Nous avons un réseau vaste et diversifié de banques alimentaires au Québec. Il englobe des organisations locales, des partenariats communautaires, des cuisines collectives et des initiatives dirigées souvent par des bénévoles. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. À l’approche de la période des fêtes, je ne peux passer outre la situation précaire dans laquelle se trouvent des centaines de milliers d’individus et de familles québécoises et canadiennes.

Comme plusieurs d’entre vous, je suis à la fois outrée et impuissante devant cette situation qui s’amplifie d’une année à l’autre.

Qui aurait cru qu’au Canada, un pays moderne et riche membre du G7, on aurait un enjeu d’insécurité alimentaire aussi important?! C’est tout à fait inacceptable.

Dans son bilan 2023, Moisson Montréal relevait que, pour la première fois en 15 ans, les familles biparentales occupent la première place en termes de représentation auprès des banques alimentaires.

De plus, 54% des personnes ayant recours au dépannage alimentaire sont des familles ayant un emploi comme principale source de revenus. Depuis 2019, c’est une augmentation de 57%.

Sur l’île de Montréal seulement, on parle de 907 597 demandes d’aide alimentaire – presque 1 million! - qui ont été comblées pendant le mois de référence de l’étude. Il s’agit d’une hausse de 25,8% par rapport à 2019.

Heureusement, nous avons un réseau vaste et diversifié de banques alimentaires au Québec. Il englobe des organisations locales, des partenariats communautaires, des cuisines collectives et des initiatives dirigées souvent par des bénévoles.

Ces banques alimentaires collaborent avec des épiciers, des transformateurs alimentaires, des agriculteurs et plusieurs autres donateurs pour amasser des surplus alimentaires, ou des produits proches de leur date de péremption, et des fonds afin d’en assurer leur redistribution efficace.

En aparté, je veux rapporter ici un fait inusité. Paradoxalement, les dons en denrées diminuent – malgré la hausse importante de la demande – parce que nous idéalisons un monde sans gaspillage alimentaire. Le fait d’avoir des stratégies de développement durable et d’économie circulaire dans toute la chaîne alimentaire pour diminuer - voire éventuellement éliminer - le gaspillage a un impact direct sur le réseau des banques alimentaires.

La demande va souvent dépasser l’offre, et la durabilité à long terme nécessite une approche plus large pour s’attaquer aux racines profondes de l’insécurité alimentaire, telles que la pauvreté, l’accès à l’emploi et à l’éducation.

Je salue l’important travail de tous ceux et celles qui ont pris sur eux de combler des besoins dans cette lutte contre l’insécurité alimentaire.

Si on veut tenter de régler le problème, il faut s’attaquer aux vraies causes sous-jacentes avec les décideurs qui peuvent changer la donne.

Des stratégies intégrées, impliquant les gouvernements, les organisations communautaires et le secteur privé, sont maintenant nécessaires pour développer des solutions à moyen et long terme.

Cela doit inclure notamment la promotion de l’éducation nutritionnelle, le renforcement des filets de sécurité sociale et la création d’opportunités économiques durables. Il faut s’attaquer aux causes de la pauvreté!

Il faut comprendre que l’insécurité alimentaire a des répercussions significatives sur la santé des individus et des communautés et par conséquent, sur notre économie.

Les personnes touchées sont plus susceptibles de souffrir de carences nutritionnelles, d’obésité et de maladies chroniques.

Les enfants issus de familles confrontées à l’insécurité alimentaire sont particulièrement vulnérables, avec des risques accrus de retard de croissance, de problèmes cognitifs et de troubles du développement.

Pourquoi donc ne pas mettre notre énergie collective afin d’identifier des pistes de solution et mettre en place des actions concrètes?

J’ai tendance à penser que l’insécurité alimentaire au Québec est un défi complexe qui nécessite une attention continue et des efforts concertés de la part de la société dans son ensemble.

En travaillant ensemble, il sera possible de créer un avenir où chaque individu au Québec a un accès stable et adéquat à une alimentation saine et nutritive.

Sur ce, je souhaite à toutes et à tous un temps des fêtes qui sera à la hauteur de vos attentes… et soyez généreux en cette période de réjouissances!

QOSHE - L’insécurité alimentaire: un défi persistant - Sylvie Cloutier
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L’insécurité alimentaire: un défi persistant

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14.12.2023

Nous avons un réseau vaste et diversifié de banques alimentaires au Québec. Il englobe des organisations locales, des partenariats communautaires, des cuisines collectives et des initiatives dirigées souvent par des bénévoles. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. À l’approche de la période des fêtes, je ne peux passer outre la situation précaire dans laquelle se trouvent des centaines de milliers d’individus et de familles québécoises et canadiennes.

Comme plusieurs d’entre vous, je suis à la fois outrée et impuissante devant cette situation qui s’amplifie d’une année à l’autre.

Qui aurait cru qu’au Canada, un pays moderne et riche membre du G7, on aurait un enjeu d’insécurité alimentaire aussi important?! C’est tout à fait inacceptable.

Dans son bilan 2023, Moisson Montréal relevait que, pour la première fois en 15 ans, les familles biparentales occupent la première place en termes de représentation auprès des banques alimentaires.

De plus, 54% des personnes ayant recours au dépannage alimentaire sont des familles ayant un emploi comme principale source de revenus. Depuis 2019,........

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