Nous vous avions laissés au lendemain d’un match nul à la fois prometteur et frustrant face à Villefranche Beaujolais. Hasard du calendrier du National, nous nous retrouvons au moment de la sortie du beaujolais nouveau, pour évoquer le Sochaux nouveau avec son vigneron, l’entraîneur Oswald Tanchot. Depuis la chronique consacrée au jeune Alex Daho, le FCSM (Football Club Sochaux-Montbéliard) a oublié de perdre. Il a quitté la zone dangereuse du classement et se trouve désormais mathématiquement plus proche de la montée en Ligue 2 que de la descente en National 2.

A LIRE AUSSI : "Sochaux, c’est un grand club, qui ne devait pas mourir" : à la rencontre d'Alex Daho, crack des jaunes et bleus

Après avoir battu Orléans avec la manière (4-2), il est allé arracher un nul sur le terrain de Nancy, avec un but d’anthologie de son capitaine, le jeune Malcolm Viltard – allez le voir sur les réseaux, c’est un régal pour les yeux – avant de battre les Vendéens de Cholet, sans encaisser le moindre but, ce qui n’était plus arrivé en championnat depuis début septembre à Épinal.

Il faut préciser qu’après le match de Villefranche, l’entraîneur a effectué un choix fort, la titularisation du jeune Mathieu Patouillet, dans les buts. Le jeune international U20 (code mondialisé et anglo-saxon pour dire que c’est « moins de vingt ans ». Dans une époque bénie, on aurait parlé de « juniors », comme de « cadets », de « minimes », ou de « benjamins »). Patouillet est prêté par l’Olympique lyonnais dans le but de l’aguerrir, et il a mis tout le monde d’accord dans les tribunes de Bonal dès son premier match.

A LIRE AUSSI : "On n'est pas en National pour faire de la figuration" : 1er épisode de notre série sur le FC Sochaux

Nous sommes tous conscients d’avoir de la chance de le voir sous nos couleurs. Dans trois ans maximum, Patouillet jouera certainement en Ligue 1, et cela n’étonnerait personne qu’il garde un jour les buts de l’équipe de France, comme son idole Hugo Lloris, avec qui on lui trouve d’ailleurs une légère ressemblance physique.

Mais revenons à Oswald Tanchot qui a accepté de nous rencontrer pour le troisième épisode de notre série. Nous nous voyons l’avant-veille du 8e tour de la Coupe de France, pour laquelle Sochaux est toujours en course, après avoir battu les voisins de Grandvillars peu avant la Toussaint. Dès le début de l’entretien, nous cherchons à percer le mystère. Rappelez-vous ce fameux premier but contre Avranches – nous en avions parlé dans l’épisode précédent. Il nous avait rappelé le Nantes de 1995, celui de Loko, Ouédec, Ndoram et Makélélé.

Comme Oswald est originaire de l’Ouest, nous lui demandons donc si ses influences sont nantaises, ou si elles sont lorientaises, chères à Christian Gourcuff, ou encore basées sur le football total néerlandais, lequel a accouché plus tard d’une variante espagnole, à la Guardiola. « C’est marrant que vous me disiez ça », nous répond-il dans un sourire. Celui qui lui a appris le métier d’entraîneur était Bernard Maligorne à Laval, et ce dernier a été lui-même formé auprès d’Arribas, Suaudeau, Denoueix. Donc, comme beaucoup de jeunes entraîneurs de l’ouest de la France, il a été conseillé à Tanchot d’aller apprendre en observant attentivement des centaines de séances d’entraînement à la Jonelière, là où on élève les « Canaris » nantais depuis des décennies.

Nous ne sommes pas peu fiers : Nous avions touché juste avec ce fameux premier but contre Avranches. Le nouveau technicien développe les fondamentaux de ses influences nantaises : jeu en zone : jeu à 3, à 4 ; toujours plusieurs solutions pour le porteur du ballon ; libérer des espaces pour le coéquipier ; pressing. Tous les fondamentaux de l’école nantaise sont là. Tanchot aime parler foot, il respire le foot. Gourcuff à Lorient, il y a forcément un cousinage, mais c’est plus scientifique. À côté, le jeu à la nantaise tient davantage du « bazar organisé », précise-t-il en souriant. Et ça lui convient davantage, donc.

Les convictions, c’est bien, mais un bon entraîneur doit pouvoir s’adapter à ses joueurs. Tanchot n’a pas seulement changé de gardien de but après le match contre Villefranche. Il a aussi abandonné la défense en zone sur les coups de pied arrêtés. Les joueurs se sentent désormais plus à l’aise avec la défense en individuel. Donc va pour l’individuel. Une révolution pour l’entraîneur qui jouait la zone depuis 18 ans. Mais on a vraiment l’impression que Tanchot n’a pas pour autant renoncé à convaincre ses joueurs. Peut-être qu’on reverra de la défense en zone sur les coups de pied arrêtés à Bonal, tant il prend soin de nous en détailler les multiples avantages et la supériorité : « Dans le dernier carré de la Ligue des champions, il y a systématiquement trois équipes qui défendent ainsi ».

