Tous les dimanches, notre chroniqueur s'intéresse à un moment particulier de la politique nationale. Retrouvez tous ses articles

Avril 1947, veille de Pâques. Cela fait deux ans que la guerre a pris fin et le monde veut espérer, croire que l’horreur est désormais derrière lui. Sauf le très catholique François Mauriac, qui, en cette Semaine sainte, repasse dans sa tête l’une des Pensées de Blaise Pascal associant la Passion du Christ et le drame de l’humanité: «Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.» L’effroi et l’angoisse. Un drame éternel qui n’appartient pas au passé, mais, ajoute l’auteur de Thérèse Desqueyroux, «qui ne finira qu’avec le monde et lorsque le dernier homme aura exhalé son dernier souffle».* A Gaza, en Ukraine, en Haïti, au Yémen ou au Soudan, et jusque dans les faubourgs de Moscou, l’agonie n’en finit pas. Comme en 1947, nous vivons toujours, par-delà les millénaires de civilisation, dans le même temps que celui décrit alors par Mauriac dans son Journal, le temps «des personnes déplacées, des sacrifices humains, des prisonniers devenus esclaves et de l’anthropophagie». Mais aussi le temps d’une trop longue somnolence.

QOSHE - L’agonie jusqu’à la fin du monde - Yves Petignat
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L’agonie jusqu’à la fin du monde

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31.03.2024

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Avril 1947, veille de Pâques. Cela fait deux ans que la guerre a pris fin et le monde veut espérer, croire que l’horreur est désormais derrière lui. Sauf le très........

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