Mélodie Daoust ne l’a pas eu facile dans les dernières années. La garde partagée de son garçon l’a forcé à revoir ses priorités et à s’éloigner quelque peu du hockey. Samedi, elle a démontré pourquoi elle était et doit encore être considérée comme l’une des meilleures au monde.

Dès sa première présence sur la patinoire, on pouvait voir que Daoust n’avait rien perdu de son mordant. Rapide, intense, toujours sur la rondelle, elle jouait comme si c’était son 14e match cette saison, pas son premier.

Elle a terminé le match avec un but, trois tirs, un différentiel de +3 et a été choisie la première étoile du match. Sa performance a aidé l’équipe à remporter une victoire de 3 à 1 sur Boston hier à l’Auditorium de Verdun.

Daoust a aussi passé 17 minutes 48 secondes sur la patinoire, la troisième attaquante la plus utilisée, derrière ses compagnes de trio Marie-Philip Poulin et Laura Stacey. Et si ce n’était des trois pénalités de Boston en troisième période, elle aurait certainement passé autant, sinon plus de temps qu’elles sur la patinoire, car pour ce premier match, Daoust n’a pas joué sur les unités spéciales.

« Si tu joues sur le trio de Marie-Philip tu t’attends à avoir beaucoup de temps de jeu, a lancé Daoust après le match, sourire au visage. C’était le fun d’avoir beaucoup de temps de jeu, mais ce n’était pas mon focus. Je voulais vraiment me concentrer sur mes propres shifts, shift après shift. Essayer de faire ce que je suis capable de faire et aider l’équipe. Le premier shift j’étais un petit peu nerveuse, mais après ça, ça s’est replacé. »

Mélodie ne se rappelait pas la dernière fois qu’elle avait joué un match aussi compétitif. Depuis les Jeux olympiques de 2022, Daoust n’a joué qu'une poignée de matchs dans la PWHPA et son dernier remonte à plus d’un an. Rares sont les joueurs qui peuvent manquer autant de temps à un haut niveau de compétition et revenir comme si de rien n’était. Mario Lemieux a obtenu trois points à son retour en 2000. Guy Lafleur a obtenu sept points à ses huit premiers matchs en 1988. Je ne veux pas comparer Daoust à ces légendes, mais toute proportion gardée, elle fait partie de ces athlètes d’exception, capable de remettre leurs chaussures de course à n’importe quel moment.

« J’ai pratiqué tout au long de la saison quand l’équipe était sur la route, avait expliqué Daoust vendredi matin à l’entraînement. Je venais ici, on faisait des un contre un avec Caroline Ouellette ou les deux Alex, les entraîneurs de compétences. Je suis encore au top de ma forme. Je suis prête physiquement. »

L’entraîneuse-cheffe Kori Cheverie semblait impressionnée du match de Daoust lorsqu’elle a rencontré les journalistes après la rencontre.

« Elle est définitivement une joueuse spéciale qui peut être ajoutée dans une équipe et avoir un impact instantané. Ça semblait être une bonne option de la mettre avec Poulin et Stacey. La mettre sur le même trio que Poulin, une joueuse qu’elle connaît mieux que les autres, était une opportunité pour nous de la positionner pour qu’elle connaisse du succès. Ce n’est pas la même chose de pratiquer quelques fois semaines et d’être prête à jouer. Alors de la mettre sur ce trio, avec la rapidité de Stacey et le côté responsable de Poulin, c’était une bonne décision et une décision responsable de la mettre là. Elle semble avoir un don pour trouver le filet, alors elle a eu un gros impact pour nous aujourd’hui. »

Daoust est effectivement une joueuse spéciale. À sa saison recrue avec les Martlets de McGill, elle a remporté le titre de meilleure joueuse de première année autant au niveau québécois que canadien, en plus d’être nommée sur la première équipe d’étoiles au Québec et sur la deuxième au Canada. L’année suivante, elle était nommée meilleure joueuse universitaire au pays.

Puis, après avoir manqué presque deux saisons en raison de sa participation à ses premiers Jeux olympiques en 2014, où elle a remporté l’or, elle est revenue en force en étant nommée joueuse par excellence au Québec à ses deux dernières saisons universitaires. De plus, lors de ses deux dernières années, elle a aussi décroché une place sur la première équipe d’étoiles au niveau canadien.

