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Vous voulez un top 10 de fin d'année comme tout le monde fait? En voilà un, par ordre alphabétique des réalisateurs : Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan, De Humani Corporis Fabrica de Lucien Castaing Taylor et Verena Paravel, Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki, L'Arbre aux papillons d'or de Pham Thiên Ân, Showing Up de Kelly Reichardt, La Chimère d'Alice Rohrwacher, Notre corps de Claire Simon, Anatomie d'une chute de Justine Triet, Neptune Frost de Saul Williams et Anisia Uzeyman.

J'aime beaucoup ces dix films. J'aurais aussi pu faire une liste en partie différente. Mais est-ce si intéressant?

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N'est-il pas plus significatif, amusant, mystérieux, stimulant de constater que plus de 800 nouveaux films sont sortis sur les écrans français en 2023? Certains ont inondé des centaines de salles, d'autre n'ont eu droit qu'à quelques séances. Au-delà des évidentes inégalités, qui n'ont fait que s'aggraver encore cette année, ensemble, ils disent la fécondité de l'expression cinématographique.

S'il y a bien eu un effet de rattrapage après la disette Covid, le phénomène dans son ensemble reste actif et le restera dans un avenir prévisible. Au quantitatif impressionnant s'ajoute une ampleur qualitative qui ne l'est pas moins.

Je n'ai pas vu tous ces films, j'en ai vu un peu plus de la moitié. Voici le moment de rappeler, en toute subjectivité assumée, ceux qui, parmi ces quelque 400 que j'ai vus, m'ont touché, impressionné, ému et fait réfléchir du 1er janvier au 31 décembre.

Il ne s'agit pas ici de tous les films qui m'ont plu –ils sont encore plus nombreux, désolé La Rumeur, Anthony Chen, Barbet Schroeder, Lubna Playoust, Vladimir Perišić, Woody Allen, Marie Amachoukeli, Frédéric Mermoud, Mila Turajlić, Noah Teichner, Frédéric Sojcher, Jean Odoutan, Wissam Charaf, Audrey Ginestet, Laura Mora, Steffi Niederzoll, Olivier Bohler, Céline Gailleur, Steve Achiepo, Philippe Petit, Guillaume Renusson...

Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki, bonheur sans mélange... | Via Diaphana

Il s'agit de ceux qui, à un titre ou à un autre, me paraissent marquants, dont j'ai envie de me souvenir et que d'autres s'en souviennent –ou les découvrent.

Je me retrouve alors avec une liste de près de 80 titres. Un cinquième des films vus dans l'année! C'est énorme. Il me semble que le déroulé du contenu de cette liste-là, et sa longueur même, sont bien plus riches de sens qu'un podium arbitrairement rabougri à dix noms.

Parmi ces quelque 80 titres, on trouve un nombre significatif (vingt-trois) de premiers ou deuxièmes films, témoignant d'une relève multiple et prometteuse. Le chiffre est à peine supérieur, mais est cette fois clairement insuffisant, pour ce qui est des femmes cinéastes.

Raison de plus pour proclamer haut et fort que s'il fallait retenir quatre films seulement de cette année, ils seraient signés par des femmes, en pleine possession de leur art: Kelly Reichardt, Alice Rohrwacher, Justine Triet, Claire Simon.

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Si les jeunes cinéastes sont nombreux, on retrouve aussi des vétérans en grande forme (Martin Scorsese, Marco Bellocchio, Hayao Miyazaki, Claire Denis, Frederick Wiseman, Wim Wenders, Ken Loach, André Téchiné, Philippe Garrel…), certains ayant cette année proposé leur meilleure réalisation depuis longtemps.

Avant de suivre, par commodité (le procédé est discutable), la répartition géographique des origines de ces films, où se distingue surtout un considérable ensemble de propositions européennes, il faut souligner la puissance sans cesse en expansion de ce qui est moins un genre qu'une approche du cinéma, et qu'on appelle le documentaire.

