, les avez-vous consultés? Les enseignants qui travaillent à Genève ont besoin que l’on reconnaisse cette différence, et cela passe notamment par le fait que nous enseignons moins d’heures qu’ailleurs. Nous avons besoin que notre travail soit valorisé, pas dénigré et vu comme un privilège mal placé.

N’oublions pas aussi que nous sommes le seul canton où un Master est exigé pour pouvoir enseigner aussi bien à l’ES I qu’à l’ES II – alors que dans les autres cantons un Bachelor suffit pour travailler au cycle –, ce qui nous permet d’être plus mobiles entre degrés d’enseignement, mais nous octroie aussi les mêmes conditions de travail partout. Ce n’est pas un privilège. Ayant étudié 9 ans à l’université sans lambiner (6 ans en Lettres puis 3 ans d’IUFE pour pouvoir enseigner deux branches), je pense être en droit de pouvoir revendiquer un salaire proportionnel à mes années d’études. Est-ce qu’on remet en cause les salaires des avocats qui travaillent pour l’État, ou des médecins aux HUG? Non. Alors de quel droit nous attaquez-vous si gratuitement?

[…] En outre, nos responsabilités ont explosé ces dernières années, nous obligeant à réfléchir à deux fois avant d’organiser une activité extrascolaire. Malgré cela, les voyages d’étude en 11e, nous les organisons. Tous les maîtres de classe. Toutes les années (sauf pandémie, ils ont dû être annulés). Les camps de ski en 10e, il y en a. Des classes vertes en 9e aussi […]

De manière plus globale, qu’en est-il du budget alloué ces dernières années à l’éducation? La population augmente, mais le budget diminue. Quelle logique. […] Je suis très inquiète. Regardons les conditions d’enseignement en France, en Allemagne, en Angleterre ou ailleurs. C’est la catastrophe. Des enfants qui effectuent des années scolaires entières passées sans enseignant ni remplaçant, faute d’avoir pu en recruter. C’est donc vers cela que l’on nous fait tendre? […]

IL (nom connu de la rédaction), Genève

La chronique de Madame Lugon Zugravu a provoqué une avalanche de messages entre les enseignants de toute la Suisse romande. L’éditorialiste a profondément blessé la majorité des pédagogues qui s’engagent corps et âme dans leur profession.

Il me semble important de rectifier quelques idées véhiculées dans son papier. Elle présente
HarmoS comme s’il s’agissait d’une application Plug & Play qu’il suffirait d’activer pour créer un cours et captiver un public de 12 à 16 ans. Elle cultive l’idée surannée qu’il suffit de demander à des élèves de cette tranche d’âge d’ouvrir un ouvrage à la page 243 pour que le cours se déroule efficacement. En 2024, pour mettre au travail nos adolescents souvent habitués à la dopamine il faut du sur-mesure, beaucoup de bienveillance, de créativité et de variété nécessitant de nombreuses heures de préparation. Quant aux deux périodes de cours que l’on veut ajouter à l’horaire hebdomadaire des enseignants des Cycles d’orientation1 genevois, il faut les expliquer sans le filtre moqueur de la chroniqueuse. Pour ces enseignants spécialistes d’une discipline, il ne s’agit pas de passer 90 minutes de plus avec des élèves qu’ils ont déjà. La grille horaire des élèves reste inchangée. On confiera aux enseignantes et enseignants une classe supplémentaire, soit un nouveau programme à adapter aux capacités d’un groupe de 18 à 25 élèves. Les enseignants impliqués, ceux que la chroniqueuse semble trouver trop rares, s’adaptent au rythme d’un nouveau groupe d’élèves pour suivre le programme, repèrent les signes de détresse des uns et des autres, évaluent, corrigent, imaginent des sanctions intelligentes pour offrir à ces jeunes en formation un cadre rassurant dans lequel ils puissent apprendre et se construire en comprenant les limites imposées par la vie en société. La charge mentale supplémentaire n’est pas négligeable.

