Temps de lecture: 10 min

Dans la déferlante de sorties de tous poils qui inondent les écrans, net avantage aux documentaires cette semaine. Le pluriel s'impose, non seulement pour leur nombre, mais aussi pour la multiplicité des formes mobilisées.

Du dispositif complexe et fécond imaginé par Mona Achache, y compris en exposant le recours à la fiction, à la frontalité factuelle des situations assemblées par Rafiki Fariala (et qui, évidemment, n'exclut pas non plus l'artifice, la mise en scène), l'écart est considérable et riche de ressources.

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Comme l'est aussi la rencontre affectueuse et faussement naïve de Barbet Schroeder avec son ami le peintre, autre modalité d'un «cinéma du réel» dont on se rappelle bientôt que tout cinéma digne de ce nom est «du réel», à un titre ou à un autre.

Soit, dans ces cas, trois manières de portraits, qu'il soit familial, amical et artistique ou générationnel. Et trois documentaires dont le cinéaste est aussi un personnage à l'écran. Mais cela vaut aussi bien pour la fiction affichée, et qui revendique sa stylisation, qu'est le nouveau film de Robert Guédigian accompagné de sa troupe, et s'inscrit dans l'histoire au long cours de son cinéma.

Sous le titre de la bouleversante chanson éponyme de Janis Joplin surgit un film imprévisible, troublant par son rapport incandescent à des histoires elles-mêmes brûlantes, qu'il explore, dévoile et tente en vain de dompter.

Une jeune femme que nous ne connaissons pas, et dont il s'avèrera plus tard qu'il s'agit de la réalisatrice, déploie dans une grande pièce vide une quantité astronomique de photos et de documents, tout en montrant des fragments de textes sur son ordinateur.

Il faudra du temps, un temps utile et stimulant, pour comprendre que cela concerne la mère de cette jeune femme, pour tisser les liens qui relient cette femme à sa propre mère, pour commencer à se figurer la carte spatio-temporelle où ces fragments s'inscrivent.

La mère de Mona Achache, Carole Achache, a été photographe et écrivaine, notamment d'un livre consacrée à sa propre mère, Fille de (paru en 2011). Celle-ci, Monique Lange, fut une figure du monde littéraire parisien d'après-guerre, écrivaine et éditrice, proche d'Albert Camus, de Jean Genet, de Marguerite Duras. En 2016, Carole Achache s'est pendue.

Une femme que, elle, nous connaissons, Marion Cotillard, arrive dans la grande pièce où Mona Achache a étalé les archives concernant sa mère et sa grand-mère. La comédienne doit jouer Carole, dans un film que prépare Mona. Elle met les habits, s'équipe du sac à main et des accessoires utilisés par la disparue, et s'adjoint une perruque qui complète la ressemblance apparente.

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Il n'est pas dit que le film dans lequel doit jouer Marion Cotillard est Little Girl Blue, lequel serait plutôt le making of d'une fiction avec l'actrice, fiction qui n'existera jamais. Tant mieux, le making of est bien plus intéressant.

Il concerne des gens réels, la mère et la grand-mère mais aussi leurs proches: le grand poète espagnol Juan Goytisolo, l'écrivain et homme politique Jorge Semprún, la cinéaste Florence Malraux... À leur époque, ces personnes ont été beaucoup filmées, photographiées, interviewées dans les journaux et par les radios. Little Girl Blue fait jouer ensemble archives d'alors et reenactment (reconstitution).

Parfois c'est elle, Carole, et parfois c'est Marion Cotillard en Carole, qui dit les mots, qui fait les gestes. Quelque chose émerge du jeu des apparences, médiatiques, culturelles, de mode, de prestige, de délire. Quelque chose d'indistinct, de douloureux, de difficile à nommer.

Des acteurs et actrices viennent brièvement donner corps à des personnalités désormais disparues. Ce sont les figures de ce monde des écrivains et des artistes de Saint-Germain-des-Prés, parmi lesquelles Carole Achache a grandi. Ensuite, après Mai-68 (elle avait 16 ans), elle a vécu une vie de transgressions et d'excès, où la drogue et le sexe ont passé pour les voies royales de la libération.

On voit tout cela, on raconte tout cela, on discute de tout cela. L'extraordinaire dispositif de tournage à double et triple fond inventé par Mona Achache approche par fragments l'existence de ces deux femmes brillantes, en quête d'une place qui n'existait pas pour elles et qui ont aussi été soumises à des violences horribles.

Mona Achache en enquêtrice d'une mémoire familiale aux multiples échos. | Tandem

Elles sont quatre maintenant, deux mortes (Monique et Carole) et deux vivantes (Mona et Marion). Ensemble, sans désemparer, sans croire à l'existence d'une grande réponse, sans porter de jugement, elles fabriquent des fragments de vérité à coup de lettres, de photos, de paroles, de gestes, de regards, de rapprochements.

