En janvier 1969, le Centre universitaire expérimental de Vincennes ouvre ses portes, dans le but de répondre aux conséquences de Mai 68. C’est à la fois un foyer d’innovations pédagogiques, en raison notamment des larges libertés qui lui sont octroyées, ainsi qu’un laboratoire pour l’extrême gauche, qui espère encore une révolution, pour le meilleur comme pour le pire.

Il rassemble alors nombre d’étudiants, souvent très militants, dont certains joueront plus tard un rôle important dans la vie intellectuelle française, ainsi que des professeurs de renom, comme Michel Foucault qui dirige les premiers mois l’UFR de philosophie, Jacques Julliard, qui est à la tête de l’UFR d’histoire, Michel Winock, Gilles Deleuze, Alain Badiou, Étienne Balibar, Daniel Bensaïd, etc. L’université a également accueilli les premiers départements de psychanalyse et de cinéma de France. Pourtant, malgré le succès apparent, l’expérience tourne court.

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En 1980, le maire de Paris ordonne de raser la fac, durant les vacances scolaires, et de la transférer à Saint-Denis. Résultat, le 27 août 1980, à 3 heures du matin, les bulldozers entrent à Vincennes, entourés de CRS, et rasent intégralement l'université. Il n'en reste aujourd’hui plus aucune trace sur le site. C’est cette histoire que raconte l’historien François Dosse, lui-même ancien étudiant de l’université expérimentale, dans Vincennes : heurs et malheurs de l’université des possibles (Payot).

Marianne : Pourquoi vous êtes-vous intéressés à Vincennes ?

François Dosse : D’abord, parce que je suis un ancien Vincennois. Je m’y suis inscrit dès l’ouverture, début 69. En tant que jeune bachelier littéraire, j’ai tout de suite été intéressé par la création de ce centre expérimental. Il y a dans ce livre une reconnaissance de dette. C’est à Vincennes que je dois la transdisciplinarité dont je fais preuve dans mes travaux.