Marianne : L’idée de décroissance est née dans les années 1970, à partir des travaux du mathématicien et économiste d’origine roumaine Nicholas Georgescu-Roegen, mais le mouvement, lui ne voit le jour qu’au début des années 2000. Pouvez-vous revenir dessus ?

Hélène Tordjman : Le mouvement est né fin des années 60/début des années 1970, même s’il n’était pas identifié comme tel, grâce aux travaux de plusieurs intellectuels comme Nicholas Georgescu-Roegen, André Gorz, Ivan Illich, Jacques Ellul ou Bernard Charbonneau. On y trouvait aussi des journalistes et dessinateurs, comme Gébé, qui a écrit L’An 01. On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste et une partie de la bande de Charlie hebdo.

A LIRE AUSSI : Jacques Ellul, précurseur de l’écologie politique et de la décroissance

Pour rappel, Georgescu-Roegen est un critique de l’économie standard, qui est d’ailleurs toujours dominante aujourd’hui, de son culte de la croissance et du productivisme. Il était déjà conscient des limites physiques de la planète, ainsi que des ravages économiques, sociaux et même moraux de la croissance comme seul horizon. C’est le premier à avoir parlé de bioéconomie, mais dans un sens complètement différent de celui utilisé aujourd’hui par la Commission européenne et l’OCDE. L’idée était de réinscrire l’activité économique dans les limites de la biosphère. Pour cela, il s’est appuyé sur les principes de la thermodynamique, qui aident à penser l’irréversibilité, la dégradation inéluctable de l’énergie, qu’on appelle l’entropie. Et cela dès la fin des années 1960. Il a été traduit en français par deux intellectuels suisses, Jacques Grinevald et Ivo Rens, en 1979. Ce sont eux qui l’ont intitulé Décroissance. Il me semble que c’est la première fois que ce mot apparaît.

« Il y a une multiplicité de regards, qui partagent cependant des points communs. »

QOSHE - Hélène Tordjman : "Il faut ancrer géographiquement nos activités, et sortir du consumérisme à tout crin" - Kevin Boucaud-Victoire
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Hélène Tordjman : "Il faut ancrer géographiquement nos activités, et sortir du consumérisme à tout crin"

6 1
16.01.2024

Marianne : L’idée de décroissance est née dans les années 1970, à partir des travaux du mathématicien et économiste d’origine roumaine Nicholas Georgescu-Roegen, mais le mouvement, lui ne voit le jour qu’au début des années 2000. Pouvez-vous revenir dessus ?

Hélène Tordjman : Le mouvement est né fin des années 60/début des années 1970, même s’il n’était pas identifié comme tel, grâce aux travaux de plusieurs intellectuels comme Nicholas Georgescu-Roegen, André........

© Marianne


Get it on Google Play