À la question du jour, je vous demande de vous prononcer sur le nombre de matchs que le Canadien aurait gagné jusqu’ici parmi les 10 qui ont été disputés en séries éliminatoires.

Question un brin tordue, mais pas totalement farfelue. La saison du CH est pliée dans la boîte au bout de 82 matchs pour la troisième année de suite, le Kool-Aid de l’espoir a très bon goût pour l’amateur du Bleu-Blanc-Rouge.

Il ne s’en trouve que très peu pour critiquer cette reconstruction qui n’offre aucune garantie tangible de succès à son dénouement. Autrement dit, le message de Geoff Molson passe très bien, peu le contestent et la domination sur le marché du Québec est pleine et entière.

Mais revenons à la question du jour... on peut mettre nos lunettes roses et continuer de se nourrir du simple espoir, on peut se découvrir une passion pour la philosophie et se dire: «sur un 4 de 7 le CH ne gagnerait aucune des huit séries de premier tour, mais, sur un soir seulement, ils auraient battu n’importe lequel des 16 clubs en séries».

Dans les faits, je pense qu’il est impératif de répondre le plus honnêtement possible à la question, à partir des données que nous possédons et sans considérer quelque performance miraculeuse d’un soir donné qui soit puisque nous sommes dans le pur registre hypothétique.

Considérant cela, est-ce que samedi le CH aurait battu les Hurricanes en Caroline ? Non. Les Bruins à Boston ? Non plus.

Est-ce que les hommes de Martin St-Louis auraient vaincu les Panthers en Floride dimanche? Absolument pas. Pas plus que les Rangers à Madison Square Garden ou encore les Jets à Winnipeg. Peut-être les Canucks à Vancouver, pis encore.

Hier soir, le CH aurait peut-être aussi battu les Bruins à Boston puisque les Leafs y sont parvenus, mais auraient-ils vaincu les «Canes», les Golden Knights ou les Oilers? Je me dois, si je suis totalement honnête dans ma démarche, de dire que non.

Autrement dit, le CH aurait à mon avis, dans le meilleur des cas, gagné deux des 10 rencontres de séries qui ont été disputées jusqu’ici.

Et leurs probabilités de passer au deuxième tour auraient été de faibles à nulles face à n’importe laquelle des 16 équipes de la première ronde, sauf peut-être les Capitals de Washington, les intrus du premier tour.

Certains d’entre vous devez vous dire que je me range du côté des tenants de la reconstruction en profondeur. Absolument pas et ça n’arrivera pas non plus.

La descente aux enfers éternelle et tout impuissante a des allures de sinécure lente et pénible comme une torture. Elle ne m’intéresse pas.

Parce que même si les perspectives pour le Canadien de remporter une série éliminatoire sont à peu près inexistantes au moment où l’on se parle, il n’y a rien comme la ferveur des partisans en matchs éliminatoires.

La fièvre du printemps sur Montréal est ce qu’il y a de plus violemment beau dans le sport professionnel au Québec, y’a juste ça de vrai, gagne ou perd.

C’est cette fièvre qui ravive le véritable espoir, pas celui beaucoup plus tiède des saisons perdantes que le CH vit actuellement. Tu as un ticketpour les séries, tu ne sais jamais ce qui peut se produire.

Et même si avec lucidité on regarde les matchs actuellement en se disant qu’on ne joue pas dans la même ligue que 14 des 16 clubs qui bataillent ce premier tour avec ambition et conviction, je souhaiterais que le Canadien tente sa chance quand même.

Parce que tant qu’à perdre aussi bien le faire en éliminatoires, ce qui fait partie intégrante d’un processus visant à devenir une puissance, apprendre à perdre pour mieux apprendre à gagner, voilà une phrase galvaudée qui vaut son pesant en séries de fin de saison mais qui vaut bien peu dans des matchs qui ne veulent rien dire en saison puisque tu es déjà virtuellement éliminé.

Le Canadien a adopté une stratégie, un grand plan signé et endossé par le propriétaire Geoff Molson. Il a beau jeu, il règne seul, sans véritable compétition pour le dollar loisir. Son building est plein, le club n’est pas dans le coup et les fortunés en redemandent.

Comprenez-moi bien, je ne dis pas que Goeff Molson ne veut pas gagner. Je dis par contre que lorsque ton entreprise cumule de succulents profits sans égard aux performances de l’équipe sur la glace, que ta business exerce un monopole absolu dans son secteur d’activités, que tout ce qui se dit et s’écrit tient en équilibre entre les heureux et les malheureux, que la pression de performer est inexistante même si fondamentalement tu veux gagner, tu es moins pressé.

QOSHE - Le CH ne joue pas dans la même ligue - Jean-Charles Lajoie
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Le CH ne joue pas dans la même ligue

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24.04.2024

À la question du jour, je vous demande de vous prononcer sur le nombre de matchs que le Canadien aurait gagné jusqu’ici parmi les 10 qui ont été disputés en séries éliminatoires.

Question un brin tordue, mais pas totalement farfelue. La saison du CH est pliée dans la boîte au bout de 82 matchs pour la troisième année de suite, le Kool-Aid de l’espoir a très bon goût pour l’amateur du Bleu-Blanc-Rouge.

Il ne s’en trouve que très peu pour critiquer cette reconstruction qui n’offre aucune garantie tangible de succès à son dénouement. Autrement dit, le message de Geoff Molson passe très bien, peu le contestent et la domination sur le marché du Québec est pleine et entière.

Mais revenons à la question du jour... on peut mettre nos lunettes roses et continuer de se nourrir du simple espoir, on peut se découvrir une passion pour la philosophie et se dire: «sur un 4 de 7 le CH ne gagnerait aucune des huit séries de premier tour, mais, sur un soir seulement, ils auraient battu n’importe lequel des 16 clubs en séries».

Dans les faits, je pense qu’il est impératif de répondre le plus honnêtement possible à la........

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