Celle-ci n'est ni simple ni joyeuse. Mais, dans un espace soudain redevenu désert, elle vibre et résonne.

Little Girl Blue

de Mona Achache

avec Marion Cotillard, Mona Achache, Marie Bunel, Didier Flamand, Marie-Christine Adam

Séances

Durée: 1h35

Sortie le 15 novembre 2023

Harnaché d'un impressionnant barda, le type parcourt la falaise puis descend malaisément des éboulis rocheux, patauge dans des eaux qui lui montent à mi-cuisses, atteint une grotte d'accès compliqué. Il y installe son attirail de peintre, fixe des petits carreaux sur le chevalet.

Au fond d'une grotte féconde, le tableau et le film en train de se faire. | Les Films du Losange

On est proche de la parodie d'un peintre du dimanche un peu givré. C'est fait exprès. Parce que c'est le contraire, mais qu'il faut aussi passer par l'imagerie pour approcher ce diable de Ricardo. Diable? Pas du tout, Ricardo Cavallo est un saint.

Oui oui, un véritable saint. Il ne fait pas de miracle ni n'affiche d'ailleurs aucune religion. En tout cas, aucune autre que celle de la beauté et de l'estime affectueuse pour ses semblables et le monde où ils vivent, malgré toutes leurs laideurs.

Barbet Schroeder a donc un gros problème. Parce que c'est compliqué à filmer, un saint. Sans sulpicianisme, sans mièvrerie, sans emphase. Alors il s'approche, s'assied à table pour partager le repas, écoute, montre ses propres outils et conditions de travail (caméra, micro, petite équipe de tournage), regarde les lumières, ce qu'il y a aux murs de cette maison-ci, plus tard de cet appartement-là.

La maison est en Bretagne, où le peintre peint. Ah ah! Le peintre peint, ce pourrait être la fausse tautologie qui se suffit à elle-même. Mais non. Il cuisine, il enseigne le dessin aux enfants du village, il reçoit des amis.

Mais toujours, il peint, des compositions gigantesques en assemblant des petits carreaux, où il cherche à capter quelque chose des matières et des lumières des grottes face à la mer, quelque chose du ciel et du vent. Les enfants discutent beaucoup, ils ont raison.

Dans l'appartement, près de Paris, d'autres œuvres, d'autres humains, d'autres lieux. La même attitude ferme et modeste de l'artiste Ricardo Cavallo, qui devient aussi celle de l'artiste Barbet Schroeder.

Durant sa longue carrière, le cinéaste de 82 ans a réalisé de nombreux portraits, souvent dédiés à des figures de haine et d'arrogance, du dictateur Idi Amin Dada au moine intégriste birman Ashin Wirathu. Filmer une incarnation d'une forme de sagesse bienveillante et modeste, comme l'est le peintre d'origine argentine installé en France depuis 1976, est beaucoup plus périlleux.

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Une des voies possibles est de rendre visible combien ce que fabrique cet artiste, par ailleurs longtemps repéré par une grande galerie d'art et acheté par des collectionneurs de haut vol, s'inscrit dans une histoire longue.

Cette histoire est celle des arts visuels, des peintures rupestres aux expérimentations des grands plasticiens d'aujourd'hui, en passant par les maîtres qui jalonnent l'épopée de la peinture classique. Une inscription sans rupture, dans le détail du quotidien des œuvres patiemment faites et refaites, des rencontres, des chemins à parcourir, des légumes à éplucher.

Peintre, gens de cinéma, voisins, expert, enfants: tout le monde travaille dans le film, aime ça et sait pourquoi il le fait. Ainsi, Ricardo et la peinture devient une sorte de bulle de calme et de justice, d'évidence de ce dont pourrait être faite la vie. C'est donc, dans tous les sens du terme, un film fantastique.

Ricardo et la peinture

de Barbet Schroeder

avec Ricardo Cavallo, Barbet Schroeder

Séances

Durée: 1h46

Sortie le 15 novembre 2023

Réalisé principalement sur le campus de l'université de Bangui (capitale de la République centrafricaine), le film entrecroise deux ressources de natures différentes. L'une est «tout simplement» de voir comment se déroulent les études pour des milliers de jeunes gens entassés dans des conditions immondes, maltraités et exploités par les professeurs et les administrations (mention spéciale au sort des filles), brutalement réprimés en cas de protestation.

Dans les salles de classe surpeuplées de l'université de Bangui. | Capture d'écran de la bande-annonce / Jour2fête

C'est une chose d'en avoir vaguement connaissance, comme éléments d'une misère généralisée, sous le signe d'inégalités brutales et sans scrupules où les traditions de domination des anciens et les effets violents des diktats de la mondialisation libérale se combinent sinistrement. C'est une autre de voir, juste voir. Des lieux, des corps, des visages, des gestes.

