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Le premier mois de l'année 2024 signe le départ officiel de la campagne électorale aux États-Unis. Avant d'être appelés aux urnes en novembre pour élire leur prochain président, les électeurs américains sont amenés à déterminer qui sera le candidat de chaque parti en se prononçant lors des différents scrutins internes aux deux grandes familles politiques américaines.

Si, du côté démocrate, le suspense est au plus bas avec un président-candidat –Joe Biden– qui n'aura aucun mal à se défaire des inconnus qui se présentent face à lui, l'enjeu est quelque peu différent pour le Parti républicain qui va voir plusieurs de ses têtes d'affiche s'affronter. Des premières tendances pourraient même se dessiner dès la fin du mois chez les conservateurs, lorsque le caucus de l'Iowa du lundi 15 janvier et la primaire du New Hampshire du mardi 23 auront rendu leur verdict.

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Les sondages des primaires républicaines sont unanimes depuis plusieurs mois: l'ancien président domine de la tête et des épaules ses concurrents. Crédité d'environ 61 à 63% des intentions de voix selon les agrégateurs FiveThirtyEight et RealClearPolitics depuis la mi-décembre, Donald Trump semble toujours bénéficier d'un fort soutien de l'électorat conservateur, malgré tous ses ennuis judiciaires.

Avec ces voyants au vert fluo, tout indique qu'il est en bonne voie pour écraser très rapidement cette course à la nomination. Ne lui reste plus désormais qu'à transformer l'essai dans l'Iowa et dans le New Hampshire, d'ici les prochains jours, pour asseoir un peu plus sa domination.

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S'il apparaît que la première place lui est presque acquise dans ces deux scrutins, notamment dans l'Iowa, il faudra tout de même surveiller de près le pourcentage de voix qu'il accrochera. Car ce n'est pas tant le classement qui déterminera la suite, mais son avance sur la concurrence, qui elle indiquera réellement l'état du rapport de force au sein du Parti républicain.

Un écart de dix pourcents dans l'Iowa –où il est tout de même crédité de plus de 50% dans la plupart des sondages– sur Nikki Haley ou Ron DeSantis, par exemple, sera en effet perçu comme un premier signal négatif qui redonnera de l'espoir à ses poursuivants les mieux placés et pourrait relancer les spéculations sur la viabilité de sa candidature.

Loin derrière Donald Trump, seuls le gouverneur de Floride et l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud semblent encore en mesure de jouer les trouble-fêtes. Les deux sont en effet au coude-à-coude et semblent bien partis pour se partager le reste de l'électorat (de 11% à 12% chacun à l'échelle nationale depuis le début de l'année 2024).

Les équipes de campagne de Ron DeSantis, qui a longtemps été vu comme l'unique personnalité de droite (extrême) à pouvoir ravir la couronne de l'ancien président, ont fortement investi dans l'Iowa, en multipliant les visites et les opérations de porte-à-porte afin de maximiser leurs chances d'obtenir un bon résultat dans le premier État à s'exprimer. Il faut dire qu'après avoir titillé le milliardaire dans les sondages à la fin de l'année 2022, sa campagne bat de l'aile depuis un certain temps. L'Iowa pourrait donc le maintenir hors de l'eau ou le couler.

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Nikki Haley espère quant à elle surtout terminer deuxième dans l'Iowa et dans le New Hampshire pour s'imposer comme l'alternative numéro un à Donald Trump. Soutenue depuis quelques semaines par la puissante et influente Americans for Prosperity Action –organisation conservatrice du milliardaire Charles Koch– qui lui offre davantage de moyens financiers et des équipes pour mener sa campagne, elle bénéficie d'un léger regain d'intérêt d'une partie de l'électorat républicain.

En effet, les sondages indiquent une progression de près de huit points en six mois à l'échelle nationale, si bien qu'elle apparaît proche de coiffer Ron DeSantis pour la place de dauphin. À cela s'ajoute le fait qu'elle semble avoir le vent en poupe dans le New Hampshire, puisqu'elle figure en deuxième position dans les sondages et se rapproche dangereusement de Donald Trump.

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Des enseignements vont pouvoir être tirés de ces deux premiers rendez-vous électoraux des primaires. Mais il ne faudra pas pour autant se hâter d'établir des conclusions précoces et définitives, comme le rappelle Corentin Sellin, professeur agrégé d'histoire et spécialiste des États-Unis, sur X (anciennement Twitter): «Le résultat des premières primaires dans l'Iowa et le New Hampshire, à cause de la faible représentativité des deux États, n'est pas jugé dans l'absolu. Il est toujours mesuré par rapport aux attentes préalables envers un candidat.»

«En 1992, dans le New Hampshire, Bill Clinton finit deuxième loin de Paul Tsongas, ancien sénateur du Massachusetts voisin, continue de nuancer Corentin Sellin. Mais c'est Bill Clinton, gouverneur de l'Arkansas et revenu de tous les scandales, qui semble vainqueur pour être arrivé de si loin et lance sa campagne. En 1988, dans l'Iowa, Michael Dukakis gouverneur du lointain Massachusetts ne finit que troisième mais pas si loin de deux élus (Dick Gephardt et Paul Simon) d'États frontaliers (respectivement le Missouri et l'Illinois) et peut donc revendiquer un bon début qui lance la suite. [...] Bref, ce n'est pas le résultat brut qui importera mais le récit qu'on pourra en faire.»

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Ajoutons à cela le cas Joe Biden, quatrième dans l'Iowa et cinquième dans le New Hampshire en février 2020, ce qui ne l'a pour autant pas empêché de terminer premier à la fin de la course. Et ce, malgré un récit négatif qui avait commencé à s'imposer dans les médias, peu après ces deux contre-performances.

Quand bien même Donald Trump parviendrait à s'imposer très largement en janvier, il sera nécessaire de scruter la suite avec attention. Personne ne peut prédire avec certitude aujourd'hui l'avenir politique et judiciaire de l'ancien président, pris en étau par la justice. Nous sommes désormais au début d'une campagne électorale inédite, qui oblige les observateurs à rester très prudents dans leurs analyses.

QOSHE - Primaires républicaines aux États-Unis: un boulevard pour Donald Trump? - Théo Laubry 
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Primaires républicaines aux États-Unis: un boulevard pour Donald Trump?

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12.01.2024

Temps de lecture: 4 min

Le premier mois de l'année 2024 signe le départ officiel de la campagne électorale aux États-Unis. Avant d'être appelés aux urnes en novembre pour élire leur prochain président, les électeurs américains sont amenés à déterminer qui sera le candidat de chaque parti en se prononçant lors des différents scrutins internes aux deux grandes familles politiques américaines.

Si, du côté démocrate, le suspense est au plus bas avec un président-candidat –Joe Biden– qui n'aura aucun mal à se défaire des inconnus qui se présentent face à lui, l'enjeu est quelque peu différent pour le Parti républicain qui va voir plusieurs de ses têtes d'affiche s'affronter. Des premières tendances pourraient même se dessiner dès la fin du mois chez les conservateurs, lorsque le caucus de l'Iowa du lundi 15 janvier et la primaire du New Hampshire du mardi 23 auront rendu leur verdict.

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