Sa performance d’hier n’a donc pas surpris son ancien entraîneur à McGill et avec l’équipe nationale, Peter Smith.

« Je ne suis aucunement surpris. Aucunement! s’est exclamé Smith lorsque je l’ai joint au téléphone. Elle est tellement une joueuse intelligente et efficace, elle sait toujours où se placer et ce qui lui rend la chose encore plus facile, c’est son grand QI de hockey. Aussi, elle a des qualités sociales extraordinaires. Elle est une excellente coéquipière et une très bonne leader. Je suis très content pour elle. »

Aux Jeux olympiques de 2018, ses sept points en cinq matchs lui ont valu le titre de joueuse la plus utile à son équipe. Même scénario en 2021 aux championnats mondiaux, alors qu’elle avait été la meilleure pointeuse du tournoi avec 12 points en sept matchs. Si Poulin avait marqué le but de la victoire en prolongation contre les Américaines, Daoust avait été choisie la joueuse la plus utile du tournoi.

D’ailleurs, Daoust retrouvait en Poulin quelqu’un avec qui elle joue depuis 15 ans, alors que les deux jouaient pour l’équipe nationale des moins de 18 ans.

« C’est le fun! Moi et Pou on a joué beaucoup ensemble dans le passé avec Équipe Canada, a raconté l’athlète de 32 ans. Je crois qu’on a une bonne chimie sur la glace. Il ne faut pas oublier Laura aussi, elle fait le travail en échec avant comme ça ne se peut pas. Je pense qu’on ne lui donne pas assez de crédit. C’était le fun de pouvoir se retrouver sur le premier trio. »

La foule lui a réservé un bel accueil lorsque son nom a été mentionné en début de rencontre, une fois de plus à sa première présence sur la glace, mais elle a explosé lorsque la numéro 25 a marqué son premier but de la saison. Un moment touchant pour Daoust.

« C’était vraiment incroyable de voir l’atmosphère en entrant sur la patinoire. J’ai eu des frissons après mon premier but quand les fans ont commencé à applaudir. Ça fait chaud au cœur et c’est le fun de faire ça ici à Montréal. »

Bien évidemment, autant avec Montréal que Boston, Daoust a retrouvé plusieurs anciennes coéquipières sur la glace. Que ce soit du temps des Canadiennes de Montréal comme Ann-Sophie Bettez et Hilary Knight ou du temps d’Équipe Canada comme Erin Ambrose, Laura Stacey et Jamie Lee Rattray, elles étaient plusieurs à vouloir saluer son retour. D’ailleurs, on a pu voir Rattray aller féliciter Daoust à la toute fin du match, juste avant que les locales saluent leurs partisans.

« C’était le fun d’avoir des petits messages sur la glace, a raconté Daoust. Des anciennes coéquipières avec Équipe Canada, des joueuses que j’ai jouées contre. Alors c’est sûr que ça fait chaud au cœur d’être sur la glace et qu’elles prennent un petit moment pour me féliciter pour mon retour. »

Je suis davantage ce qui se passe au hockey féminin depuis que je suis impliqué avec la Classique KR de mon ami et collègue Kevin Raphaël. Et j’ai toujours eu l’impression que le garçon de Mélodie, Mathéo, a toujours été le p’tit gars non pas juste de Mélodie, mais aussi de l’équipe dans laquelle elle jouait. Elle l’amenait avec elle à certains de ses matchs, je ne sais plus le nombre de photos que j’ai vu de Mathéo avec des coéquipières à Mélodie. Rares sont les mères dans une équipe et j’ai toujours senti que Mathéo était le p’tit gars de toute l’équipe. Alors de savoir qu'il était présent hier et qu’il lui a amené son bâton à la fin lorsqu’elle a été nommée première étoile du match n’a rien de surprenant à mes yeux.

