L'état des lieux d'un phénomène de grande ampleur : voilà à quoi s'attelle Alizée Delpierre dans Les domesticités (La Découverte), paru début décembre dernier. Après Servir les riches (2023), où elle analysait les relations entre les ultra-riches et leurs employés de maison, la sociologue et chercheuse au CNRS documente les conditions précaires des « services à la personne », qui ont connu un boom en Europe dans les années 1980-1990 sur fond de chômage de masse et de vieillissement de la population.

Marianne : Vous parlez de « domesticités » plutôt que de « travaux domestiques » ou de « services à la personne ». Pouvez-vous expliquer votre choix ?

Alizée Delpierre : J'ai préféré parler de domesticités pour englober toutes les activités qui se déroulent au sein et à proximité du domicile de l'employeur, comprenant ainsi, par extension, l’entretien du jardin ou le transport des enfants. J'ai utilisé le pluriel pour souligner qu'il existe différentes formes de domesticités et qu'elles sont liées, même si on peut penser le contraire. Croire qu'il n'y a aucun rapport entre le travail d'un majordome chez des ultra-riches et celui d'une aide à domicile pour les personnes âgées, c'est se tromper.

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L'intérêt de la sociologie, c'est aussi de pouvoir choisir ses termes et, ainsi, de prendre de la distance avec le langage institutionnel. Car celui-ci lisse souvent les intitulés de façon à enlever toute connotation péjorative, comme quand on parle « d'agent d'entretien » pour ne pas dire « femme de ménage ». Or, dans le même temps, ça invisibilise la réalité des conditions de travail, mais aussi les rapports de domination entre employeurs et employés.

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Alizée Delpierre : "En parlant de 'services à la personne', on invisibilise les rapports de domination"

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31.01.2024

L'état des lieux d'un phénomène de grande ampleur : voilà à quoi s'attelle Alizée Delpierre dans Les domesticités (La Découverte), paru début décembre dernier. Après Servir les riches (2023), où elle analysait les relations entre les ultra-riches et leurs employés de maison, la sociologue et chercheuse au CNRS documente les conditions précaires des « services à la personne », qui ont connu un boom en Europe dans les années 1980-1990........

© Marianne


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