En 2024, 24 % des Français de plus de 18 à 69 ans, initiés sexuellement, n'ont pas eu de rapport sexuel au cours des douze derniers mois, selon une étude, qui pointe une « récession sexuelle », particulièrement marquée chez les 18-24 ans. Dans le même temps, le nombre de célibataires ne cesse de croître, pour atteindre, selon l'INSEE, 35,7 % des plus de 18 ans, en 2020.

Et pour couronner le tout, 46 % des mariages se terminent par un divorce. Serait-ce la fin de l'amour ? Si oui, à qui ou à quoi la faute ? Pour la journaliste Noémie Halioua, qui vient de publier La terreur jusque sous nos draps (Plon), les « néoféministes » ont leur part de responsabilité. Autrice notamment d'Et si le féminisme nous rendait heureuses ? (Dunod), paru en 2019, Pauline Arrighi lui porte la contradiction.

Marianne : En quoi l’amour serait en danger ?

Noémie Halioua : Cette crise est visible à travers la récession sexuelle, l'explosion du célibat, le développement de la pornographie qui est accessible en deux clics sur Internet, et même, à mon sens, l'explosion de la vente des sex-toys. Tout cela évoque la dissolution du lien amoureux et de notre rapport à l'altérité. Je viens d’énumérer des éléments observables, mais il y en a aussi, selon moi certains qui ne sont pas quantifiables.

Autour de moi, j’entends beaucoup de personnes qui préfèrent parfois renoncer au risque, à l'aventure amoureuse. Cela consacre l’ère « du sacre des pantoufles », comme l’appelle Pascal Bruckner. Nous sommes dans une société qui refuse le risque, qui refuse l'aventure, qui refuse le tragique. Ainsi, à l’image d’Oblomov, héros du roman éponyme de Gontcharov, nous préférons rester chez nous, dans nos chaussons, plutôt que prendre le risque de la rencontre de l’altérité.

Pauline Arrighi : Je suis d'accord qu’il est dommageable de se priver de lien amoureux dans ce qu'il va avoir d’épanouissant, notamment la dimension de plaisir sexuel. Mais, selon moi, c'est une réponse à plusieurs choses. Je pense également que la pornographie est dommageable pour la vie sexuelle et amoureuse, dans ce qu’elle a de très violent.

QOSHE - Les féministes ont-elles tué l'amour ? Noémie Halioua débat avec Pauline Arrighi - Kevin Boucaud-Victoire
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Les féministes ont-elles tué l'amour ? Noémie Halioua débat avec Pauline Arrighi

7 0
22.03.2024

En 2024, 24 % des Français de plus de 18 à 69 ans, initiés sexuellement, n'ont pas eu de rapport sexuel au cours des douze derniers mois, selon une étude, qui pointe une « récession sexuelle », particulièrement marquée chez les 18-24 ans. Dans le même temps, le nombre de célibataires ne cesse de croître, pour atteindre, selon l'INSEE, 35,7 % des plus de 18 ans, en 2020.

Et pour couronner le tout, 46 % des mariages se terminent par un divorce. Serait-ce la fin de l'amour ? Si oui, à qui ou à quoi la faute ? Pour la journaliste Noémie........

© Marianne


Get it on Google Play