Non seulement le nombre de ceux qu'on considère comme mémorables parmi les sorties en salles de 2023 est très élevé, un bon quart du total, mais «le» documentaire, sans abandonner des modes de réalisation classique incarnés par Wiseman avec Menus Plaisirs, Nicolas Philibert avec Sur l'Adamant ou Laura Poitras avec Toute la beauté et le sang versé, Alexander Abaturov avec Paradis, Rafiki Fariala avec Nous, étudiants!), ne cesse de multiplier les nouveaux dispositifs d'approche du réel.

Les Filles d'Olfa, de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, quand des actrices aident à faire face aux réalités cruelles | Jour2fête

Il le fait en mêlant des acteurs et actrices aux autres protagonistes (Les Filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania, Little Girl Blue de Mona Achache), ou quand le ou la cinéaste intervient personnellement et intimement dans son film (Notre corps de Claire Simon, Au cimetière de la pellicule de Thierno Souleymane Diallo, L'Amitié d'Alain Cavalier, (A)nnées en parenthèses de Hejer Charf).

Il arrive aussi de plus en plus souvent que le ou la cinéaste y convie ses proches, pour de complexes et souvent douloureuses introspections (Marx peut attendre de Marco Bellocchio, On a eu la journée, bonsoir de Nariman Mari, Pour ton mariage d'Oury Milshtein, Le Poireau perpétuel de Zoé Chantre, film qui mobilise en outre l'animation).

D'autres parmi ces documentaires se distinguent par leur manière contemporaine d'interroger les illusions de réalité (Le Vrai du faux d'Armel Hostiou), souvent en mobilisant les potentiels du recours à des archives (Rewind & Play d'Alain Gomis, Journal d'Amérique d'Arnaud des Pallières, De la conquête de Franssou Prenant, À pas aveugles de Christophe Cognet).

Réinventer les manières de voir: De humani corporis fabrica | Les Films du Losange

On a aussi pu voir des cinéastes se livrer éperdument au fil de situations imprévues (Zorn I, II, III de Mathieu Amalric), et même réinventer radicalement son dispositif, transgressant la séparation entre intérieur et extérieur des corps (De Humani Corporis Fabrica de Lucien Castaing Taylor et Verena Paravel).

Parmi ces trois continents, c'est toujours et de loin l'Asie qui occupe le plus de terrain, avec quatorze films. Le plus remarquable cette année est sans doute qu'on y trouve peu des grands noms de longtemps identifiés, hormis le Japonais Miyazaki avec Le Garçon et le héron, le Philippin Lav Diaz avec Quand les vagues se retirent et le Coréen Hong Sang-soo, toujours aussi prolifique avec deux films La Romancière, le film et le heureux hasard et De nos jours. On peut y ajouter l'Iranien Mani Haghighi, remarqué pour Les Ombres persanes.

Mais du même pays, on aura aussi vu apparaître The Wastetown d'Ahmad Bahrami et L'Odeur du vent de Hadi Mohaghegh, deux belles découvertes.

L'Odeur du vent de l'Iranien Hadi Mohaghegh | Bodega Films

Très inhabituelle a été en 2023 la faible représentation chinoise, dont on ne gardera guère en mémoire que Le Retour des hirondelles de Li Ruijun. Et le Japon n'est guère plus présent, avec seulement Juichiro Yamasaki pour Yamabuki.

On se souviendra en revanche aussi de la Coréenne July Jung pour About Kim Sohee, et du film tourné en Corée par le franco-cambodgien Davy Chou, Retour à Séoul. Sans oublier que cette année a aussi contribué à attirer l'attention sur l'œuvre du cinéaste kazakh Adilkhan Yerzhanov, dont deux inédits ont été distribués, Assaut et L'Education d'Ademoka.

Mais la plus belle nouvelle venue de cette partie du monde est assurément la révélation du cinéaste vietnamien Pham Thiên Ân avec L'Arbre aux papillons d'or.

