Dans le sillage du progrès technologique, de la science et de l'histoire, les recherches généalogiques explosent, en France, depuis une dizaine d'années. Plus récemment, c'est l'intelligence artificielle qui a accru cet engouement. Le dernier livre de Catherine Bréchignac incarne on ne peut mieux cette tendance. La physicienne française, ancien secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, ancienne présidente du CNRS et du Haut Conseil des biotechnologies, vient de faire paraître La force de nos racines (Cerf), dans lequel elle dresse le récit de la vie de ses ancêtres.

Grâce à l'intelligence artificielle et à la numérisation, donc, elle prend le parti de raconter ces vies banales, mais qui comportent aussi leur dose d'aventures et de lyrisme : « Mes ancêtres ne relèvent ni des lignées illustres, ni des familles nanties. Ils ne sont pas des gens dont on parle, auréolés de la lumière de la noblesse, du clergé ou de la bourgeoisie… Mais ils forment le socle du peuple breton, des peuples de France. » On retiendra de cet entretien et des récits qu'elle donne dans le livre, ces moments de vie livrés par ceux qu'elle nomme pudiquement « Grand-Père » et « Grand-Mère », son touchant plaidoyer pour la transmission de l'histoire des grands-parents vers les petits enfants.

Marianne : A quelle date avez-vous choisi d’entrer dans la vie de vos ancêtres, et pourquoi ?

Catherine Bréchignac :Mon oncle avait commencé un arbre généalogique que son fils m’avait envoyé, mais c’est grâce à l’intelligence artificielle, lorsque j’ai eu accès depuis mon ordinateur aux actes numérisés des registres d’état civil et des registres paroissiaux, que je me suis intéressée à chercher jusqu’où on pouvait remonter le temps. La limite est la même pour tous. On nomme les gens depuis fort longtemps, les premières lignées répertoriées étaient celles des puissants, mais les noms de famille n’apparaissent en France qu’au XIIe siècle.

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