Vendredi 12 janvier – 12 h 20

Mais qui est donc ce joueur que le directeur sportif du FCSM a dû aller chercher d’urgence à la gare TGV et dont il me dit que c’est « pour un essai » ? Rencontrer Julien Cordonnier pendant un « mercato » d’hiver, cela avait du sens au mois de janvier, et cela nous amène à assister à des scènes qui ne devraient appartenir qu’au club. C’est pourquoi je n’en dirai pas davantage, mais le lecteur se fera une idée du poste de ce grand gaillard s’il est attentif à ce qui va suivre.

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Julien Cordonnier me reçoit dans un petit bureau situé à l’entrée des vestiaires. Nous abordons immédiatement ce mercato. Son principe favorise-t-il les gros clubs au détriment des moins fortunés ? À l’évidence, me répond-il, donnant l’exemple de l’Olympique lyonnais, en difficulté lors de cette première partie de saison et qui transforme son équipe pour éviter la catastrophe que pourrait signifier une relégation en Ligue 2. « À Sochaux, nous pratiquons juste de l’ajustement », ajoute-t-il. Et si les instances du football limitaient à deux joueurs le nombre des mutations lors de ce « mercato d’hiver » ? C’est une proposition que je fais modestement, tout en sachant que, si elle était suivie d’effet, la Cour de Justice de l’Union Européenne viendrait certainement la censurer, au nom de la concurrence peu libre et complètement faussée qui lui est chère.

Le mercato de Sochaux, c’est d’abord un grand coup : la signature du Terrifortain (habitant du Territoire de Belfort) Dimitri Liénard qui a passé la quasi-totalité de sa carrière professionnelle du côté de Strasbourg. « Dimitri peut jouer à tous les postes du milieu de terrain et peut même dépanner au poste d’arrière-gauche. Mais il va apporter surtout son expérience à un groupe jeune. L’expérience de montées à l’échelon supérieur, de surcroît. » Julien Cordonnier, comme Jean-Claude Plessis quelques jours plus tard sur l’antenne de France Bleu Belfort-Montbéliard, ne se cache plus. Pourquoi se satisfaire de recruter un joueur ayant l’expérience de montée si on n’en fait pas, in fine, un objectif dès cette année ? Dans le sens des départs, le défenseur Christ Makosso devrait partir, et donc un autre défenseur arriver (c’est là qu’il faut être attentif).

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Évidemment, comme à Axel Daho et Oswald Tanchot, je demande à Julien Cordonnier comment il a vécu l’été sochalien. Il est après tout le survivant de l’ancienne équipe. Il répond qu’il a eu des propositions pour rebondir ailleurs, mais qu’il ne se sentait pas de le faire compte tenu de la mobilisation des gens d’ici. Il s’est dit qu’il fallait aller au bout et voir comment ça se passerait. Il a bien fait, et il a drôlement bien bossé, construisant un effectif intégralement et dans un délai record.

Cela n’aurait évidemment pas pu se faire aussi facilement sans une entente parfaite avec Oswald Tanchot, l’entraîneur qu’il avait choisi, qu’il voulait déjà engager quand il était directeur sportif du côté de Châteauroux. « Oswald, ce n’était pas un nom clinquant, mais c’était un projet de jeu. » Pour le projet de jeu, les pauvres Lorientais, éliminés par Sochaux en 32e de finale, peuvent en témoigner. Mais à force, qui sait si le nom ne deviendra pas clinquant ?

Et le rôle du directeur sportif, quel est-il, plus globalement que la responsabilité du recrutement ? Julien Cordonnier a une réponse empruntée au droit constitutionnel : « Le président préside, l’entraîneur entraîne. » C’est l’entraîneur qui est maître de ses choix même s’il y a toujours un dialogue avec lui. Le directeur sportif est là pour faire le lien entre la direction du club et l’entraîneur et décider d’une politique sportive. Il doit donc être en harmonie avec l’entraîneur et aussi avec le président, même si Julien Cordonnier ne le précise pas. Nous nous interrogeons tous les deux, d’ailleurs, sur cette longue absence à ce poste, et donc de politique sportive ces dernières années.

Et cette coupe de France où Sochaux a donc créé la seule surprise des 32e, faisant tomber une Ligue 1 dans un stade surchauffé par l’ambiance ? « Le match de championnat contre Nîmes de lundi est bien plus important que celui de Reims » – que Bonal recevra ce dimanche 21 janvier pour les 16e de finale. « La coupe, c’est du bonus, et j’ai bien signifié aux joueurs. »

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Une nouvelle fois, Julien Cordonnier ne fait pas mystère de l’objectif véritable de cette saison. Nous en finissons là. En sortant, je salue les joueurs qui arrivent à l’entraînement, Thomas Fontaine, Mathieu Patouillet. Je salue aussi Abasse Ba, l’adjoint de Tanchot. Puis j’ai l’occasion de souhaiter la bienvenue à Dimitri Liénard. Diego Michel sort de sa voiture et manque de glisser sur de la neige gelée. « Fais attention ! On a besoin de toi lundi ! »

Lundi 15 janvier – 20 h 05

Sochaux a pour la première fois gagné petit, comme sait le faire le Red Star, qui survole le championnat, devant des défenses renforcées. Il est à craindre que maintenant les adversaires ne viennent plus à Bonal en victime expiatoire. La très grande nouvelle de ce lundi, c’est que Sochaux sait aussi gagner 1 à 0. Cette capacité d’adaptation supersonique constitue un bonheur quotidien pour tout supporteur sochalien.

QOSHE - "Le mercato de Sochaux, c’est d’abord un grand coup" - David Desgouilles
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"Le mercato de Sochaux, c’est d’abord un grand coup"

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17.01.2024

Vendredi 12 janvier – 12 h 20

Mais qui est donc ce joueur que le directeur sportif du FCSM a dû aller chercher d’urgence à la gare TGV et dont il me dit que c’est « pour un essai » ? Rencontrer Julien Cordonnier pendant un « mercato » d’hiver, cela avait du sens au mois de janvier, et cela nous amène à assister à des scènes qui ne devraient appartenir qu’au club. C’est pourquoi je n’en dirai pas davantage, mais le lecteur se fera une idée du poste de ce grand gaillard s’il est attentif à ce qui va suivre.

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Julien Cordonnier me reçoit dans un petit bureau situé à l’entrée des vestiaires. Nous abordons immédiatement ce mercato. Son principe favorise-t-il les gros clubs au détriment des moins fortunés ? À l’évidence, me répond-il, donnant l’exemple de l’Olympique lyonnais, en difficulté lors de cette première partie de saison et qui transforme son équipe pour éviter la catastrophe que pourrait signifier une relégation en Ligue 2. « À Sochaux, nous pratiquons juste de l’ajustement », ajoute-t-il. Et si les instances du football limitaient à deux joueurs le nombre des mutations lors de ce « mercato d’hiver » ? C’est une proposition que je fais modestement, tout en sachant que, si elle était suivie d’effet, la Cour de Justice de l’Union Européenne viendrait........

© Marianne


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