Ces dernières années, le wokisme a été cuisiné à toutes les sauces : écrivains, intellectuels, journalistes… tous se sont penchés sur cette épineuse question. Notre chroniqueuse Chloé Morin, politologue, n'échappe pas à la règle, dans son nouvel ouvrage Quand il aura vingt ans (Fayard). Elle fait du wokisme un véritable phénomène de société, qui se caractérise par la binarité ; d'un côté, les dominés, de l'autre, les dominants. Par cette essentialisation, le wokisme conforte les inégalités, alors même qu'il entend les éradiquer. Issu des universités américaines, le phénomène désigne au départ l'éveil des esprits, leur sensibilisation aux revendications des minorités.
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Mais cette tendance devient vite une forme de « totalitarisme » selon Chloé Morin, guidé par la déconstruction. En cela, le wokisme est une contre-culture. D'après l'auteur, il procéderait de la gauche déliquescente, qui ne parviendrait plus à défendre ses valeurs initiales : la liberté d'expression, la laïcité, la lutte contre les inégalités… À l'appui de sa thèse, l'auteur livre des sondages exclusifs, et ne cède pas au nihilisme, en proposant une voie plus optimiste pour l'avenir.
Marianne : Pour vous, la pensée woke est « totalitariste » vous allez même jusqu’à dire qu’elle provient du trotskisme. D’après Hannah Arendt, le totalitarisme est un mouvement de masse. Le wokisme semble avoir le mouvement inverse : désolidariser. Pourriez-vous nous en dire plus ?