Temps de lecture: 3 min

Depuis le premier jour de sa création, la Nupes était une aberration, un mélange impossible entre des partis de gouvernement et une formation politique dont la seule vocation était de semer le désordre afin de rendre possible la victoire de ses idées. Ce n'était pas une alliance mais un traquenard, une tambouille électoraliste qui tôt ou tard viendrait se fracasser contre le mur du réel.

Dès ses débuts, La France insoumise, consciente que les urnes lui refuseraient toujours l'accès aux responsabilités les plus hautes, a entretenu un climat de guerre civile, une sorte d'hystérisation des débats où l'important n'était pas de convaincre ni de changer les mentalités mais de marquer les esprits de la manière la plus outrancière possible.

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter quotidienne de Slate.fr et ne ratez plus aucun article!

Je m'abonne

Pour s'imposer, il fallait s'agiter, créer le chaos, malmener la République afin de rendre possible le renversement de l'ordre établi. Un mouvement révolutionnaire comme celui des Insoumis ne cherche pas à attendrir les cœurs; pour exister, pour exulter, il lui faut constamment remuer la fange, allumer des contre-feux, user d'une rhétorique guerrière qui, amenée à son point culminant, doit permettre à la violence d'exercer son magistère sur des esprits auparavant chauffés à blanc.

Depuis l'attaque du 7 octobre, La France insoumise n'a eu cesse de vouloir monter les communautés juive et musulmane l'une contre l'autre. À aucun moment, elle n'a cherché à apaiser, à rassembler, à panser les blessures des uns et des autres mais plutôt à ensanglanter les débats et à permettre à la haine de se propager. Sur les plaies vives des sentiments outragés, elle a répandu le fiel de la division, de l'affrontement.

Car pour une frange de La France insoumise, il s'agit toujours de permettre l'émergence d'une force contestataire capable de tout renverser sur son passage, les individus comme les principes. C'est dans cette insurrection de la pensée qu'elle rejoint le Rassemblement national, par ce désir de mettre à mal l'esprit de consensus et de concorde sans lequel une gouvernance raisonnée du pouvoir ne peut s'exercer.

Se servir des juifs comme d'un moyen d'attirer un électorat sensible à la cause palestinienne tout en misant sur une toujours possible contagion des esprits est une vieille recette de cet antisémitisme qui permet à chacun d'exalter dans son coin ses passions les plus tristes.

À LIRE AUSSI

Comment s'enchevêtrent le racisme et l'antisémitisme aujourd'hui

L'antisémitisme de l'extrême droite voit dans le juif la figure de l'étranger, de l'individu qui œuvre en sourdine à la destruction de la nation, le traître à la patrie; celui de l'autre bord le consacre comme la figure du colonisateur, du dominant sans scrupules, du capitaliste cupide à l'appétit jamais rassasié. Les visées sont différentes, les dérélictions similaires.

Une nouvelle fois, pour que triomphent ses idées, une certaine gauche ne reculera devant rien. S'il le faut, elle sacrifiera les juifs, elle glorifiera le Hamas, elle diabolisera Israël dans le seul but d'affaiblir la République. Par tous les moyens, elle cherchera l'affrontement, l'embrasement, le vacillement de la démocratie, le désordre, l'avilissement des consciences quand prises à la gorge elles cessent de raisonner pour mieux cautionner le chaos ambiant.

La gauche n'a pas disparu de ce pays, elle a été prise en otage par un groupe d'individus bornés et grossiers qui se moquent d'améliorer l'ordinaire des petites gens. Non, ce que veulent certains leaders et tous leurs sbires, n'est pas le triomphe de la justice mais la seule consécration de leurs idées, la glorification de leurs penchants révolutionnaires, la conquête du pouvoir par la force née d'agissements violents.

Il est grand temps que la gauche sociale et démocrate cesse toute fréquentation avec La France insoumise. Elle doit couper les ponts de la manière la plus tranchée possible. Redevenir une force capable de rassembler autour d'elle des individus pour qui la fraternité, la solidarité et l'équité ne sont pas des concepts abstraits –des outils de propagande– mais bien des réalités tangibles, les fondements même d'une politique axée autour de l'idée de justice pour tous.

Et refuser de toutes ses forces ce jeu imbécile de la concurrence victimaire qui cherche à exacerber les tensions communautaires, à se jouer de la douleur des uns, du chagrin des autres, pour mieux enflammer le pays.

Le temps du sursaut est venu.

C'est maintenant.

Pour suivre l'actualité de ce blog, c'est par ici: Facebook – Un juif en cavale

QOSHE - Les gauches sont désormais vraiment irréconciliables et c'est tant mieux - Laurent Sagalovitsch
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Les gauches sont désormais vraiment irréconciliables et c'est tant mieux

8 24
14.11.2023

Temps de lecture: 3 min

Depuis le premier jour de sa création, la Nupes était une aberration, un mélange impossible entre des partis de gouvernement et une formation politique dont la seule vocation était de semer le désordre afin de rendre possible la victoire de ses idées. Ce n'était pas une alliance mais un traquenard, une tambouille électoraliste qui tôt ou tard viendrait se fracasser contre le mur du réel.

Dès ses débuts, La France insoumise, consciente que les urnes lui refuseraient toujours l'accès aux responsabilités les plus hautes, a entretenu un climat de guerre civile, une sorte d'hystérisation des débats où l'important n'était pas de convaincre ni de changer les mentalités mais de marquer les esprits de la manière la plus outrancière possible.

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter quotidienne de Slate.fr et ne ratez plus aucun article!

Je m'abonne

Pour s'imposer, il fallait s'agiter, créer le chaos, malmener la République afin de rendre possible le renversement de l'ordre établi. Un mouvement révolutionnaire comme celui des Insoumis ne cherche pas à attendrir les cœurs; pour exister, pour exulter, il lui faut........

© Slate


Get it on Google Play