L'autre ressource concerne la construction, autour de quatre étudiants centrafricains –dont on ne perçoit que tardivement que l'un d'eux est le réalisateur–, de leurs situations personnelles, de leur parcours, de leurs relations affectives et amoureuses.

Sous le signe de l'hymne revendicatif vigoureusement chanté a cappella en introduction (par celui qui se révélera être Rafiki Fariala), voici les parcours sur près de trois ans de Nestor, Aaron, Benjamin et Rafiki, mais aussi de Bertille, Abigaëlle et les autres jeunes filles qui, dès qu'elles apparaissent, conquièrent une présence et une singularité impressionnantes.

Mobiles, les articulations entre réalisme (dans les salles de cours saturées, dans la chambre d'étudiants où s'entassent quatre jeunes hommes) et les situations plus construites, avec les familles, entre hommes et femmes, les évolutions individuelles et ce qu'elles disent du collectif, font de Nous, étudiants! une proposition de cinéma parfois déroutante, parfois amusante, parfois capable d'émouvoir ou (souvent) de mettre en colère, qui laisse une trace durable.

Nous, étudiants!

de Rafiki Fariala

Séances

Durée: 1h22

Sortie le 15 novembre 2023

Comme le titre le suggère, le film s'inscrit dans une continuité. C'est aussi ce que manifeste l'affiche, où on retrouve la plupart des vieux complices du cinéaste marseillais, en pique-nique dans une calanque, pour rester dans le ton.

Le ton, l'affiche l'indique aussi, est plutôt joyeux. C'est un choix, revendiqué avec aplomb, et d'une certaine manière résumé d'une réplique sans réplique: «On est à Marseille ici, il n'y a pas de bourgeois, pas de racistes, il n'y a que des braves gens.»

On ne saurait mieux dire qu'il s'agit d'une fable, à la stylisation revendiquée, et qui s'inscrit plus directement dans la stylisation de Marius et Jeannette (1997) que dans la plupart des autres réalisations de Robert Guédiguian, qui faisaient davantage place au réalisme et donc aux noirceurs bien réelles.

L'histoire ne se passe pas pour autant dans le meilleur des mondes: elle s'ouvre avec l'effondrement meurtrier des immeubles pourris de la rue d'Aubagne, survenu le 5 novembre 2018, et se situe pour une bonne part dans ce quartier pauvre de la cité phocéenne. Avec un savoir-faire narratif longuement peaufiné, Robert Guédiguian tisse ensemble un récit choral et le parcours singulier de Rosa, (Ariane Ascaride, bien sûr), héroïne prénommée ainsi en mémoire de Rosa Luxemburg par son père, lui-même figure idéalisée de militant d'un autre temps.

Le parcours de Rosa, qui travaille à l'hôpital de la Timone, est aussi un récit fictif très ancré dans la réalité, puisqu'il s'inscrit clairement en écho à celui de Michèle Rubirola, médecin engagée qui se retrouva candidate à la mairie de Marseille en 2020 –où elle fut élue, mais ne souhaita pas continuer d'occuper cette fonction, quittant son poste sans rien abandonner et sans rien renier.

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Avec méthode, humour et émotion, Robert Guédiguian met en place une succession de saynètes, qui donnent la parole à plusieurs générations et à divers représentants de ce que lui ne rechignerait pas à appeler «le peuple de Marseille». Mobilisant des procédés de l'agitprop réhabilités par des collectifs de quartier et des associations d'aide aux migrants, le film saute de drames intimes en grands moments de fusion affectueuse, d'histoires d'amour en flèches précises décochées à l'actualité.

Et la fête continue! est un film, bien sûr, et qui se regarde comme tel. Mais c'est aussi un nouveau chapitre d'une sorte de chronique politique et humaine, coloriée volontairement en couleurs primaires, mise en musique au son de chansons à reprendre en chœur –dont, hélas, le toujours épouvantable «Emmenez-moi» de Charles Aznavour, particulièrement embarrassant lorsqu'il s'agit de faire chanter à des enfants ayant fui la terreur et la mort depuis l'autre côté de la Méditerranée que la misère serait moins laide au pays du soleil.

Rosa (Ariane Ascaride), citoyenne active parmi les habitants du quartier frappé par la catastrophe. | Diaphana

Depuis plus de quatre décennies (Dernier été, sorti en 1981), Robert Guédiguian s'inspire des changements réels de sa ville et de son temps, gardant mémoire d'une histoire longue qui est d'abord celle de formes d'organisations populaires, avec ses rituels et ses codes, ses hauts faits et ses zones d'ombre.

