Temps de lecture: 2 min

Chaque samedi, Louison chronique un objet ou un événement de notre quotidien.

Je m'attendais à pas mal de choses en ce début d'année 2024, principalement à quelques catastrophes climatiques et à la progressive invasion de peluches et autres objets dérivés en forme de clitoris enthousiastes, mais j'avoue, sans trembler: j'avais pas prévu que tout le monde se mette à citer du Corneille. Pas le chanteur qui vient de loin, hein, mais le dramaturge qui vient d'encore plus loin. Dans le temps.

Il aura donc suffi de la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre mardi 9 février pour que, d'un coup, tous les commentateurs de la vie politique se souviennent qu'ils ont, un jour dans leur vie, fait un commentaire de texte sur Le Cid et que dans l'acte II, à bien y repenser, y avait un truc pas mal qui pourrait resservir face au jeune âge (34 ans) du nouveau chef du gouvernement.

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Alors oui, pour une fois, cette chronique aurait pu avoir un élan plus littéraire et j'aurais pu, à l'instar de Pierre Corneille, tout vous écrire en alexandrins.

J'y ai pensé, évidemment. Mais deux choses m'ont retenue:

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Aussi je me suis dit: «Ma petite Louison, fais comme dans l'ensemble de ta scolarité et apprends le strict minimum pour juste passer dans la classe d'au-dessus.» (Une technique qui a eu quelques failles, mais telle une Rachida Dati du système scolaire, j'ai su rebondir.)

Bref, pour en revenir à la jeunesse en général et pas que la mienne, et pour que mon choix de la section littéraire serve pour une fois à quelque chose, permettez-moi de me glisser un instant dans la peau d'un commentateur politique face à la nomination d'un Premier ministre de 34 printemps, presque 35, et de dire, tel Rodrigue à l'acte II, scène 2:

«Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées

La valeur n'attend point le nombre des années.»

Autant vous dire qu'ayant quelques printemps de plus que Gaby et étant parfaitement consciente que dans la société, tels les chiens, les femmes doivent plus ou moins multiplier par sept leur âge ressenti pour avoir leur âge réel, ces deux alexandrins sont un grand mystère pour moi. Même si j'ai su lire l'heure à 3 ans et demi et qu'à l'époque, on ne m'a pas filé un diagnostic HPI mais une Flik Flak toute neuve.

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Bref, le nouveau Premier ministre est un jeunot dont j'aurais pu être la baby-sitter, mais tout va bien puisque, si j'en crois la composition de son gouvernement, le mec a 34 ans dehors, 74 ans dedans.

C'est fou comme le monde va vite hein? Mardi c'était un fringant trentenaire tout juste nommé et jeudi il avait déjà l'état d'esprit et la vision progressiste d'un Édouard Balladur.

Là où ça m'emmerde, en dehors du fait que nous, gens de gauche, avons voté Macron pour sauver les meubles et que moins de deux ans après, la très peu progressiste Catherine Vautrin est ministre du Travail et de la Santé, c'est que d'être gouvernée par des gens de droite, ça a tendance à me gonfler le seum et à me creuser la ride du lion.

Et ça, Pierre Corneille, il en a pas fait un alexandrin.

Allez, vivement lundi, et poil au zizi!

(Moi aussi je peux en faire, hein.)

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Vivement lundi: la jeunesse

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13.01.2024

Temps de lecture: 2 min

Chaque samedi, Louison chronique un objet ou un événement de notre quotidien.

Je m'attendais à pas mal de choses en ce début d'année 2024, principalement à quelques catastrophes climatiques et à la progressive invasion de peluches et autres objets dérivés en forme de clitoris enthousiastes, mais j'avoue, sans trembler: j'avais pas prévu que tout le monde se mette à citer du Corneille. Pas le chanteur qui vient de loin, hein, mais le dramaturge qui vient d'encore plus loin. Dans le temps.

Il aura donc suffi de la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre mardi 9 février pour que, d'un coup, tous les commentateurs de la vie politique se souviennent qu'ils ont, un jour dans leur vie, fait un commentaire de texte sur Le Cid et que dans l'acte II, à bien y repenser, y avait un truc pas mal qui pourrait resservir face au jeune........

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