Parfois, les vies se déroulent à l’envers. Elles commencent par l’âge d’homme, ses excès, ses fulgurances, ses coups d’éclat et ses coups de sang, pour tendre progressivement à l’innocence, à ce détachement absolu qui est peut-être la grâce. Le salut. Selon les Ecritures et la tradition associée, quand saint Paul était jeune et s'appelait encore Saul, il était sanguinaire, enragé et exalté ; il persécutait, lapidait, pourchassait les chrétiens. « Il ravageait l’Église, il pénétrait dans les maisons, pour en arracher hommes et femmes, et les jeter en prison » (Actes des Apôtres 8, 3). De son propre aveu, l’enfant turbulent du christianisme plaide coupable : « J’ai persécuté cette voie [le christianisme] à mort, enchaînant et jetant en prison hommes et femmes […] j’ai sévi contre eux, je les forçais à blasphémer, et dans l’excès de ma fureur contre eux, je les ai persécutés jusque dans les villes étrangères » (Actes 26, 11).

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On connaît la suite : sur le chemin de Damas, il est foudroyé par une apparition divine. C’est la rencontre avec la grâce. La conversion au christianisme est immédiate. L’événement le fracassera d’un bras biblique et le précipitera dans la veine divine qu’on retrouvera bientôt dans ses incandescents Épîtres. Le voici désormais croyant. Mieux : apôtre – auto-proclamé, diraient les mauvaises langues –, animé par le zèle et les excès des néophytes, plus royaliste que le roi, plus chrétien que le Christ. Comme les traîtres, il s’évertue à se faire pardonner son engagement initial par la virulence de l’engagement contraire.

QOSHE - Saint Paul : quand le père du christianisme inspire… la gauche révolutionnaire - Nidal Taibi
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Saint Paul : quand le père du christianisme inspire… la gauche révolutionnaire

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02.01.2024

Parfois, les vies se déroulent à l’envers. Elles commencent par l’âge d’homme, ses excès, ses fulgurances, ses coups d’éclat et ses coups de sang, pour tendre progressivement à l’innocence, à ce détachement absolu qui est peut-être la grâce. Le salut. Selon les Ecritures et la tradition associée, quand saint Paul était jeune et s'appelait encore Saul, il était sanguinaire, enragé et exalté ; il persécutait, lapidait,........

© Marianne


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