A l’aube des primaires républicaines, qui débutent le 15 janvier, celles et ceux qui croient encore dans les vertus de la démocratie outre-Atlantique sont paniqués. Plus on s’approche du 5 novembre, date de la présidentielle américaine, plus le risque de voir Donald Trump revenir pour quatre ans à la Maison-Blanche s’accroît.

La perspective paraît surréaliste. Elle est pourtant d’autant plus plausible qu’au sein de l’électorat américain, nombre de Noirs, Hispaniques et jeunes, votant jusqu’ici surtout démocrate, se disent prêts à jeter leur dévolu sur Donald Trump.

Or il faut écouter les discours de campagne du républicain pour prendre la mesure du caractère fasciste du personnage qui parle de ses adversaires et des immigrés comme de la «vermine». Déjà lors de sa présidence, de 2017 à 2021, il avait montré tout son mépris pour l’Etat de droit, faisant du Département de la justice un jouet qu’il souhaitait manipuler à sa guise. Son rôle d’incitateur dans l’assaut du Congrès en janvier 2021 n’est pas contesté.

Après tout ce qu’on connaît de Donald Trump, imaginer que des dizaines de millions d’Américains semblent prêts à le réélire a de quoi surprendre. Il a montré son incompétence crasse dans de nombreux dossiers de politique intérieure et étrangère. Comme le souligne l’éditorialiste du Washington Post Karen Tumulty, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. Dans une telle éventualité, l’expression chère au président Joe Biden, «ce n’est pas qui nous sommes», deviendrait mensongère. Les Etats-Unis devraient arrêter de se mentir, car ils auraient fait le choix de placer à leur tête un individu aux aspirations autoritaires qui n’a que faire de la démocratie. Un politicien qui a déjà causé des dégâts considérables à l’image et aux intérêts du pays. Il faut être clair: sa préoccupation, ce n’est pas le bien-être de la nation, ce sont ses propres intérêts.

Animé par un inquiétant esprit de vengeance, le milliardaire de Mar-a-Lago est encore beaucoup plus dangereux aujourd’hui. Il connaît les rouages du pouvoir et sait quels leviers utiliser pour arriver à ses fins, que ce soit la justice, l’administration – voire l’armée, qui a joué son rôle d’institution démocratique en 2021, mais dont la mission pourrait soudain changer sous l’impulsion de Trump.

Bien qu’affaibli par des sondages très défavorables, Joe Biden a eu raison de faire du risque d’effondrement de la démocratie états-unienne son principal thème de campagne. Il a la légitimité politique et historique pour le faire. Mais il est prétentieux de penser qu’il était le seul capable de mener le combat. L’incapacité des démocrates à proposer une alternative, plus jeune, pourrait se payer très cher. En cas de défaite, ce ne sont pas que les Etats-Unis qui seront perdants. Ce seront les démocraties du monde entier qui devront composer avec une Amérique possiblement fasciste.

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QOSHE - Le risque fasciste aux Etats-Unis - Stéphane Bussard
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Le risque fasciste aux Etats-Unis

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06.01.2024

A l’aube des primaires républicaines, qui débutent le 15 janvier, celles et ceux qui croient encore dans les vertus de la démocratie outre-Atlantique sont paniqués. Plus on s’approche du 5 novembre, date de la présidentielle américaine, plus le risque de voir Donald Trump revenir pour quatre ans à la Maison-Blanche s’accroît.

La perspective paraît surréaliste. Elle est pourtant d’autant plus plausible qu’au sein de l’électorat américain, nombre de Noirs, Hispaniques et jeunes, votant jusqu’ici surtout démocrate, se disent prêts à jeter leur dévolu sur Donald Trump.

Or il faut écouter les discours de campagne du républicain pour prendre la mesure du caractère fasciste du personnage qui parle de ses adversaires et des immigrés........

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