Temps de lecture: 2 min — Repéré sur BBC

En 1920, le monde sortait à peine de la Première Guerre mondiale et d'une immense pandémie, tout en s'engageant dans un développement technologique vertigineux. Nos ancêtres avaient alors toutes les raisons de s'inquiéter. Pourtant, malgré ces défis considérables, l'historien Thomas Moynihan affirme dans un article de la BBC que les récits d'anticipation écrits à cette époque ont beaucoup à nous apprendre sur notre propre vision pessimiste du futur.

Dans une moindre mesure, les menaces actuelles peuvent être comparées à celles qui planaient sur les générations précédentes. Si nous faisons face en 2024 aux conséquences du réchauffement climatique, de fréquents phénomènes de smog avaient déjà lieu dans les années 1920. Aussi, des guerres faisaient rage dans plusieurs régions du monde, des protestations sociales s'organisaient contre les inégalités grandissantes et enfin, les nouvelles technologies de l'époque –comme les intelligences artificielles d'aujourd'hui– laissaient présager de grandes catastrophes.

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À l'instar de Hunger Games, Squid Game ou Black Mirror, les fictions d'anticipation des années 1920 étaient donc parfois très dystopiques. Cependant, il existait également des alternatives plus nuancées car certains auteurs utilisaient un procédé ingénieux: mettre en scène de futurs historiens et historiennes étudiant leur propre époque a posteriori.

L'idée d'imaginer l'histoire (en tant que discipline) dans le futur est apparue bien avant 1920. Des écrivains de l'époque victorienne utilisaient ce procédé narratif, mais dans un sens très sérieux et fataliste. Les auteurs et autrices des années 1920, en revanche, ont détourné cette pratique avec humour pour critiquer leur propre époque et redonner de l'espoir à leur génération. Pour ce faire, ils se sont inspirés de l'écrivain Joseph Addison.

Dans The Spectator, paru en 1711, Joseph Addison imagine comment un futur historien pourrait faire une analyse impartiale des politiques controversées de sa propre époque. Au milieu du récit, l'historien narrateur se met à étudier la postérité de la célébrité de Joseph Addison lui-même. Ingénieusement amenée, cette blague d'autodérision permet non seulement de souligner le poids de notre histoire personnelle sur nos représentations du futur, mais rappelle surtout avec humour la faillibilité de toute tentative de présager l'avenir.

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Les «histoires futures» des années 1920 empruntent bien plus à la fantaisie d'Addison qu'aux angoisses victoriennes. La série d'essais To-day and To-morrow, dont le centenaire a été célébré fin 2023, en est un bon exemple. Les différents récits de cette série montrent l'impossibilité flagrante de prétendre assumer le rôle d'un futur historien. C'est là que réside l'exploit de l'exercice: en empruntant beaucoup au registre de l'absurde, ces fictions assument de proposer un récit de ce qui pourrait arriver plutôt que de ce qui va arriver.

Un siècle plus tard, nous avons tout le loisir de regarder rétrospectivement les visions du futur proposées par les générations précédentes. On peut s'amuser à repérer ce qui a fini par arriver, mais aussi toutes les prédictions terrifiantes qui ne se sont finalement jamais produites. C'est la raison pour laquelle l'historien résume son propos en affirmant que «prédire, c'est souvent prescrire, mais proposer, c'est entrer dans le dialogue et jouer».

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Les récits d'anticipation des années 1920 ont beaucoup à nous apprendre

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13.01.2024

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur BBC

En 1920, le monde sortait à peine de la Première Guerre mondiale et d'une immense pandémie, tout en s'engageant dans un développement technologique vertigineux. Nos ancêtres avaient alors toutes les raisons de s'inquiéter. Pourtant, malgré ces défis considérables, l'historien Thomas Moynihan affirme dans un article de la BBC que les récits d'anticipation écrits à cette époque ont beaucoup à nous apprendre sur notre propre vision pessimiste du futur.

Dans une moindre mesure, les menaces actuelles peuvent être comparées à celles qui planaient sur les générations précédentes. Si nous faisons face en 2024 aux conséquences du réchauffement climatique, de fréquents phénomènes de smog avaient déjà lieu dans les années 1920. Aussi, des guerres faisaient rage dans plusieurs régions du monde, des protestations sociales s'organisaient contre les inégalités........

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