« Aujourd'hui, tout se réduit au droit. »

Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy

La période qui va de la fin de la Guerre froide à nos jours a préparé le monde dans lequel nous sommes. Un monde qui a oublié d’abord que le droit contribue à résoudre les conflits sans recours à la violence mais seulement jusqu’à un certain point. Dès que l’on pose la question du droit – cela vaut pour nos sociétés comme pour la communauté internationale – se pose la question de la légitimité du droit. Le droit n’est légitime que si toutes les parties en présence considèrent qu’il est légitime.

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Quand le droit échoue, la politique prend le relais et quand la politique échoue arrive la guerre… qui n’est pas « la continuation de la politique par d’autres moyens » mais l’échec de la politique. Là, nous avons écarté la politique du jeu. Tout se réduit au droit. Et quand le droit ne parvient pas à s’appliquer, on fait appel à la Cour pénale internationale, qui prononce des condamnations. Évidemment, avec ce droit-là, on ne négocie pas. La diplomatie disparaît. Le juge remplace le diplomate et désigne le coupable. « S’il suffisait de repérer ceux dans lesquels se trouve le mal et de les éliminer ce serait si simple » disait Soljenitsyne. [...]

Je ne peux pas croire à l’impossibilité de changer les choses. Avant de se demander si un changement est possible, il faut se demander si l’on peut continuer comme ça. Car si on ne le peut pas, le changement viendra de toutes les façons, fût-ce par la violence si la politique est défaillante. Continuer comme si de rien n’était précipiterait dans la violence toutes les sociétés occidentales, en particulier les sociétés européennes, qui sont traversées par des tensions de plus en plus fortes. Ce ne serait pas la première fois dans l’Histoire qu’à force d’y mettre toute notre énergie nous finirions par créer les conditions dans lesquelles la violence sortirait et dévorerait tout.

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QOSHE - Quel avenir pour l’Europe ? Guaino, Védrine, Chevènement en débattent, extraits exclusifs - Etienne Campion
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Quel avenir pour l’Europe ? Guaino, Védrine, Chevènement en débattent, extraits exclusifs

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16.03.2024

« Aujourd'hui, tout se réduit au droit. »

Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy

La période qui va de la fin de la Guerre froide à nos jours a préparé le monde dans lequel nous sommes. Un monde qui a oublié d’abord que le droit contribue à résoudre les conflits sans recours à la violence mais seulement jusqu’à un certain point. Dès que l’on pose la question du droit – cela vaut pour nos sociétés comme pour la communauté internationale – se pose la question de la légitimité du droit. Le droit n’est légitime que si........

© Marianne


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