[…] Si en Pays de Vaud le corps enseignant passe plus d’heures par semaine devant les élèves, peut-être faudrait-il se demander pour quelles raisons la HEP Vaud doit s’offrir des campagnes de publicité pour assurer la relève de son personnel enseignant? Et s’intéresser aux propos de M. Borloz, chef du département de la formation et de l’orientation professionnelle, qui après être descendu de son trône pour aller à la rencontre du terrain, s’est alarmé en mai dernier de l’épuisement du corps enseignant et a mis dans ses quatre axes de travail «un focus particulier sur les 9e-11e, le traitement des difficultés de comportement et le soutien aux professionnels». En Valais de même, le chef du Service cantonal de l’enseignement «face à la complexité croissante des situations dans la scolarité obligatoire prévoit de baisser ce temps d’une heure» pouvait-on lire dans vos lignes le 1er février […]

Philippe Meister, Corseaux (VD)

Comme le relève Monsieur Fantino, directeur de RouteSuisse (LT du 01.02.2024), notre réseau autoroutier, planifié dans les années 60, a atteint depuis longtemps ses limites de capacité, avec pour conséquence son lot de bouchons et un important report de trafic sur les routes secondaires. La population est partagée entre ceux qui préconisent de gros investissements pour des voies supplémentaires et ceux qui refusent d’entrer en matière. Ces derniers voudraient garder deux voies et les bouchons, en espérant provoquer un report sur les transports publics.

Sur l’arc alémanique, une alternative simple et efficace existe pourtant. Elle permettrait de gagner 10 ans, d’économiser des milliards et des hectares de terrain agricole: il suffirait de redistribuer la surface autoroutière actuelle sur 2x3 voies de 3,4 m de largeur, sans bande d’arrêt d’urgence continue (des espaces seraient aménagés chaque fois que le terrain le permettrait). Du fait des 3 voies sans BAU, une seule concession est nécessaire: passer au 100 km/h, comme sur Lausanne-Morges, lorsque la BAU est ouverte au trafic.

L’utilité actuelle de l’autoroute Lausanne-Genève n’est plus de pouvoir rouler à 120 km/h pour gagner 5 minutes, mais de pouvoir assurer des déplacements sans retards imprévisibles. Les aspects positifs des 2x3 voies sur l’espace existant sautent aux yeux: mise en œuvre très rapide (on gagne 10 ans et des milliards de francs); diminution drastique des bouchons; diminution du bruit; diminution de la consommation d’essence et de la pollution (très élevées pendant les bouchons).

Une remarque pour conclure: il serait possible d’envisager la même solution qu’entre Lausanne et Morges (roulage autorisé sur la BAU avec signalisation ad hoc), mais cette solution serait peu recommandable: la BAU n’a pas une largeur suffisante, les camions n’y sont pas à l’aise. En outre, permettre de franchir une ligne continue, même si des feux verts l’autorisent, reste une solution boiteuse, peu compréhensible pour les automobilistes de passage.

QOSHE - Vous nous avez écrit sur… la 13e rente AVS, les enseignants genevois, l’autoroute Genève-Lausanne… - Le Temps
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Vous nous avez écrit sur… la 13e rente AVS, les enseignants genevois, l’autoroute Genève-Lausanne…

26 0
20.02.2024

«Le Temps» publie à intervalles irréguliers sur son édition papier et en ligne une sélection des courriers que vous nous écrivez.

Et vous, qu'est-ce qui vous a récemment fait réagir?

