À travers livres, publications et interventions musclées sur les plateaux de télé, voilà plusieurs années que le criminologue Alain Bauer examine la montée de la violence en France. Avec Tu ne tueras point (Fayard), le professeur de criminologue au Conservatoire National des Arts et Métiers part des récents et nombreux phénomènes de criminalité quotidienne pour penser la place de la violence dans notre société sur le temps long.

Marianne : Vous écrivez ceci : « La violence se construit à partir de petits faits, réguliers, quotidiens, qui ne traumatisent que les victimes et n’intéressent pas les médias. Puis l’ordinaire de la violence produit soudain des faits divers qui, par leur intensité, choquent et mobilisent, réveillent ou terrorisent. Jusqu’à ce que l’extraordinaire devienne si fréquent qu’il se fasse ordinaire. » Tout est dans ce « soudain », sorte de mystère, qui fait que des actes de violence deviennent « affaire médiatique ». Parce qu’ils passent une ligne de flottaison particulière ? Parce qu’ils comportent des ingrédients en plus ?

Alain Bauer :Philosophes, sociologues, ethnologues, criminologues et journalistes aimeraient pouvoir répondre à cette question. La présence d’un enfant, un contexte d’un sordide particulier, un effet d’absence médiatique, d’autres questions toujours violentes (guerre notamment) créent les conditions d'un émoi, d’un intérêt public décuplé.

Plus le niveau de violence ambiant augmente, plus l’affaire qui passionne le public doit atteindre une dimension exceptionnelle. Mais l’accumulation de faits en eux-mêmes « ordinaires » peut provoquer un effet déclencheur.

L'affaire de Crépol, justement, a bouleversé la France. Quelles leçons retenez-vous de cet épisode de violence ?

Comme toujours, la bagarre générale de fin de soirée festive attire peu l’attention. Des blessés, un peu plus. Un mort, des blessés, la mise en perspective d’un affrontement entre un « quartier » dont on parle beaucoup et un village présenté comme son antithèse rurale et bucolique, provoque alors un effet « Papy Voise », qui avait défrayé la chronique en 2002.

QOSHE - Alain Bauer : "Pendant cinq siècles, nous avons réussi à domestiquer la violence... le cycle s'est inversé" - Etienne Campion
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Alain Bauer : "Pendant cinq siècles, nous avons réussi à domestiquer la violence... le cycle s'est inversé"

12 1
12.03.2024

À travers livres, publications et interventions musclées sur les plateaux de télé, voilà plusieurs années que le criminologue Alain Bauer examine la montée de la violence en France. Avec Tu ne tueras point (Fayard), le professeur de criminologue au Conservatoire National des Arts et Métiers part des récents et nombreux phénomènes de criminalité quotidienne pour penser la place de la violence dans notre société sur le temps long.

Marianne : Vous écrivez ceci : « La violence se construit à partir de petits faits, réguliers,........

© Marianne


Get it on Google Play