La directrice des éditions Labor et Fides à Genève décoiffe par un franc-parler chaleureux et inspirant. Pour parler du sens de Noël aujourd’hui, de la violence, de la polarisation de nos sociétés, de la beauté malgré tout, nous lui avons donné carte blanche pour une série d’articles et d’invités.

Marion Muller-Colard ne nous l’a pas dit tout de suite. Nous savions juste que l’ancienne bergerie où vit la directrice des éditions genevoises Labor et Fides était «perdue dans la forêt», au milieu des Vosges alsaciennes. A ce stade, nous étions déjà ravis de l’expédition qui nous attendait mais encore très naïfs.

Marion Muller-Colard, écrivaine, porteuse d’une réflexion décloisonnante sur le religieux, avait dit oui, en septembre, à la carte blanche que nous lui proposions pour le numéro de Noël d’Entre-Temps. A la façon d’une rédactrice en chef, elle s’engageait à proposer des sujets d’articles, des rencontres, des lectures, des reportages, comme autant de façons de partager son univers et ses inspirations.

Les e-mails ont rapidement crépité de propositions. Toutes n’ont pas été possibles, comme une rencontre qu’elle rêvait de faire avec Blanche Gardin, l’humoriste et scénariste de Problemos, dont elle aime le regard sur les mouvements néo- ou cryptoreligieux. Partie remise, on l’espère. Début novembre, Marion Muller-Colard est venue rencontrer l’équipe de journalistes dans les locaux du Temps. Elle nous a parlé avec chaleur de l’Association pour le patrimoine industriel à Genève, un lieu de préservation et de transmission des savoirs autour de machines reléguées par le numérique. Pour être francs, nous étions un peu dubitatifs avant d’y mettre le pied. Ce fut une révélation que cette ruche qui place l’humain au cœur de ses projets.

Et puis, nous voulions réaliser un grand entretien avec elle. Plutôt que de la rencontrer dans ses bureaux de la Vieille-Ville de Genève, l’idée était d’aller la trouver chez elle, le cœur battant de sa vie où elle ne retourne que les week-ends. Nous voici donc, mi-décembre, en route pour la forêt. La veille du voyage, un message de Marion Muller-Colard nous avait déniaisés: le chemin qui y mène n’est pas praticable en voiture, seul un 4X4 peut y rouler et encore, pas s’il y a de la neige. «La pente est raide. Il faut compter entre dix et vingt minutes à pied selon l’état de santé des marcheurs», précisait-elle. Même pas peur, nous disions-nous.

Arrivés là-bas, on a moins fait les fiers. L’à-pic était vraiment, on le jure, vertigineux. En haut, Marion Muller-Colard nous attendait avec un œil sur une tarte Tatin en train de cuire. Samuel Colard, son mari, musicien qui s’apprête à ouvrir un restaurant à La Colo, un éco-lieu tout proche, surveillait un agneau de sept heures. C’était déjà Noël.

QOSHE - Carte blanche à Marion Muller-Colard: le making of - Lisbeth Koutchoumoff Arman
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Carte blanche à Marion Muller-Colard: le making of

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23.12.2023

La directrice des éditions Labor et Fides à Genève décoiffe par un franc-parler chaleureux et inspirant. Pour parler du sens de Noël aujourd’hui, de la violence, de la polarisation de nos sociétés, de la beauté malgré tout, nous lui avons donné carte blanche pour une série d’articles et d’invités.

Marion Muller-Colard ne nous l’a pas dit tout de suite. Nous savions juste que l’ancienne bergerie où vit la directrice des éditions genevoises Labor et Fides était «perdue dans la forêt», au milieu des Vosges alsaciennes. A ce stade, nous étions déjà ravis de l’expédition qui nous attendait mais encore très naïfs.

Marion Muller-Colard, écrivaine, porteuse d’une réflexion........

© Le Temps


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