Faire l’unanimité quand tu fais de la télé, c’est difficile. Faire l’unanimité quand tu fais de la télé sportive, c’est très difficile. Le faire en quelques semaines quand c’est la première fois que tu fais de la télé à 49 ans, c’est un miracle.

Je parle ici d’Alexandre Daigle qui a commencé le 13 avril, comme un passe-temps, à analyser le hockey sur les ondes de TVA Sports.

Je ne tente pas de faire de la promotion gratuite. Personne ne m'a jamais dit quoi écrire. Je voulais plutôt traiter d’un sujet qui fait jaser dans le monde du hockey au Québec. Et c’est l’arrivée de Daigle dans le paysage.

Je n’ai pas les moyens de faire un sondage dans tout le Québec, mais de ce que je vois et j’entends, les gens l’adorent.

Il y en a plein, de très bons experts pour analyser le hockey au Québec dans tous les médias. Je suis particulièrement impressionné par le travail d’Antoine Roussel (qui travaille aussi pour TVA Sports, mais également chez un concurrent). Il a un franc-parler, un charisme unique et un talent fou pour les médias. C’était un joueur impitoyable et robuste qui n’hésitait pas à casser des gueules. Et devant la caméra, c’est un garçon poli et bien coiffé qu’on ne soupçonnerait pas de faire du mal à une mouche et qu’on voudrait présenter à sa sœur.

Mais, désolé Antoine, tu as de la concurrence! On dirait que le public québécois a vu aller Daigle depuis quelques semaines et a eu le goût de lui dire, comme lors d’un coup de foudre: «Alex, où étais-tu toutes ces années!».

Et se faire aimer autant quand tu travailles dans les médias sportifs, surtout quand tu es un ancien joueur, ce n’est pas évident.

Un joueur du Canadien peut faire cinq erreurs de couverture de défensive de zone durant un match, ça va passer.

Mais si un analyste du Canadien à la télé a l’air fou cinq fois en direct durant une partie, je vous garantis qu’il ferait mieux de ne pas ouvrir internet durant une semaine.

On est comme ça chez nous. On jase presque autant du match que de ceux qui présentent le match. Ça se comprend. C’est un job de rêve. Soyez bons! Il y en a tellement qui rêvent de faire ça. Bref, c’est de la pression.

Dimanche, TVA Sports a publié un message sur sa page Facebook qui indiquait: «Vous avez peut-être remarqué un visage familier durant nos entractes depuis quelques jours. C’est bel et bien Alexandre Daigle qui est à l’analyse».

Plus de 1000 personnes ont réagi pour féliciter Daigle. Près de 400 personnes ont laissé un commentaire pour souligner leur appréciation du travail de l’ancien joueur de la LNH: «Rafraîchissant, drôle, cinglant, un naturel, pas la langue de bois, spontané», peut-on lire.

J’ai passé à travers les 400 commentaires. Je vous jure, j’ai rarement vu ça. Tout le monde l’aime. Sur les réseaux sociaux, c’est rare en batinse. Comme si les éternels chialeux étaient en vacances. Quelques personnes l’invitent gentiment à faire attention au franglais, c’est juste, mais sinon, c’est unanime.

J’ai appelé Alexandre Daigle pour lui parler de cette publication sur Facebook en lui énumérant les commentaires du public.

«Bien voyons donc!» a-t-il lancé spontanément.

«Ça te fait un petit velours?» ai-je répliqué.

«Mets-en! Je ne m’attendais pas à ça pantoute. Je suis vraiment surpris. Ces choses-là [les réseaux sociaux], le négatif va ressortir beaucoup plus que le positif non?» a-t-il lancé.

Oui, vraiment! C’est justement pour ça que je pense que son début à la télé est impressionnant.

Il dit des réseaux sociaux «ces choses-là», parce que lui, il se tient très loin de tout ça. Ça ne l’intéresse pas.

«Je trouve ça tellement dur pour ceux qui travaillent à la télé et qui parlent des histoires d’horreur qu’ils ont vécues avec les réseaux sociaux. Moi, je ne veux pas toucher à ça», m’explique-t-il.

Mais d’un autre côté, ça veut aussi dire qu’il ne peut pas profiter des aspects positifs des réseaux sociaux, soit de la vague d’amour qu’il est en train de recevoir.

Je lui ai parlé lundi. Ça fait trois semaines qu’il fait de la télé. Et il n’avait aucune espèce d’idée de toutes les belles choses qu’on dit sur lui.

Il m’a même demandé, bien humblement: «Pourquoi penses-tu que les gens aiment ça?»

«Bien, je pense que tu es sympathique. On a comme le goût d’être ton ami et tu te laisses aller», ai-je répondu.

«Ah ouin! Je suis tellement content que tu me dises ça! a-t-il répliqué. Mon patron [Louis-Philippe neveu] m’a dit: je veux juste que tu sois comme tu es dans la vie. Dis ce que tu penses.»

C’est ça, Alexandre Daigle. Ce que vous voyez à la télé, c’est lui. Pas plus, pas moins. C’était la première fois de ma vie que je lui parlais. J’ai 36 ans. Pas que je sois intimidé ou impressionné, mais je parle quand même à un premier choix au total dans la LNH, à un gars au parcours tellement fascinant qu’il a fait l'objet d'un documentaire qui fait le tour du monde.

Et le gars n’a aucune prétention, au contraire. Il est tout fier et heureux quand je lui annonce que les gens le trouvent bon à la télé. Il me demande même pourquoi, selon moi. C’était la première fois qu’un ancien joueur de la LNH me demandait des conseils.