Flanqué de sa troupe, qui s'enrichit avec le temps tout en conservant ses piliers (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan; et depuis quatorze ans Robinson Stévenin et Grégoire Leprince-Ringuet), le cinéaste marseillais compose un vaste paysage humain, historique et politique, d'autant plus pertinent qu'il n'a rien de programmatique ou de systématique.

Et la romance qui s'invente entre deux des seniors du récit et de la troupe, Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin, est aussi la manière, tout à fait politique, de ne pas vouloir d'un passéiste «Nous nous sommes tant aimés», mais d'une affirmation obstinée à rester ouvert vers l'avenir.

Et la fête continue!

de Robert Guédiguian

avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Gérard Meylan, Robinson Stévenin, Grégoire Leprince-Ringuet, Alice Da Luz

Séances

Durée: 1h46

Sortie le 15 novembre 2023

QOSHE - À voir en salles: «Little Girl Blue», «Ricardo et la peinture», «Nous, étudiants!», «Et la fête continue!» - Jean-Michel Frodon
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À voir en salles: «Little Girl Blue», «Ricardo et la peinture», «Nous, étudiants!», «Et la fête continue!»

8 0
15.11.2023

Temps de lecture: 10 min

Dans la déferlante de sorties de tous poils qui inondent les écrans, net avantage aux documentaires cette semaine. Le pluriel s'impose, non seulement pour leur nombre, mais aussi pour la multiplicité des formes mobilisées.

Du dispositif complexe et fécond imaginé par Mona Achache, y compris en exposant le recours à la fiction, à la frontalité factuelle des situations assemblées par Rafiki Fariala (et qui, évidemment, n'exclut pas non plus l'artifice, la mise en scène), l'écart est considérable et riche de ressources.

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Comme l'est aussi la rencontre affectueuse et faussement naïve de Barbet Schroeder avec son ami le peintre, autre modalité d'un «cinéma du réel» dont on se rappelle bientôt que tout cinéma digne de ce nom est «du réel», à un titre ou à un autre.

Soit, dans ces cas, trois manières de portraits, qu'il soit familial, amical et artistique ou générationnel. Et trois documentaires dont le cinéaste est aussi un personnage à l'écran. Mais cela vaut aussi bien pour la fiction affichée, et qui revendique sa stylisation, qu'est le nouveau film de Robert Guédigian accompagné de sa troupe, et s'inscrit dans l'histoire au long cours de son cinéma.

Sous le titre de la bouleversante chanson éponyme de Janis Joplin surgit un film imprévisible, troublant par son rapport incandescent à des histoires elles-mêmes brûlantes, qu'il explore, dévoile et tente en vain de dompter.

Une jeune femme que nous ne connaissons pas, et dont il s'avèrera plus tard qu'il s'agit de la réalisatrice, déploie dans une grande pièce vide une quantité astronomique de photos et de documents, tout en montrant des fragments de textes sur son ordinateur.

Il faudra du temps, un temps utile et stimulant, pour comprendre que cela concerne la mère de cette jeune femme, pour tisser les liens qui relient cette femme à sa propre mère, pour commencer à se figurer la carte spatio-temporelle où ces fragments s'inscrivent.

La mère de Mona Achache, Carole Achache, a été photographe et écrivaine, notamment d'un livre consacrée à sa propre mère, Fille de (paru en 2011). Celle-ci, Monique Lange, fut une figure du monde littéraire parisien d'après-guerre, écrivaine et éditrice, proche d'Albert Camus, de Jean Genet, de Marguerite Duras. En 2016, Carole Achache s'est pendue.

Une femme que, elle, nous connaissons, Marion Cotillard, arrive dans la grande pièce où Mona Achache a étalé les archives concernant sa mère et sa grand-mère. La comédienne doit jouer Carole, dans un film que prépare Mona. Elle met les habits, s'équipe du sac à main et des accessoires utilisés par la disparue, et s'adjoint une perruque qui complète la ressemblance apparente.

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Être écrivaine et mère, c'est possible

Il n'est pas dit que le film dans lequel doit jouer Marion Cotillard est Little Girl Blue, lequel serait plutôt le making of d'une fiction avec l'actrice, fiction qui n'existera jamais. Tant mieux, le making of est bien plus intéressant.

Il concerne des gens réels, la mère et la grand-mère mais aussi leurs proches: le grand poète espagnol Juan Goytisolo, l'écrivain et homme politique Jorge Semprún, la cinéaste Florence Malraux... À leur époque, ces personnes ont été beaucoup filmées, photographiées, interviewées dans les journaux et par les radios. Little Girl Blue fait jouer ensemble archives d'alors et reenactment (reconstitution).

Parfois c'est elle, Carole, et parfois c'est Marion Cotillard en Carole, qui dit les mots, qui fait les gestes. Quelque chose émerge du jeu des apparences, médiatiques, culturelles, de mode, de prestige, de délire. Quelque........

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