Temps de lecture: 2 min — Repéré sur The MIT Press Reader

D'où vient notre capacité innée pour la musique? Plus précisément, pourquoi sait-on percevoir et apprécier les battements musicaux sans même avoir eu besoin d'apprendre quoi que ce soit? C'est la question que s'est posée Henkjan Honing, professeur en cognition musicale à l'Université d'Amsterdam, à la sortie de premiers travaux avec son groupe de recherche en 2009. Lui et ses collègues avaient alors découvert que les nouveau-nés semblaient avoir en eux la notion de rythme.

Pour procéder, les chercheurs avaient joué des battements de tambour en dispersant volontairement quelques oublis de notes. Il n'en fallait pas plus pour faire sursauter les nouveau-nés, ou du moins l'appareil qui analysait leur activité cérébrale. Les scientifiques ont alors pu observer un pic d'activité à chaque trou de la partition, indiquant que les (très) jeunes critiques musicaux étaient déjà capables de les déceler.

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Toutefois, cette expérience offrait des interprétations mais pas de preuves. Plusieurs autres chercheurs ont d'ailleurs émis des doutes en remettant en cause les battements auxquels les nouveau-nés ont pu être confrontés, ainsi que l'échantillon même de l'expérience. Il a été suggéré que les réactions observées pouvaient être le résultat d'un apprentissage automatique, et que les nouveau-nés apprenaient la notion de battement musical au même titre qu'ils apprenaient leur langue maternelle. En d'autres termes, les bébés auraient pu apprendre à cause de la musique qui joue dans le salon.

Le groupe de recherche d'Honing s'est donc de nouveau attelé à la tâche en voyant plus grand. L'étude a été réalisée avec davantage de méthodes, et en confrontant un plus large spectre de cobayes. Aux nouveau-nés se sont ajoutés des adultes, certains musiciens et d'autres pas, ainsi que des macaques. L'étude a fini par fournir des preuves convergentes parvenant aux mêmes conclusions sur les capacités de perception des battements musicaux des nouveau-nés.

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Parmi ces preuves, la comparaison avec la réaction qu'ont eue les macaques face à la même expérience. Ces derniers démontraient une certaine sensibilité à la régularité des rythmes, mais une incapacité à déceler les battements, à l'inverse des nouveau-nés. Cela laisse penser que l'évolution de la perception des battements s'est déroulée progressivement chez les primates, et qu'elle aurait atteint son point culminant chez l'espèce humaine.

Cette fois, les résultats ont permis de confirmer «sans équivoque que la perception des battements musicaux est un mécanisme distinct, en particulier distinct de l'apprentissage automatique», déclare Honing. En effet, aucune preuve d'apprentissage automatique n'a pu être observée chez les nouveau-nés. D'après lui, cette nouvelle étude a de crucial qu'elle «ajoute du poids à l'argument en faveur d'un fondement biologique de la perception des battements», faisant de la musique bien plus qu'un simple phénomène culturel. L'expérience auprès des macaques offre même la perspective de la musique comme «avantage évolutif à notre espèce».

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Nous avons tous le rythme dans la peau depuis bébé

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12.01.2024

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur The MIT Press Reader

D'où vient notre capacité innée pour la musique? Plus précisément, pourquoi sait-on percevoir et apprécier les battements musicaux sans même avoir eu besoin d'apprendre quoi que ce soit? C'est la question que s'est posée Henkjan Honing, professeur en cognition musicale à l'Université d'Amsterdam, à la sortie de premiers travaux avec son groupe de recherche en 2009. Lui et ses collègues avaient alors découvert que les nouveau-nés semblaient avoir en eux la notion de rythme.

Pour procéder, les chercheurs avaient joué des battements de tambour en dispersant volontairement quelques oublis de notes. Il n'en fallait pas plus pour faire sursauter les nouveau-nés, ou du moins l'appareil qui analysait leur activité cérébrale. Les scientifiques ont alors pu........

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