Emmanuel Macron est reçu les 15 et 16 novembre en Suisse. Retrouvez le programme, les enjeux et les grands moments de cette rencontre dans notre dossier spécial.

➤ Chaque semaine, notre correspondant permanent à Paris décrypte l’actualité française. Inscrivez-vous à sa newsletter «Résident de la République»

Une amitié si forte qu’elle tient du «cousinage». Les discours qui ont ponctué la tant attendue visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Suisse auront pleinement rempli leur mission de marquer le réchauffement des relations entre les deux pays. Les déclarations d’amour n’ont pas manqué et les relations peuvent redémarrer sous de bons auspices. Même pour ce qui est des négociations avec l’Union européenne, du point de vue français on veut que cela avance vite (sans dire dans quel sens).

Force est cependant de constater qu’au-delà des paroles les signes d’amour concrets et les avancées ont manqué. Pas d’annonces fracassantes, c’était prévu, une visite d’Etat n’est que rarement le moment d’en faire. Pas de visite de lieu typiquement suisse. La coloration du programme d’Emmanuel Macron était très tournée sur ses intérêts à lui. Rencontre avec la communauté des Français de Suisse mercredi et avec des investisseurs potentiels pour la France jeudi, à l’Université de Lausanne une belle tribune pour partager sa vision de l’Europe (ce qu’il a fait à la perfection), et une visite du CERN qui n’est au bout du compte pas vraiment une balade à l’étranger pour lui, comme l’institution n’est pas plus suisse que française. Au contraire même si on se fie aux pourcentages des financements du CERN, qui sont proportionnels au PIB. Et les deux pays sont hôtes du complexe qui se trouve sur territoire international.

Et mis à part la ministre des Affaires étrangères, la délégation française manquait de ministres de poids. Le Conseil fédéral espérait, il y a peu, la venue du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.

Autre exemple de ce qui pourrait être perçu comme un manque de considération pour la Suisse: lors de l’unique conférence de presse donnée mercredi à Berne, deux des quatre questions n’avaient rien à voir avec la Suisse et Emmanuel Macron a largement pris le temps d’y répondre en profondeur et de manière particulièrement engagée. D’habitude, quand il veut répondre à une question nationale lors d’un voyage international, Emmanuel Macron prend les pincettes de dire que ce n’est pas le lieu pour le faire… et le fait finalement quand même, brièvement. «On n’est pas vraiment à l’étranger», plaisantaient les journalistes de la délégation française. C’est que cette semaine le président français avait visiblement plusieurs messages à faire passer sur la scène française qu’il avait quittée pour une petite trentaine d’heures. A propos de sa position sur Israël et Gaza, à propos de son invitation aux partis snobée par l’opposition et aussi de la marche contre l’antisémitisme dont il était absent… Emmanuel Macron a mis les points sur les i des polémiques françaises du moment. A côté de lui, Alain Berset attendait que l’orage passe.

Tout cela peut paraître anecdotique en comparaison des beaux signes d’amitié qui ont été donnés dans les prises de parole. Mais cela laisse peut-être aussi transparaître un intérêt tout relatif pour la Suisse.

Retrouvez tous les éditoriaux du Temps.

QOSHE - Visite d’Emmanuel Macron: juste quelques mots d’amour - Paul Ackermann
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Visite d’Emmanuel Macron: juste quelques mots d’amour

12 0
16.11.2023

Emmanuel Macron est reçu les 15 et 16 novembre en Suisse. Retrouvez le programme, les enjeux et les grands moments de cette rencontre dans notre dossier spécial.

➤ Chaque semaine, notre correspondant permanent à Paris décrypte l’actualité française. Inscrivez-vous à sa newsletter «Résident de la République»

Une amitié si forte qu’elle tient du «cousinage». Les discours qui ont ponctué la tant attendue visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Suisse auront pleinement rempli leur mission de marquer le réchauffement des relations entre les deux pays. Les déclarations d’amour n’ont pas manqué et les relations peuvent redémarrer sous de bons auspices. Même pour ce qui est des négociations avec l’Union européenne, du point de vue français on veut que cela avance vite (sans dire dans quel sens).

Force est........

© Le Temps


Get it on Google Play