Le glyphosate, cet herbicide contesté, a obtenu jeudi un sursis de dix ans. La Commission européenne semble bien avoir cédé au lobby de l’agroalimentaire et de la chimie. Le Roundup, sa déclinaison la plus courante produite par Bayer, restera donc légal.

Pourtant, ce produit est considéré comme probablement cancérigène par l’OMS. Mais pas par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Problème, cette dernière se base sur les rapports des industriels de la chimie. Et ceux-ci ont été pris la main dans le sac à écarter des études gênantes pour leurs petites affaires. Et tant pis si de plus en plus de pathologies – Parkinson et Alzheimer, ou encore les problèmes reproductifs, notamment – sont corrélées au glyphosate. Sans parler de l’impact désastreux sur la biodiversité. C’est que cet herbicide est un élément clé dans l’industrialisation de l’agriculture. Il participe d’un processus de concentration: les semences génétiquement modifiées résistantes au glyphosate font partie de cette chaîne et rendent les agriculteurs dépendant des grands semenciers affiliés au système.

> Lire aussi Le glyphosate encore autorisé pour 10 ans dans l’UE

Au-delà d’un respect élémentaire de la santé des Européen·nes – le glyphosate n’est par ailleurs pas interdit en Suisse –, c’est donc aussi un modèle économique qui est en jeu. Celui de la mainmise des grands groupes industriels sur le mode de production de notre alimentation. Cela explique sans doute ce feu vert de Bruxelles. Et le reniement – un de plus – d’Emmanuel Macron qui avait promis une sortie du glyphosate. Trop de gros sous sont en jeu. Et cela prime sur le principe de précaution.

QOSHE - Principe de non-précaution - Philippe Bach
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Principe de non-précaution

9 0
17.11.2023

Le glyphosate, cet herbicide contesté, a obtenu jeudi un sursis de dix ans. La Commission européenne semble bien avoir cédé au lobby de l’agroalimentaire et de la chimie. Le Roundup, sa déclinaison la plus courante produite par Bayer, restera donc légal.

Pourtant, ce produit est considéré comme probablement cancérigène par l’OMS. Mais pas par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Problème, cette........

© LeCourrier


Get it on Google Play