L’AVS est la grande vedette de l’agenda politique de ce début d’année. Alors que les partis et les lobbys fourbissent leurs arguments pour les deux initiatives populaires qui seront soumises au peuple le 3 mars, une proposition originale est mise en œuvre en toute discrétion: la retraite partielle. Avec l’entrée en vigueur de la réforme de stabilisation de l’AVS, la question devient légitime pour toutes les forces de travail du pays.

Le passage à la retraite reste un moment difficile pour de nombreuses personnes. Attendue ou redoutée, cette étape s’accompagne souvent de frustrations: elle intervient trop tôt, trop tard, ou pas comme on l’aurait souhaité. Entrent en compte des critères financiers, mais aussi physiques, psychiques, organisationnels. La possibilité d’anticiper ou de repousser de quelques années ce moment donne aux Suissesses et aux Suisses une certaine marge de manœuvre, que la rente partielle va augmenter substantiellement.

Exemple: à 63 ans, un salarié peut désormais choisir de continuer de travailler à 80% et de percevoir sa rente AVS à 20%, puis il peut décider, à 65 ans, de baisser plus drastiquement son activité lucrative et d’augmenter d’autant son pourcentage de rente, jusqu’à 70 ans au plus tard. Même si le Conseil fédéral analyse cette mesure comme «une possibilité d’améliorer sa rente, ce qui créera une incitation à travailler plus longtemps», on peut aussi y voir une opportunité sociétale, celle de passer très progressivement du statut de travailleur à celui de retraité. Au moment où les baby-boomers quittent en nombre le marché de l’emploi, les atouts de la rente partielle sont donc indéniables sur le papier. Mais qu’en sera-t-il dans la réalité?

Lors de la votation de septembre 2022, l’essentiel des débats avait porté sur l’harmonisation de l’âge légal de la retraite à 65 ans. Après une campagne fort animée, le projet avait passé de justesse, introduisant presque en catimini la retraite partielle. Aujourd’hui, il y a donc un gros déficit d’information à combler, pour que les principaux intéressés puissent s’approprier cette nouveauté. Mais les entreprises auront également un rôle fondamental à jouer: y verront-elles la chance de conserver des compétences et d’améliorer la transmission, ou plutôt la difficulté à scinder des postes et à garder du personnel peut-être moins polyvalent? Alors que la pénurie de main-d’œuvre s’accroît dans le pays, la réponse de l’économie à l’introduction de la retraite partielle sera déterminante.

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Et si vous deveniez retraité à mi-temps?

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08.01.2024

L’AVS est la grande vedette de l’agenda politique de ce début d’année. Alors que les partis et les lobbys fourbissent leurs arguments pour les deux initiatives populaires qui seront soumises au peuple le 3 mars, une proposition originale est mise en œuvre en toute discrétion: la retraite partielle. Avec l’entrée en vigueur de la réforme de stabilisation de l’AVS, la question devient légitime pour toutes les forces de travail du pays.

Le passage à la retraite reste un moment difficile pour de nombreuses personnes. Attendue ou redoutée, cette étape s’accompagne souvent de frustrations: elle intervient trop tôt, trop tard, ou pas comme on........

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