J’ai mis longtemps à comprendre ce qui rend intrinsèquement incompatible la cohabitation entre le monde d’en haut et les classes populaires. Je ne parle pas ici de l’évidence, du fait que, dans ce modèle mondialisé, les classes populaires et moyennes n’ont plus leur place (trop nombreuses, trop coûteuses, trop souveraines, trop instruites) et que tout est (et sera) fait pour les mettre à l’écart. Non, je voudrais évoquer ici un point beaucoup plus important et sur lequel les classes dominantes n’ont strictement aucune prise. Cet élément est le point de rupture originel. Celui qui explique en profondeur le mouvement de contestation existentiel activé par la majorité ordinaire. En effet, dépossédés de ce qu’ils ont et de ce qu’ils sont, les gens ordinaires ont, contre toute attente, su préserver un bien unique dont est parfaitement dépourvu le monde d’en haut : la décence ­commune. La permanence au cœur de la société populaire de ce précieux capital social et culturel constitue le môle existentiel sur lequel bute le projet eschatologique du monde individualiste et sans limites que nous imposent les « élites ».

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Christophe Guilluy : "La morale qui élève la société populaire vient d’elle-même, c’est sa force"

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10.12.2023

J’ai mis longtemps à comprendre ce qui rend intrinsèquement incompatible la cohabitation entre le monde d’en haut et les classes populaires. Je ne parle pas ici de l’évidence, du fait que, dans ce modèle mondialisé, les classes populaires et moyennes n’ont plus leur place (trop........

© Marianne


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