Cher site Anticiperlesjeux.gouv.fr,

Je ne sais pas si tu reçois souvent du courrier à ton nom, mais j’ai été tellement émerveillé par l’affiche qui fait ta promotion dans le métro parisien que j’ai pensé qu’une petite bafouille pour te remercier te ferait sans doute plaisir.

Le matin où j’ai découvert ton existence, j’étais à la bourre. Je t’explique : généralement, il me faut 20 minutes pour aller de mon point A (mon quartier en proche banlieue) à mon point B (le bureau) par la sémillante Ligne 7 du métropolitain. Mais ce que je n’avais pas suffisamment anticipé, c’est que ce matin-là, comme souvent en vérité, le trafic déconnait big time (c’est de l’anglais, ça veut dire que ça marchait vraiment mal)… Avantage de la situation : pendant l’attente de ce métro qui n’en finissait pas de ne pas arriver, j’ai pu découvrir le message plein de bon sens que tu portes avec panache sur les murs de toutes les stations, en format 4 mètres par 3. Et là, ce fut le choc, la révélation, la lumière tombée d’en haut, tombée des cieux. « Pour se déplacer au mieux pendant les Jeux, l’important c’est d’anticiper ».



J’avoue qu’à ce moment précis, je me suis trouvé un peu couillon. Mais comment diable n’y avais-je pas pensé avant ? Comment avais-je pu ne pas anticiper sur l’idée qu’anticiper, à condition de le faire assez tôt, peut permettre à chacun d’éviter de se compliquer la vie ? C’était pourtant si simple…

Je me suis trouvé bête, mais très vite, je me suis ressaisi. Et puisque ton propos concerne le temps joyeux des Jeux Olympiques (du 26 juillet au 11 août), je suis allé dérouler les pages de ton menu plein de super conseils (je redonne l’adresse pour les étourdis : https://anticiperlesjeux.gouv.fr/). Et là, à nouveau, j’ai trouvé ça limpide. Par exemple lorsque tu nous encourages, pour les trajets de moins de 2 kilomètres, à privilégier la marche ! Non mais ça, tu vois, ÇA, c’est vraiment une idée qui va tout changer. Une idée « game changer ». Marcher pour aller pas trop loin. J’adore.

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Vraiment, cher site web, tu vas nous changer la vie. Comment faisions-nous avant toi ? Je vais te faire une réponse super honnête : on improvisait. On vivait un peu à la va-comme-je-te-pousse, nous, les Parisiens. Parce que tu vois, dans cette ville, on est les champions de la dernière minute. Parigots, têtes de go ! Et vas-y que j’organise un pique-nique pour 30 potes place de la Concorde sans même avoir anticipé sur l’achat des allume-feu (il y a toujours un bout de palette à récupérer sur un chantier voisin). Et vas-y que je déboule à l’Opéra Garnier à la dernière seconde, parce qu’il reste toujours des places bradées à 5 euros juste avant la séance. Et en plus, il suffit de se garer juste devant, il y a toujours de la place.

Au fond, l’anticipation, ça n’a jamais été notre dada, parce qu’en vérité, on n’en a jamais eu besoin. La vie est tellement cool, ici, tellement facile. Quand a besoin de consulter un médecin, il nous suffit de nous présenter au moment de notre choix au cabinet de l’heureux élu – ils sont des dizaines de milliers à nous attendre les bras ballants –, et hop, c’est réglé dans le quart d’heure (parisien) : « Bonjour docteur, on fait comme la dernière fois pour mon arrêt maladie bidon ? OK, merci, bisous. »

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Alors souvent, les provinciaux s’étonnent de constater qu’à Paris, nous avons tous entre 5 et 7 enfants à la maison ; mais c’est parce que la ville a hyper bien anticipé sur les questions sociales, et s’est richement dotée en places de crèches et en très grands appartements à loyers modérés. C’est pas compliqué : les crèches se battent entre elles pour obtenir de garder nos rejetons. Certes, ça a tendance à nous déresponsabiliser un tantinet, mais au moins, vue l’absence totale de stress sur la gestion du quotidien, ça nous permet d’être leaders dans le réarmement démographique. Le reste du monde nous regarde, et se dit souvent : « Mais c’est quoi leur secret, aux Parisiens ? Qu’est-ce qui les rend si sympas, si zen, si accueillants ? »