Du continent africain, outre les trois documentaires déjà cités, on aura vu apparaître des films absolument remarquables, et qui tous inventent des relations avec l'imaginaire, le fantastique, pour mieux prendre en charge l'histoire et le présent (voire le futur) de cette partie du monde.

Le plus sidérant est sans doute Neptune Frost de Saul Williams et Anisia Uzeyman, suivi de prêt par Augure de Baloji.

Neptune Frost de Paul Williams et Anisia Uzeyman | Damned Distribution

Mais le magnifique Le Barrage tourné au Soudan par l'artiste libanais Ali Cherri et le cauchemar politique et fantasmatique Ashkal rêvé par le Tunisien Youssef Chebbi participent également de la puissance de ces propositions. Sans oublier le beau Déserts du Marocain Faouzi Bensaïdi.

C'est plus que ce dont on se souviendra en provenance d'Amérique latine, peu inspirée cette année. Il reste deux excellentes découvertes, avec des premiers films aussi accomplis que prometteurs, Trenque Lauquen de l'argentine Laura Citarella et Les Colons du Chilien Felipe Gálvez.

Ah oui! Il y a aussi une Amérique du Nord. Elle règne sur le box office, et occupe la majorité des écrans, mais côté offre de cinéma, elle est devenue bien limitée.

De Hollywood, on retiendra malgré tout, après un Babylon décevant et un Spielberg pas entièrement convaincant, deux œuvres très fortes, Oppenheimer de Christopher Nolan, hélas à demi-phagocyté par l'opération publicitaire qui l'a accouplé au laid et truqueur Barbie, et Killers of the Flower Moon, qui a rejoint la liste des meilleures réalisations de Martin Scorsese.

Côté indépendants, outre le documentaire de Laura Poitras déjà mentionné, on chantera d'autant plus les louanges de Kelly Reichardt et de son Showing Up qu'on les trouve terriblement isolées. Et n'allez pas croire que les meilleurs films hollywoodiens sont sur les plateformes, où c'est pire.

Le continent européen va mal. Du moins les cinémas d'Europe –le pluriel s'impose plus que jamais– s'avèrent étonnamment féconds.

Les Herbes sèches de Nuri Bile Celan | Memento

Au jeu du plus beau film, après en avoir élu quatre ci-dessus on en affirmera deux autres, du nord au sud-est, des feuilles aux herbes. Les Feuilles mortes du Finlandais Aki Kaurismäki est une pure merveille, une évidence. Nullement évident, mais passionnant d'ambition et de beauté est la nouveau film du Turc Nuri Bilge Ceylan, Les Herbes sèches (on remet à plus tard la question de savoir dans quelle mesure s'il s'agit d'un cinéaste européen, c'est en tout cas dans cette case que son film trouve le plus légitimement sa place).

Trois grands films italiens ont été à la fois révélés et laissés de côté par le Festival de Cannes 2023: l'exceptionnel La Chimère d'Alice Rohrwacher, déjà mentionné, l'émouvant et sincère Vers un avenir radieux de Nanni Moretti, et l'ample et inquiet L'Enlèvement de Marco Bellocchio.

Même tourné au Japon, Perfect Days reste absolument un film de l'Européen Wim Wenders. De manière très inhabituelle, on trouve encore deux autres films allemands mémorables parmi les sorties de l'année, Music d'Angela Schanelec et Le Ciel rouge de Christian Petzold.

Autre beau triplé inattendu, celui du cinéma espagnol, avec le retour du si longtemps attendu Victor Erice (Fermer les yeux), la confirmation du talent original et sensible de Jonás Trueba (Venez voir), et la révélation d'un couple de poètes de l'écran, Helena Girón et Samuel Delgado (Un corps sous la lave).