À la base, il y a un certain capital de sympathie pour Alexandre Daigle qu’il ne soupçonnait visiblement pas tant que ça. Ou plutôt, qu’il ne comprend pas.

Comme si plein de gens pensaient qu’il était amer sur son parcours. Qu’il était rancunier. Qu’il s’était isolé pour vivre dans une cabane dans le bois et ne plus jamais parler à personne. Et là, qu’il revenait parmi nous.

Ça le fait capoter.

«Voyons! Ben non! J’ai eu une cr!&& de belle vie, moi. C’est tout le contraire!»

C’est après la diffusion de son documentaire que tout ça l’a frappé.

«Des gens disaient: je ne pensais pas que tu étais comme ça dans la vie, genre de bonne humeur. Franchement! Moi j’ai du plaisir dans ma vie. Mais la perception des gens, ce n’était pas ça. Ils pensaient que j’étais amer», explique-t-il.

«Ç’a été particulier pour moi de réaliser ça. Je pensais que le monde était au courant que j’étais un gars de bonne humeur».

C’est la diffusion du documentaire qui l'a finalement convaincu de se lancer à l’écran.

«Ça m'a toujours intéressé [les médias]. Quand le documentaire est sorti [...] je me sentais bien avec ça, en paix. Ce n’est pas plaisant quand tu te fais toujours poser les mêmes questions et tu es en train de te justifier. J’ai compris que j’étais prêt à passer à une autre étape.»

Je suis le premier surpris, mais personne ne lui a jamais proposé un travail devant la caméra avant TVA Sports.

«Dans la vie, si tu restes chez vous et tu ne dis pas que ça te tente, pas grand monde va t’appeler», dit-il.

Quand son documentaire a été diffusé, Daigle s’est promené partout pour en faire la promotion en donnant des entrevues.

C’est après son segment à l’émission de JIC que son meilleur ami l’a contacté pour lui dire: «Il faut que tu fasses de la télé».

«Ç'a un peu allumé le feu. Je me suis dit: let’s go!» a-t-il confié.

Le patron de TVA Sports l’a convaincu de faire le match du 13 avril entre le Canadien et les Sénateurs. Ç’a été génial. Puis la première ronde des séries, c’était encore parfait. Et ça continuera.

«C’est parti! J’aime vraiment ça. Ça va continuer», a poursuivi celui qui travaille dans les médias depuis quelques années, mais derrière la caméra, notamment sur la réalisation de documentaires.

Je ne vais pas commenter longuement les raisons pour lesquelles Alexandre Daigle est un atout splendide pour la couverture du hockey au Québec. Il n’a jamais arrêté de suivre la game, il a un franc-parler, un sens de l’autodérision, il est drôle, il est admiratif comme un partisan du beau hockey, quelle que soit l’équipe, et il peut en livrer, des anecdotes. Pour l’illustrer, Andrew Brunette, l’entraîneur des Predators de Nashville, a joué sur son trio. Même chose pour Rod Brind’amour. Disons que ça se place bien pour commenter le hockey chez nous. Bref, vous l’écouterez!

Je ne sais pas si Alexandre Daigle voudra rester longtemps dans ce domaine. Mais je pense qu’il va rapidement créer quelque chose de spécial entre le public et lui. J’ai de bonnes raisons de croire que le patron de TVA Sports voudra faire de lui un régulier sur ses ondes.

QOSHE - Alex, où étais-tu toutes ces années? - Jean-Nicolas Blanchet
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Alex, où étais-tu toutes ces années?

37 0
04.05.2024

Faire l’unanimité quand tu fais de la télé, c’est difficile. Faire l’unanimité quand tu fais de la télé sportive, c’est très difficile. Le faire en quelques semaines quand c’est la première fois que tu fais de la télé à 49 ans, c’est un miracle.

Je parle ici d’Alexandre Daigle qui a commencé le 13 avril, comme un passe-temps, à analyser le hockey sur les ondes de TVA Sports.

Je ne tente pas de faire de la promotion gratuite. Personne ne m'a jamais dit quoi écrire. Je voulais plutôt traiter d’un sujet qui fait jaser dans le monde du hockey au Québec. Et c’est l’arrivée de Daigle dans le paysage.

Je n’ai pas les moyens de faire un sondage dans tout le Québec, mais de ce que je vois et j’entends, les gens l’adorent.

Il y en a plein, de très bons experts pour analyser le hockey au Québec dans tous les médias. Je suis particulièrement impressionné par le travail d’Antoine Roussel (qui travaille aussi pour TVA Sports, mais également chez un concurrent). Il a un franc-parler, un charisme unique et un talent fou pour les médias. C’était un joueur impitoyable et robuste qui n’hésitait pas à casser des gueules. Et devant la caméra, c’est un garçon poli et bien coiffé qu’on ne soupçonnerait pas de faire du mal à une mouche et qu’on voudrait présenter à sa sœur.

Mais, désolé Antoine, tu as de la concurrence! On dirait que le public québécois a vu aller Daigle depuis quelques semaines et a eu le goût de lui dire, comme lors d’un coup de foudre: «Alex, où étais-tu toutes ces années!».

Et se faire aimer autant quand tu travailles dans les médias sportifs, surtout quand tu es un ancien joueur, ce n’est pas évident.

Un joueur du Canadien peut faire cinq erreurs de couverture de défensive de zone durant un match, ça va passer.

Mais si un analyste du Canadien à la télé a l’air fou cinq fois en direct durant une partie, je vous garantis qu’il ferait mieux de ne pas ouvrir internet durant une semaine.

On est comme ça chez nous. On jase presque autant du match que de ceux qui présentent le match. Ça se comprend. C’est un job de rêve. Soyez bons! Il........

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