Hyperlien@letemps.ch

Nous avons reçu une grande quantité de messages concernant une 13e rente pour les bénéficiaires de l’AVS et la hausse de l’âge de la retraite, indexé sur l’espérance de vie, deux objets soumis à votation le 3 mars. Petite sélection

Jean Schaer, Vevey (VD)

Les personnes à la retraite méritent bien une 13e rente AVS. Au-delà du fait que beaucoup d’entre elles ont de réelles difficultés financières et que les réserves de l’AVS peuvent très clairement assumer ce coût, c’est aussi une question d’équité. Toute sa vie professionnelle, un travailleur ou une travailleuse, dans l’immense majorité des cas, reçoit un 13e salaire (voire un 14e). Lorsqu’on s’intéresse à l’origine de l’apparition du 13e salaire, on constate qu’il a été introduit comme une gratification, une reconnaissance de la part de l’employeur pour le travail accompli durant l’année écoulée.

Pourtant, dès 65 ans cette gratification disparaît, malgré l’immense travail accompli gratuitement par les personnes à la retraite: garde d’enfants, proche aidant·e, engagement associatif, bénévolat de toutes sortes, etc. Au contraire de ce que l’on pourrait croire, une personne à la retraite rapporte beaucoup plus à la société qu’elle ne coûte. L’introduction de la 13e rente AVS serait donc une reconnaissance, une gratification pour leur engagement en faveur de la société civile. Voter «oui» le 3 mars prochain, serait une juste mesure d’équité.

Olivier Marmy, conseiller communal PLR, Lausanne (VD)

47 milliards de francs! C’est la fortune de l’AVS, il n’y a qu’à taper là-dedans, nous disent les initiants. En réalité ce montant impressionnant de prime abord ne couvre même pas – et c’est pourtant l’exigence légale – une année de rente. Pour être clair: fin 2022 l’AVS présentait déjà un découvert de 752 millions de francs. En d’autres termes il est abusif de parler d’une réserve, qui pourrait financer des prestations supplémentaires. En réalité le «trésor» de l’AVS est un fonds de roulement, ni plus ni moins.

Une 13e rente devrait donc être financée autrement, par les cotisations salariales, par la TVA et/ou par l’impôt. Donc de toute façon aux frais des actifs, des salariés, des jeunes, des familles. Renforcer les prestations complémentaires et faciliter les démarches pour les obtenir est sans aucun doute judicieux, plomber le pouvoir d’achat des jeunes générations est une absurdité choquante. Il faut dire NON à ce projet démagogique, mal pensé, et qui ne daigne même pas expliquer son financement.

Philippe Saegesser, Saint-Légier (VD)

Alors que l’inflation réduit toujours plus les rentes non indexées des retraités et que les charges pèsent de plus en plus lourd sur leurs comptes, le pouvoir en place persévère à les précariser un peu plus en dissuadant la population de voter oui à la treizième rente AVS. A chaque fois la méthode est la même: 1 faire peur, en menaçant qu’une telle décision pourrait menacer l’équilibre du 1er pilier et 2 créer la confusion, en introduisant dans la même votation deux initiatives sur le même thème de l’AVS.

Après les scandales des centaines de millions dilapidés pour des vaccins covid jetés à la poubelle, les augmentations indécentes des primes, et plus loin de nous, les vingt milliards disparus des radars du deuxième pilier entre 1985 à 2000, les consignes sont le signe d’un même constat: nos autorités n’ont plus droit au chapitre depuis qu’elles ont confié à des assurances privées la plus grande partie de la gestion de la santé et des retraites.

Il est temps de comprendre que le concept pudiquement appelé «partenariat public-privé» est un jeu de dupe et qu’il correspond, au final, dans ces deux domaines, à privatiser les bénéfices et à étatiser les déficits. Prétextant que les profits des entreprises privées participent à la prospérité suisse, l’alibi du partenariat entraîne dans les faits un gigantesque transfert de richesse et de pouvoir dont la population fait les frais. Aussi douloureuse que soit cette prise de conscience, nos autorités politiques, qui ont pourtant le mandat de défendre les intérêts du peuple, et la majorité des partis, sous l’influence de puissants lobbies, suivent maintenant les «consignes» de ceux qui tirent les ficelles et qui engrangent des profits indécents.

Voter oui à la treizième rente AVS ne résoudra sans doute pas tous les........

© Le Temps


Get it on Google Play