« Les Flammes » ne sont déjà plus qu'une étincelle. Pour sa seconde édition ce jeudi 25 avril, la cérémonie de remise de prix du hip-hop, qui a pris ses quartiers au prestigieux théâtre parisien du Châtelet, n'a pas manqué de reproduire tout ce que les rappeurs français détestent (enfin, font mine de détester) depuis plus de trois décennies.

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Le bât blesse dès l'arrivée des artistes, tous sur leur 31 pour fouler le tapis rouge dressé par les organisateurs de l'événement, Booska-P, Yard et Spotify. Comme dans un défilé de la Fashion Week, chaque entrée est photo shootée, diffusée sur les réseaux sociaux, commentée par les spectateurs (invités) autour de petits fours et de champagne à volonté. « N*que les strass et les paillettes », chantait le mythique duo Booba-Ali il y a vingt-quatre ans. L'ancienne école.

Ces critiques de forme faites, attaquons-nous au fond : la programmation faiblarde de la cérémonie. Franglish, Maureen, Imen ES, Abou Debeing, Lossa, Kay The Prodigy… Des « blazes » intéressants pour un open-mic (scène ouverte) dans une MJC, mais sûrement pas à la hauteur des « Victoires de la musique » du rap français. Quelques noms autrement plus respectés par les fans, comme Niro, Alonzo, Josman ou (le fantôme) de La Fouine, étaient heureusement là pour redonner un peu de clinquant à l'événement.

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Pour ne froisser personne, les organisateurs, qui ont rédigé toute leur communication en écriture inclusive, ont également choisi de décerner pas moins de 24 prix. La Flamme du « morceau caribéen ou d'inspiration caribéenne de l'année » (« Doliprane » de Kalash), de la « performance rapde l'année » (Ninho), du « clip de l'année » (Shay), du « concert de l'année » (SCH au Vélodrome), de « l'engagement social » (Zamdane)… Ici, personne ne repart les mains vides, comme à l'École des Fans.

Comme aux César ou au Festival de Cannes, certains ont même déjà droit à leur rond de serviette aux « Flammes », à l'image de celle dont le nom circule pour ouvrir la cérémonie des JO 2024, Aya Nakamura, et du boss de la « drill » hexagonale, Gazo – respectivement artiste féminine et artiste masculin de l'année pour la deuxième fois consécutive.

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Déjà diffusé sur Twitch et en différé sur W9 l'année dernière, l'événement adoubé par la presse mainstream a cette fois eu le droit à son prime time sur la chaîne du groupe M6 (un bide à 182 000 téléspectateurs). Palme de la notabilisation : BFMTV et « le quotidien de référence » lui ont même consacré un direct sur leur site. « Le Monde de demain » que nous vendait NTM en 1990, c'est celui-là ?

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"Les Flammes" : deuxième édition des "Victoires de la musique" du rap… et déjà la notabilisation

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26.04.2024

« Les Flammes » ne sont déjà plus qu'une étincelle. Pour sa seconde édition ce jeudi 25 avril, la cérémonie de remise de prix du hip-hop, qui a pris ses quartiers au prestigieux théâtre parisien du Châtelet, n'a pas manqué de reproduire tout ce que les rappeurs français détestent (enfin, font mine de détester) depuis plus de trois décennies.

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Le bât blesse dès l'arrivée des artistes, tous sur leur 31 pour fouler le tapis rouge dressé par les organisateurs de l'événement, Booska-P, Yard et Spotify. Comme dans un défilé de la Fashion Week, chaque entrée est photo shootée, diffusée sur les........

© Marianne


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