Dix ans de tumulte, de désaccord, de désamour, de combats. La décennie passée par Radovan Vitek à la tête des remontées mécaniques de Crans-Montana a été tumultueuse. Les relations entre le milliardaire tchèque, incarné sur le Haut-Plateau par son bras droit Philippe Magistretti, et les autorités locales n’ont que très rarement été saines. Elles le sont pourtant devenues ces dernières semaines. Soudain, fini les critiques et les fuites incessantes. Comme si, d’un coup de baguette magique, quelqu’un avait métamorphosé les différents acteurs du dossier.

Qu’est-ce donc qui a provoqué ce surprenant changement? Pour la première fois depuis le début de leur relation, toutes les parties avaient enfin un intérêt commun. La volonté de Radovan Vitek de se séparer du domaine skiable était en effet bénéfique pour tout le monde. Le milliardaire tchèque avait l’opportunité de réaliser un bénéfice non négligeable – il a investi quelque 75 millions de francs dans un domaine qu’il a revendu 118,5 millions; les autorités locales voyaient la cause désignée de tous les problèmes de la station – ou presque – tirer sa révérence. Et en collaborant, la vente aux Américains de Vail Resorts a fini par se réaliser dans la nuit de mercredi à jeudi.

Radovan Vitek se sépare ainsi d’une société qui représentait, selon ses propres termes, 2% du patrimoine de sa holding CPI Property Group, mais «80% des emmerdements». Crans-Montana, de son côté, voit partir celui qui est devenu, au fil des années pour beaucoup de gens dans la station, l’ennemi numéro 1, bien que le Tchèque ait remis sur pied un domaine mal en point lors de son arrivée.

Mais ce rachat par le géant du ski américain va-t-il apporter la sérénité souhaitée sur le Haut-Plateau? Dans la station, tout le monde en est convaincu. Pourtant, la situation ne change guère. Le poumon économique de la région demeure en mains étrangères (même si l’anglais est plus couramment parlé dans la station que le tchèque). Les autorités n’auront pas plus de pouvoir décisionnel ni d’impact sur le développement du domaine skiable qu’elles n’en ont eu sous l’ère Vitek. Et avec une société considérée comme le leader mondial du ski, aucune excuse extérieure ne saura expliquer de nouvelles tensions. Si elles devaient apparaître, c’est que le mal est inhérent à la région et à ses habitants. A eux donc de se mettre au travail, pour éviter une nouvelle décennie de galère.

Retrouvez tous les éditoriaux du Temps

QOSHE - Crans-Montana: vous avez râlé, il va falloir assumer maintenant - Grégoire Baur
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Crans-Montana: vous avez râlé, il va falloir assumer maintenant

3 1
30.11.2023

Dix ans de tumulte, de désaccord, de désamour, de combats. La décennie passée par Radovan Vitek à la tête des remontées mécaniques de Crans-Montana a été tumultueuse. Les relations entre le milliardaire tchèque, incarné sur le Haut-Plateau par son bras droit Philippe Magistretti, et les autorités locales n’ont que très rarement été saines. Elles le sont pourtant devenues ces dernières semaines. Soudain, fini les critiques et les fuites incessantes. Comme si, d’un coup de baguette magique, quelqu’un avait métamorphosé les différents acteurs du dossier.

Qu’est-ce donc qui a provoqué ce surprenant changement? Pour la........

© Le Temps


Get it on Google Play