Les médias spéculaient sur son départ depuis longtemps. D’autres l’y poussaient. Loin de s’être effacé, on ne voit plus que lui: Alain Berset. Dans quinze jours, il dira adieu à vingt ans de politique fédérale, dont douze au gouvernement. Mais les médias n’arrivent toujours pas à s’en passer. Au point d’éclipser les malheureux candidats à sa succession. Visite d’Etat du président Emmanuel Macron, rapport bâclé des commissions de gestion parlementaires sur les fuites dans son département, révision de la loi sur les épidémies après la crise du Covid-19, il ne se passe pas une semaine sans que domine le nom du président de la Confédération, pourtant en fin de course. Jusqu’à la dernière minute, détesté ou estimé, considéré longtemps comme le conseiller fédéral bénéficiant de la plus grande influence, mais aussi comme celui qui aurait brisé la confiance au sein du collège, Alain Berset aura donc été l’incontournable sujet des commentaires.

Comment, lui qui fut qualifié de «véritable manager de crise» par le président du Centre, Gerhard Pfister, a-t-il pu traverser ces pics et ces abîmes d’éloges et de démolitions? Peut-être a-t-il fait sienne, avec un peu d’autodérision, la devise de cette montagne du journalisme people et hippique que fut Léon Zitrone: «Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi!» Le chroniqueur médias de la NZZ am Sonntag hésitait, dimanche dernier, sur ce qu’il convenait de penser du rapport des commissions de gestion sur les CoronaLeaks: «Berset s’en sort trop bien – ou trop mal.» Il est vrai que les fins limiers du parlement n’avaient découvert qu’une chose: le chef de la communication d’Alain Berset était en contact avec le patron du groupe de presse Ringier. Révélation stupéfiante! Mais qu’on ne s’y trompe pas. L’enquête et l’épisode humiliant de janvier, lors duquel le président de la Confédération a dû s’expliquer devant le collège gouvernemental et quitter la salle du Conseil fédéral, auront profondément blessé Alain Berset.