« Je pense qu’il ne s’en rend pas compte parce qu’il est encore jeune, mais souvent on lui rappelle ce qui s’est passé dans le passé. Au championnat du monde à Calgary il était là, a mentionné Mélodie. J’aime ça quand il est dans les estrades, ça me donne des ailes de plus, ça me remet les pieds sur terre, ça me permet de jouer mon rôle de mère en même temps que jouer. C’était incroyable. »

D’ailleurs, son fils est sa priorité. La garde partagée n’est pas une situation facile pour aucun parent et elle veut s’assurer d’être présente à 100% pour son jeune enfant de cinq ans. Et c’est cette situation qui va dicter le futur à court terme de Daoust.

Montréal jouera mercredi à New York et vendredi à Toronto. Questionnée à savoir si Daoust allait jouer sur la route, Kori Cheverie a d’ailleurs répondu en ce sens, laissant tout de même entrevoir que c’était une possibilité.

« Ça va dépendre de sa situation et de sa disponibilité. On y va match par match et ce qui fait le plus de sens pour nous. Quand on active une joueuse, on s’attend à ce qu’elle soit disponible, mais avec certaines joueuses ce n’est pas toujours le cas. C’est vraiment de travailler ensemble pour voir ce qui fonctionne le mieux pour elle et pour l’équipe aussi. Évidemment, on espère être capable de pouvoir compter sur elle pour quelques matchs encore et on va voir au fur et à mesure que la semaine avance quelles parties elle va pouvoir jouer. »

Lorsqu’elle a débuté son point de presse, Kori Cheverie a dit, en français : « Une autre belle victoire ce soir. Très bon! »

Très bon! Ça aurait pu aussi être une excellente façon de décrire le retour de Mélodie Daoust.

QOSHE - Mélodie Daoust : une joueuse spéciale - Patric Laprade
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Mélodie Daoust : une joueuse spéciale

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03.03.2024

Mélodie Daoust ne l’a pas eu facile dans les dernières années. La garde partagée de son garçon l’a forcé à revoir ses priorités et à s’éloigner quelque peu du hockey. Samedi, elle a démontré pourquoi elle était et doit encore être considérée comme l’une des meilleures au monde.

Dès sa première présence sur la patinoire, on pouvait voir que Daoust n’avait rien perdu de son mordant. Rapide, intense, toujours sur la rondelle, elle jouait comme si c’était son 14e match cette saison, pas son premier.

Elle a terminé le match avec un but, trois tirs, un différentiel de 3 et a été choisie la première étoile du match. Sa performance a aidé l’équipe à remporter une victoire de 3 à 1 sur Boston hier à l’Auditorium de Verdun.

Daoust a aussi passé 17 minutes 48 secondes sur la patinoire, la troisième attaquante la plus utilisée, derrière ses compagnes de trio Marie-Philip Poulin et Laura Stacey. Et si ce n’était des trois pénalités de Boston en troisième période, elle aurait certainement passé autant, sinon plus de temps qu’elles sur la patinoire, car pour ce premier match, Daoust n’a pas joué sur les unités spéciales.

« Si tu joues sur le trio de Marie-Philip tu t’attends à avoir beaucoup de temps de jeu, a lancé Daoust après le match, sourire au visage. C’était le fun d’avoir beaucoup de temps de jeu, mais ce n’était pas mon focus. Je voulais vraiment me concentrer sur mes propres shifts, shift après shift. Essayer de faire ce que je suis capable de faire et aider l’équipe. Le premier shift j’étais un petit peu nerveuse, mais après ça, ça s’est replacé. »

Mélodie ne se rappelait pas la dernière fois qu’elle avait joué un match aussi compétitif. Depuis les Jeux olympiques de 2022, Daoust n’a joué qu'une poignée de matchs dans la PWHPA et son dernier remonte à plus d’un an. Rares sont les joueurs qui peuvent manquer autant de temps à un haut niveau de compétition et revenir comme si de rien n’était. Mario Lemieux a obtenu trois points à son retour en 2000. Guy Lafleur a obtenu sept points à ses huit premiers matchs en 1988. Je ne veux pas comparer Daoust à ces légendes, mais toute proportion gardée, elle fait partie de ces athlètes d’exception, capable de remettre leurs chaussures de course à n’importe quel moment.

« J’ai pratiqué tout au long de la saison quand l’équipe était sur la route,........

© TVA Sports


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