Nous lui demandons bien sûr d’échanger avec nous sur l’été sochalien : le week-end où tout a failli se terminer pour le FCSM, lui aussi était reparti chez lui. S’il est revenu, c’est parce qu’il a eu confiance en Pierre Wantiez, qu’il avait connu lorsqu’il entraînait Le Havre. Wantiez connaissait les rouages de la fédé, et donnait des garanties suffisantes pour déposer un dossier sérieux à la DNCG. Le projet en National, Tanchot a donc adhéré, alors qu'à la base il était venu pour entraîner un club de haut de tableau de Ligue 2. Le fameux 14 juillet, quand des milliers de supporters se sont donné rendez-vous dans la tribune nord de Bonal – le serment du jeu de paume sochalien a-t-il donné à ses joueurs un mental de « survivants » ? C’est bien possible. En plus, ce jour-là, Oswald avait appelé des très jeunes pour faire le nombre à l’entraînement. C’est peu dire qu’ils ont été impressionnés par ce peuple sochalien rassemblé pour faire face à ces heures si difficiles pour le club.

A LIRE AUSSI : "Après tant de péripéties, de suspense, de larmes, le FC Sochaux est revenu sous pavillon franc-comtois"

Nous savons aussi que des supporters se sont excusés auprès de lui parce qu’ils avaient exprimé leur déception de le voir arriver en juin. Ils s’attendaient à mieux, alors qu’on leur avait fait miroiter Gourvennec ou Bettoni, l’ex-adjoint de Zidane au Real. Il le comprend et leur a tous répondu qu’il ne leur en voulait pas. Car il a conscience de ne jamais avoir été médiatique. Et surtout, l’essentiel, c’est que lui sait que son profil de formateur colle au projet sochalien. Pour coller, il colle !

On évoque la Coupe de France puisque les Sochaliens doivent affronter Jura Sud, pensionnaire de National 2, ce samedi. Oswald Tanchot alignera la meilleure équipe possible, compte tenu des blessures et des absences pour sélection. Il n’est pas du genre à bâcler la Coupe de France. C’est une compétition qu’il adore, et il sait que ça compte à Sochaux. Il regrette en revanche que les prolongations aient été supprimées et qu’on passe directement aux tirs au but, en cas de match nul dans le temps réglementaire. Oswald n’aime pas qu’on piétine les traditions. Ce gars-là nous plaît, vraiment. Nous aurions dû lui demander s’il connaissait la citation de Péguy : « Seule la tradition est révolutionnaire ». Vendredi soir, Sochaux s’est qualifié contre les Haut-jurassiens. Encore deux très beaux buts, dont l’un, absolument génial, est l’œuvre d’Alex Daho, le héros de notre épisode précédent. Avec Oswald Tanchot et son « bazar organisé », nous allons continuer à voir de belles choses sur les terrains du National, nous pouvons en être convaincus.

QOSHE - FC Sochaux : le "bazar organisé" du coach Oswald Tanchot - David Desgouilles
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

FC Sochaux : le "bazar organisé" du coach Oswald Tanchot

9 0
22.11.2023

Nous vous avions laissés au lendemain d’un match nul à la fois prometteur et frustrant face à Villefranche Beaujolais. Hasard du calendrier du National, nous nous retrouvons au moment de la sortie du beaujolais nouveau, pour évoquer le Sochaux nouveau avec son vigneron, l’entraîneur Oswald Tanchot. Depuis la chronique consacrée au jeune Alex Daho, le FCSM (Football Club Sochaux-Montbéliard) a oublié de perdre. Il a quitté la zone dangereuse du classement et se trouve désormais mathématiquement plus proche de la montée en Ligue 2 que de la descente en National 2.

A LIRE AUSSI : "Sochaux, c’est un grand club, qui ne devait pas mourir" : à la rencontre d'Alex Daho, crack des jaunes et bleus

Après avoir battu Orléans avec la manière (4-2), il est allé arracher un nul sur le terrain de Nancy, avec un but d’anthologie de son capitaine, le jeune Malcolm Viltard – allez le voir sur les réseaux, c’est un régal pour les yeux – avant de battre les Vendéens de Cholet, sans encaisser le moindre but, ce qui n’était plus arrivé en championnat depuis début septembre à Épinal.

Il faut préciser qu’après le match de Villefranche, l’entraîneur a effectué un choix fort, la titularisation du jeune Mathieu Patouillet, dans les buts. Le jeune international U20 (code mondialisé et anglo-saxon pour dire que c’est « moins de vingt ans ». Dans une époque bénie, on aurait parlé de « juniors », comme de « cadets », de « minimes », ou de « benjamins »). Patouillet est prêté par l’Olympique lyonnais dans le but de l’aguerrir, et il a mis tout le monde d’accord dans les tribunes de Bonal dès son premier match.

A LIRE AUSSI : "On n'est pas en National pour faire de la figuration" : 1er épisode de notre série sur le FC Sochaux

Nous sommes tous conscients d’avoir de la chance de le voir sous nos couleurs. Dans trois ans maximum,........

© Marianne


Get it on Google Play