Désordres de Cyril Schaüblin | Shellac

Aux deux extrêmes en termes de génération, deux Britanniques, le chevronné Ken Loach avec The Old Oak et la débutante Charlotte Wells avec Aftersun, ont aussi fait partie des très belles rencontres de l'année dans les salles obscures. Comme la découverte de deux jeunes cinéastes portugaises, Claudia Varejaõ avec Loup & chien et Cristele Alves Meira avec Alma viva.

Encore un premier film, encore mieux qu'une promesse, déjà un accomplissement, voici le si beau Désordres du réalisateur suisse Cyril Schaüblin.

Enfin, de l'Est de l'Europe, deux véritables découvertes, dues au réalisateur hongrois Dénes Nagy (Natural Light) et à la Russe Marusya Syroechkovskaïa (How to Save a Dead Friend). Et une confirmation, celle du talent et de l'acuité politique du Roumain Cristi Puiu (MMXX).

Sans même compter les documentaires mentionnés ci-dessus, comme chaque année le cinéma français est celui qui offre la plus grande diversité comme la plus grande quantité de titres ambitieux. Ici comme sous les autres rubriques, chacun·e pourra ajouter ou retrancher à sa guise, le constat d'ensemble demeure valide.

Tom Mercier et Anaïs Demoustier dans La Bête dans la jungle de Patrick Chiha | Les Films du Losange

C'est pour une large part le résultat du système d'accompagnement par la puissance publique du cinéma dans ce pays, accompagnement qui ne cesse de subir des menaces des actuels dirigeants –et ce sont ces menaces que Justine Triet a dénoncées en recevant sa justifiée Palme d'or, pour un film, Anatomie d'une chute, qui, hors de toute polémique comme de toute récompense, reste passionnant.

Passionnants, également, l'autre réflexion sur la vérité à partir d'un cadre judiciaire Le Procès Goldman de Cédric Kahn, et le songe éveillé de Patric Chiha aux côtés de ses immortels (La Bête dans la jungle), la méditation affectueuse et joueuse de Philippe Garrel sur les liens du spectacle et de la famille (Le Grand Chariot), et l'exploration des arcanes d'un amour entre frère et sœur par André Téchiné (Les Ames sœurs), ou d'un père et sa fille par Erwan le Duc (La Fille de son père).

À cette énumération, il convient d'ajouter la joie des premières fois, avec la découverte de Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, de Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, du Ravissement d'Iris Kaltenbäck.

Zita Henrot dans À mon seul désir de Lucie Borleteau | Pyramide Distribution

Chacun·e aura compris que ce texte prend le parti d'affirmer le bonheur des découvertes et de la diversité, sans éprouver le besoin d'énumérer en contrepoint les innombrables motifs d'inquiétude, de colère et de tristesse, qui ne manquent pas, dans le cinéma non plus.

C'est pourquoi on termine avec un carré d'as de films magnifiques qui, comme bien d'autres mentionnés ci-dessus, n'ont «pas trouvé leur public», selon la formule vaguement hypocrite en vigueur. Qu'ils soient ici évoqués non sous le signe de la tristesse de leur échec commercial, mais dans le rayonnement de leur existence malgré tout, et la promesse des réalisations à venir de leurs auteurs et autrices.

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C'est, bouleversant, le film inspiré à Isaki Lacuesta par les attentats du 13-Novembre et leurs suites, Un an, une nuit, et c'est, impressionnant de justesse sensuelle, la plongée dans le spectacle des corps féminins de Lucie Borleteau À mon seul désir. C'est, torride et infiniment troublante, l'épopée de la jeune héroïne de Stars at Noon de Claire Denis. Et c'est, inclassable, inspiré, aux confins du fantastique et d'un réalisme à vif, le Goutte d'or de Clément Cogitore.

Vivement la suite, toujours au cinéma.

