Temps de lecture: 2 min — Repéré sur Wired, Nature

Joe Hudak avait tout essayé. Ancien militaire des forces spéciales américaines désormais à la retraite, il est rentré de ses services en Irak, en Afghanistan et en Amérique du Sud avec d'importants troubles de stress post-traumatique (TSPT). Ni les thérapies par la parole, ni la gamme de médicaments lui ayant été prescrits n'ont pu améliorer son état. Il a tenté de mettre fin à ses jours deux fois en 2012, l'année suivant son retour aux États-Unis.

C'est à travers l'organisation Veterans Exploring Treatment Solutions qu'Hudak semble avoir trouvé une échappatoire. En 2022, lui et vingt-neuf autres vétérans membres de l'organisation ont collaboré avec l'Université Stanford dans le cadre d'une étude testant les effets d'une substance psychédélique, l'ibogaïne. L'étude a pris place au Mexique, où son utilisation n'est pas restreinte.

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Après un traitement par ibogaïne, les vétérans ont connu une réduction moyenne de 88% des symptômes de TSPT, de 87% des symptômes de dépression et de 81% des symptômes d'anxiété. Hudak, quant à lui, a vu disparaître ses maux: «Ces voix dans ma tête qui me criaient dessus et me couvraient de honte, l'ibogaïne les a coupées.» Comme lui a fait remarquer un ami d'enfance, Hudak «semble être revenu à son ancien lui».

Cette substance produit un phénomène onirique, et certains consommateurs décrivent l'expérience de voir défiler un «diaporama de leur propre vie». Les souvenirs seraient observés à la troisième personne, et serait donc réévalués sous une autre perspective. Les sujets de l'étude ont rapporté que le traitement les avait notamment aidés à se libérer de leurs traumatismes.

Si l'ibogaïne s'avère prometteuse dans le traitement des TSPT, l'étendue de ses risques est encore incertaine. Très étroitement réglementée voire interdite dans de nombreux pays dont la France, l'utilisation d'ibogaïne présente un risque d'irrégularités mortelles du rythme cardiaque.

De plus, les chercheurs sont encore incertains à propos de la manière exacte dont agissent l'ibogaine et d'autres psychédéliques sur le cerveau. Il est pour le moment suggéré que ces substances y facilitent le remodelage des connexions. Si les seuls effets secondaires déclarés par Hudak et ses pairs n'ont été que des maux de tête et des nausées, ils ne représentent pas à eux trente un échantillon suffisant pour négliger les dangers de l'ibogaïne.

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Pour l'heure, l'étude se contente de soutenir le lancement d'essais plus rigoureux pour tester le traitement. D'après Alan Davis, psychologue clinicien à l'Université d'État de l'Ohio, «il faudra des années d'études pour déterminer l'efficacité et l'innocuité de l'ibogaïne». Nolan Williams, professeur agrégé de psychiatrie et de sciences du comportement à Stanford, qui a dirigé l'étude, se réjouit du reste du travail à accomplir pour explorer les promesses de ces premières expérimentations encourageantes.

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L'ibogaïne, substance psychédélique qui soulage les traumatismes

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09.01.2024

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur Wired, Nature

Joe Hudak avait tout essayé. Ancien militaire des forces spéciales américaines désormais à la retraite, il est rentré de ses services en Irak, en Afghanistan et en Amérique du Sud avec d'importants troubles de stress post-traumatique (TSPT). Ni les thérapies par la parole, ni la gamme de médicaments lui ayant été prescrits n'ont pu améliorer son état. Il a tenté de mettre fin à ses jours deux fois en 2012, l'année suivant son retour aux États-Unis.

C'est à travers l'organisation Veterans Exploring Treatment Solutions qu'Hudak semble avoir trouvé une échappatoire. En 2022, lui et vingt-neuf autres vétérans membres de l'organisation ont collaboré avec l'Université Stanford dans le cadre d'une étude testant les effets d'une........

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