En fait, jusqu’à ces Jeux que nous attendons collectivement avec une folle impatience, tout était simple pour nous. Un peu enfants gâtés (j’avoue), nous nous en remettions à la compétence de nos décideurs (de la ville, de la région, de l’État), admiratifs devant leur capacité à anticiper : deux nouvelles lignes de métro inaugurées pour les Jeux ? Grandiose. Une nouvelle liaison express entre l’aéroport de Roissy et le centre de la capitale ? Wouah, génial. Hâte que le mois de juin arrive pour que nous puissions tous, comme prévu, tester ces formidables nouvelles infrastructures qui sont la preuve qu’avec un tout petit peu de sens de l’anticipation, les choses se passent à merveille.

Tu vois, c’est pour toutes ces raisons que nous, les Parisiens, les Parisiennes, on est un peu des quiches en matière de planification. Parce qu'au quotidien, tout vient à nous sans effort. Ce qui nous permet de vivre dans l’instant, sans penser à demain ! La preuve : on a confié les rênes de la ville à Anne Hidalgo. Tu vois un peu le niveau de détachement qu’il faut pour faire un truc pareil ?

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Une dernière fois, cher site Internet, merci pour ta contribution à notre intelligence collective. Et pour ta contribution à la réussite des Jeux. Promis, on va tous faire des efforts d'anticipation. Parce que sinon, l’échec des Jeux, ça risquerait d’être de notre faute… non ?

Heureusement, grâce à ta clairvoyance, nous voilà tirés d’affaire. À mon petit niveau, c’est simple : désormais, je vais anticiper sur tout. Finies, ces omelettes qui avaient un drôle de goût parce que j’avais oublié d’anticiper au niveau du cassage des œufs. En fait, tu vois, c’est dans la tête que ça se passe. Le déclic, il est là, au niveau du mental… Je vais d’ailleurs m’empresser d’anticiper sur mes prochaines dates de vacances. Je crois que j’ai trouvé le meilleur moment pour quitter Paris : du 16 juillet au 11 août, je serai loin, très loin. Parce que, de toi à moi, c’est un peu ça, le message que tu veux nous faire passer, non ?

QOSHE - Ne passez pas à côté de cette idée qui peut vous sauvez la vie : pendant les JO de Paris, "anticipez" ! - François Darras
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Ne passez pas à côté de cette idée qui peut vous sauvez la vie : pendant les JO de Paris, "anticipez" !

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29.02.2024

Cher site Anticiperlesjeux.gouv.fr,

Je ne sais pas si tu reçois souvent du courrier à ton nom, mais j’ai été tellement émerveillé par l’affiche qui fait ta promotion dans le métro parisien que j’ai pensé qu’une petite bafouille pour te remercier te ferait sans doute plaisir.

Le matin où j’ai découvert ton existence, j’étais à la bourre. Je t’explique : généralement, il me faut 20 minutes pour aller de mon point A (mon quartier en proche banlieue) à mon point B (le bureau) par la sémillante Ligne 7 du métropolitain. Mais ce que je n’avais pas suffisamment anticipé, c’est que ce matin-là, comme souvent en vérité, le trafic déconnait big time (c’est de l’anglais, ça veut dire que ça marchait vraiment mal)… Avantage de la situation : pendant l’attente de ce métro qui n’en finissait pas de ne pas arriver, j’ai pu découvrir le message plein de bon sens que tu portes avec panache sur les murs de toutes les stations, en format 4 mètres par 3. Et là, ce fut le choc, la révélation, la lumière tombée d’en haut, tombée des cieux. « Pour se déplacer au mieux pendant les Jeux, l’important c’est d’anticiper ».



J’avoue qu’à ce moment précis, je me suis trouvé un peu couillon. Mais comment diable n’y avais-je pas pensé avant ? Comment avais-je pu ne pas anticiper sur l’idée qu’anticiper, à condition de le faire assez tôt, peut permettre à chacun d’éviter de se compliquer la vie ? C’était pourtant si simple…

Je me suis trouvé bête, mais très vite, je me suis ressaisi. Et puisque ton propos concerne le temps joyeux des Jeux Olympiques (du 26 juillet au 11 août), je........

© Marianne


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