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Ces films de 2023 à voir (ou à revoir)

8 42
26.12.2023

Temps de lecture: 10 min

Vous voulez un top 10 de fin d'année comme tout le monde fait? En voilà un, par ordre alphabétique des réalisateurs : Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan, De Humani Corporis Fabrica de Lucien Castaing Taylor et Verena Paravel, Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki, L'Arbre aux papillons d'or de Pham Thiên Ân, Showing Up de Kelly Reichardt, La Chimère d'Alice Rohrwacher, Notre corps de Claire Simon, Anatomie d'une chute de Justine Triet, Neptune Frost de Saul Williams et Anisia Uzeyman.

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N'est-il pas plus significatif, amusant, mystérieux, stimulant de constater que plus de 800 nouveaux films sont sortis sur les écrans français en 2023? Certains ont inondé des centaines de salles, d'autre n'ont eu droit qu'à quelques séances. Au-delà des évidentes inégalités, qui n'ont fait que s'aggraver encore cette année, ensemble, ils disent la fécondité de l'expression cinématographique.

S'il y a bien eu un effet de rattrapage après la disette Covid, le phénomène dans son ensemble reste actif et le restera dans un avenir prévisible. Au quantitatif impressionnant s'ajoute une ampleur qualitative qui ne l'est pas moins.

Je n'ai pas vu tous ces films, j'en ai vu un peu plus de la moitié. Voici le moment de rappeler, en toute subjectivité assumée, ceux qui, parmi ces quelque 400 que j'ai vus, m'ont touché, impressionné, ému et fait réfléchir du 1er janvier au 31 décembre.

Il ne s'agit pas ici de tous les films qui m'ont plu –ils sont encore plus nombreux, désolé La Rumeur, Anthony Chen, Barbet Schroeder, Lubna Playoust, Vladimir Perišić, Woody Allen, Marie Amachoukeli, Frédéric Mermoud, Mila Turajlić, Noah Teichner, Frédéric Sojcher, Jean Odoutan, Wissam Charaf, Audrey Ginestet, Laura Mora, Steffi Niederzoll, Olivier Bohler, Céline Gailleur, Steve Achiepo, Philippe Petit, Guillaume Renusson...

Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki, bonheur sans mélange... | Via Diaphana

Il s'agit de ceux qui, à un titre ou à un autre, me paraissent marquants, dont j'ai envie de me souvenir et que d'autres s'en souviennent –ou les découvrent.

Je me retrouve alors avec une liste de près de 80 titres. Un cinquième des films vus dans l'année! C'est énorme. Il me semble que le déroulé du contenu de cette liste-là, et sa longueur même, sont bien plus riches de sens qu'un podium arbitrairement rabougri à dix noms.

Parmi ces quelque 80 titres, on trouve un nombre significatif (vingt-trois) de premiers ou deuxièmes films, témoignant d'une relève multiple et prometteuse. Le chiffre est à peine supérieur, mais est cette fois clairement insuffisant, pour ce qui est des femmes cinéastes.

Raison de plus pour proclamer haut et fort que s'il fallait retenir quatre films seulement de cette année, ils seraient signés par des femmes, en pleine possession de leur art: Kelly Reichardt, Alice Rohrwacher, Justine Triet, Claire Simon.

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Et si Hergé avait été le premier artiste woke?

Si les jeunes cinéastes sont nombreux, on retrouve aussi des vétérans en grande forme (Martin Scorsese, Marco Bellocchio, Hayao Miyazaki, Claire Denis, Frederick Wiseman, Wim Wenders, Ken Loach, André Téchiné, Philippe Garrel…), certains ayant cette année proposé leur meilleure réalisation depuis longtemps.

Avant de suivre, par commodité (le procédé est discutable), la répartition géographique des origines de ces films, où se distingue surtout un considérable ensemble de propositions européennes, il faut souligner la puissance sans cesse en expansion de ce qui est moins un genre qu'une approche du cinéma, et qu'on appelle le documentaire.

Non seulement le nombre de ceux qu'on considère comme mémorables parmi les sorties en salles de 2023 est très élevé, un bon quart du total, mais «le» documentaire,........

© Slate


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